Parution : "Quand tu ne seras plus là" de Mohamed Sneiba

Quand Tu Ne Seras Plus Là est une adresse au président qui part. Un rappel de l’attitude complexe des politiques qui, en Mauritanie, prêtent allégeance à un Système, jamais à un homme. 

Le premier coup d’Etat perpétré en 1978 dans ce pays sahélo-saharien a consolidé l’emprise des pouvoirs traditionnels (tribus, argent et savoir) sur le quotidien des citoyens. Depuis, la vie politique se résume à une répétition de faits et d’attitudes : le président est parti, vive le président ! Après la gloire, l’oubli.

C’est ce que je tente de rappeler dans « Quand tu ne seras plus là » au président Mohamed Ould Abdel Aziz, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat, en août 2008, qui a décidé de ne pas céder à la tentation du troisième mandat et de respecter la constitution de son pays.

Le livre évoque des « choses déjà arrivées », comme le choix du Successeur, un autre général à la retraite, et le branle-bas de combat qui s’en est suivi, pour accompagner la mutation du pouvoir, sans le changement du Système, mais aussi il présente une vision prospective de ce que sera « l’après ».

Les mauritaniens soutiennent un pouvoir, pas un homme. Il sera donc difficile au président qui sort de conserver l’estime, souvent feinte, que lui manifestaient ceux qui tiraient profit de sa présence à la tête de l’Etat. Il s’en sortira avec bonheur si, au bout de quelques mois, le Nouveau Pouvoir ne s’empresse de justifier ses échecs par des « accumulations » et des erreurs de gestion de l’Ancien Régime.

Réflexion sur le sort des présidents mauritaniens, dont aucun n’a pu échapper à l’oubli, après la « gloire », Quand Tu Ne Seras Plus Là se lit comme un sermon (prêche du vendredi) qui aide à comprendre le sens transfiguré de la politique en Mauritanie. Cette « bolletig » qui se pratique comme un jeu avec pour seule règle : « tout est permis ».

Extrait 1 :

« Il te reste encore quelques mois. Cinq exactement, si tout va bien. Je veux dire : si aucun officier de ceux qui n’ont pas profité de la « généralisation » à outrance de l’armée ne se rappelle que les coups d’Etat sont, depuis juillet 1978, le modus operandi pour accéder au pouvoir dans notre pays !

Tu as décidé de ne pas renier ton serment. Je ne serai pas candidat pour un troisième mandat ! C’est ce que tu as dit – et redit. Wtowv ! Une décision que beaucoup de tes compatriotes approuvent parce qu’ils considèrent que l’alternance est une nécessité. D’autres par contre s’accrochent à ce troisième mandat dont tu ne veux pas. Dont tu ne veux plus, peu importe les raisons. Ont-ils tort de vouloir te maintenir, « contre vents et marées » ? Contre ta volonté ! Oui et non. »

Extrait 2 :

« Tu te reposeras de ce lourd fardeau qu’est la direction d’un pays pauvre. Un président qui est à la tête d’un pays nanti n’a aucun mérite. Il suffit seulement qu’il veille à la bonne redistribution des richesses pour s’assurer une douce tranquillité. C’est ce que font nos cousins du Golfe avec ce don de Dieu qu’est le pétrole. C’est pareil pour les vieilles démocraties où le pouvoir se pratique en coupe réglée. Regardez ce qui se passe, depuis trois siècles, en Angleterre, en France et aux Etats-Unis. Un président qui échoue ne craint que le verdict des urnes, pas qu’un obscur officier décide, sur un coup de tête, d’être président à la place du président.

En partant comme tu l’as décidé, tu te reposeras ainsi de cette opposition qui crie, à qui veut l’entendre, que tes dix ans de règne n’ont servi qu’à mettre à sac un pays déjà éprouvé par le long règne de Taya, que ton successeur, choisi par ton camp ou issu de ses rangs, aura du mal à redresser. Je le répète, encore une fois, c’est l’avis de tes opposants. Ceux qui jubilent déjà à l’idée que tu ne seras plus là dans six mois. Tes partisans, eux, veulent ton maintien pour un autre mandat, voire plus, parce qu’ils pensent que « les réalisations doivent se poursuivre ». Un autre que toi sera-t-il capable de « préserver les acquis » ?

Extrait 3 :

« Tu sais que tout est mensonge. Les initiatives et le reste. Tu n’as pas été aux côtés de Taya pour rien. Le Système n’a plus de secrets pour toi.

Qu’on t’aime ou pas, il y a une chose qu’il faut reconnaître : ta capacité à manœuvrer. On dit que tu n’as pas été sur le terrain de la guerre mais la politique est un champ de bataille tout aussi pernicieux. Les gens agissent sans honneur. L’important pour toi est de gagner. De tirer profit des situations favorables. C’est ce que tu fais depuis 2005. Dans le cockpit, avec Ely, ton cousin disparu mystérieusement en mai 2017, tu tenais parfaitement ton rôle de copilote. Jusqu’à l’achèvement de la transition militaire, en 2007, tu n’as rien laissé paraître de tes intentions. Personne ne pouvait deviner, à l’époque, que tu allais être président à la place du président. »

Descriptif technique
Format : 120 x 190 cm
Pagination : 58 pages
ISBN : 978-2-312-06504-5
Publié le 26-02-2019 par Les Éditions du Net
GENCOD : 3019000006902
Prix de vente public : 13 € TTC
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Elhourriya 

ven, 01/03/2019 - 08:28

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