Opinion : Un Passé-Présent....Par Cheikh Ould Ismail

Les années cinquante, la France sortait affaiblie, par deux guerres. Paris réfléchissait pour des solutions structurelles internes, et celles des colonies et territoires sous Tutelles. Le socialisme bâtait de l’ailes. Les Blocs Capitalistes, Communistes des non-alignés pointaient du nez. La loi cadre fut promulguée. Une participation passive des autres. L’auto-détermination était un choix d’un partenariat néo-colonialiste.

Les choses n’allaient pas au mieux. La France devait lâcher du laisse. Puis les années des indépendances. Un avortement, ou un accouchement prématuré, l’Auteur du livre, l’Afrique est mal partie, devait dire quelque chose. « Aux âmes bien nées la valeur n’attend point le nombre des années. » (Corneille – le Cid). La Mauritanie était au peloton, pas comme les autres, avec des handicapes multiformes et multidimensionnels.

Les pressions du Nord, du Sud menaçaient sa raison d’être. Un territoire plus d’un million de kilomètres carré, semi-désertique, avec une géographie accidentée, peu accessible, d’une population d’un million cinq cent mille habitants répartis en tribus nomades et une sédentarisation timide. Nos décisions politiques et administratives étaient prises à partir de Saint-Louis du Sénégal, notre radio national émettait de cette ville.

Le colon partait les yeux dans la nuque faisant administrer des pullules. Le diagnostic du bilan du constat de l’état des lieux fait sur le géant malade que nous sommes était très inquiétant, on était au bord de l’autopsie. Il y’a des termes techniques de santé, le docteur Moulaye Abdel Moumine à qui j’ai confiance peut me rectifier au besoin, avec beaucoup de plaisir.

Le Père de la Nation prenait le taureau par les cornes, tirait les diables par la queue. Le vingt-huit novembre mille neuf soixante à zéro heure, sous l’une des tentes dressées pour l’occasion sur une dune de sable à Nouakchott, aujourd’hui la zone résidentielle de notre capitale, Maitre Moctar Ould Daddah, debout, résolu, courageux, d’une voix pleine d’émotions devait prononcer l’ultime déclaration de notre indépendance, de notre souveraineté. Sur un camion de fortune, la nouvelle était transmise dans le monde entier par nos Antennes. C’était l’euphorie partout, la joie, les youyous. Le chantier ouvert était immense.

Le Père de la Nation montait pièce par pièce l’ossature d’un Etat fiable, mettre en route la locomotive pour commencer un développement socio-économique intégré. Les infrastructures de base n’existaient pas, ou se compter au bout des doigts d’une main. Des décisions politiques de nationalisation de tous les secteurs de la vie nationale étaient prises. Plus de dix-huit ans d’un travail laborieux se déroulait.

C’était une besogne de fourmi, la cigale avait chanté tous l’été mais dépourvue (Fables). La fourmilière était pleine, pour une vie qu’elle ne soit démolie par des vas nus pieds, ou par ceux chaussés de sandales, ou de bottes. L’ingratitude ne date pas de nos jours. L’Espagne abandonnait le Sahara. Une guerre larvée était en place.

Le plus faible maillon sautait. Le dix juillet mille neuf soixante-dix-huit au bon matin de ce jour la nouvelle se propageait sur toute l’étendue du territoire. C’était le changement du régime civil. Le Président Moctar Ould Daddah disparaissait, un Héro, à l’image de Hervey, debout seul sur la passerelle de son bateau la Medise sombrait dans l’océan. Nous devons commencer une nouvelle ère.

Un vent rouge, sombre, couvrait le ciel du pays comme pour présager quelque chose. J’étais dans une ville de l’Est. Plus tard un autre venu des flancs du Nord s’abattait sur nos têtes. La meule tourne. Une autre bien avant avait fait le même travail, à coté un âne amaigri, un chat qui miaule de faim. Les évènements se succédaient par des rythmes soutenus.

Le Comité Militaire de Salut National (CMSN) prenait des décisions politiques et des modifications en profondeur. L’application de la Cheriaa, la réforme de l’enseignement instituait deux langues, l’achèvement de la route de l’espoir par le tronçon Kiffa-Néma, la route ou le carrefour du vingt-quatre novembre, ou avril, qui sait, une administration au pas, quatre années bien remplies. Qui sait de quoi.

Le Comité Militaire de Redressement National (CMRN) entamait son travail. Un changement de fusils sur l’épaule. Le peuple mineur devait accéder au savoir. Des structures d’alphabétisation, ou cours des adultes, des maisons-bibliothèques pour la lecture des livres, un système de la quantité pour l’éducation nationale, un arsenal de modification était mis en place.

La démocratie sortie du chapeau de la Conférence de la Beaule était appliquée avec beaucoup d’hésitation. Vingt ans ou plus remplis de haut et de bas. Le bataillon pour la sécurité du Président (BASEP) était rentré dans la légende de notre histoire. Il est le tombeur d’un régime militaro-démocrate, d’un autre civilo-militaire, monteur d’un régime qui ne dit pas son nom ou d’une piste de combattants.

Mon fils Ahmed Jiddou Ould Ali officier militaire dont j’apprécie la plume peut redresser cette cacophonie de mots. Tout a été fait ou refait. Je ne peux pas dire plus. Nous en sommes tous les témoignes, les acteurs, les soudoyés. Bravo les républicains. Aujourd’hui, les pronostics allaient bon train. Les décisions politiques tombent une à une. Goûte par goûte le récipient se remplit, les ruisseaux coulent, l’herbe pousse, les arbres verdoyants fleurissent. L’espoir renait. Les langues se diluent.

Le député Biram Ould Dahh Ould Abeid était le premier à se prononcer. L’homme nait naturellement bon, c’est la société qui le rend méchant, ou son entourage le plus proche. Nous sommes les habitués du changement des accoutrements. Je ne suis pas parmi les Troubadours ou les Trouveurs des temps d’Athènes et de Sparts, c’est le moyen âge, ni l’un de nos chroniqueurs d’aujourd’hui convertis au système de flatteurs pour des bribes de quelques restes. J’ai beaucoup de défauts, prisonnier de ma vérité.

Le Satan humain est plus dangereux que le Satan diable.

Le Moufti Saleck Ould Vadili, le Professeur Taleb Sidi Ould Brahim, des érudits (d’Amourj-Boumessoud-Chbar) vous diront plus.

Monsieur Cheikh Ould Ismail

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sam, 01/02/2020 - 17:58

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