Zoom Essahraa... Le marathon des "concertations " sera-t-il lancé ??

Zoom Essahraa... Le marathon des "concertations " sera-t-il lancé ??

Il est devenu clair, au début du second mandat du président Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani, que le dialogue entre les partis serait le sujet principal de la scène politique. Mais il est également clair que ces concertations ou ce dialogue ne se dérouleront pas sans obstacles ni embûches et que leur dénouement n'interviendra peut être, pas aussi rapidement et sans bruits comme le souhaiteraient de nombreux mauritaniens.

Dans le Zoom Essahraa de cette semaine, nous essayerons d’observer scrupuleusement les composantes de l'image de la scène en cours de formation, les parties prenantes, les agendas, les objectifs et les éventuels aboutissements. Ces derniers sont confrontés encore à des difficultés qui peuvent les rendre impossibles.

 

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La séance à huis clos

 La salle diplomatique était le mercredi 27 octobre dernier, au rendez-vous avec la première séance de concertations nationales dont la préparation a pris beaucoup de temps, en raison du legs de "faible confiance" entre les protagonistes politiques. Le président du parti de l'Union Pour la République (UPR), Sidi Mohamed Ould Taleb Amar, au pouvoir, avait prononcé quelques heures après, un discours, dans lequel, il s’est félicité de la tenue de ces retrouvailles et du lancement des pourparlers.

La séance des discussions initialement prévue a été finalement suspendue, donnant lieu à l’adoption d’une commission de supervision, dans l’espoir de se tenir de nouveau dans les 10 jours qui suivront, avaient affirmé ce jour-là à Essahraa, des sources dignes de foi.

Les rebondissements des semaines qui avaient suivi au niveau des deux pôles du paysage politique, dont ce qui parait être des difficultés rencontrées par le consensus sur le nombre de la commission et sa présidence, avaient conduit au report de la séance d'ouverture de plus de dix jours. La Majorité avait suggéré que chaque parti soit représenté par cinq membres et que la présidence soit collégiale entre les deux pôles, alors que l'Opposition a réclamé huit sièges pour chaque parti et une présidence indépendante chargée par un mandat présidentiel de diriger le dialogue.

 

C’est seulement après la sensation pendant un certain temps d’un blocage" à l'horizon des concertations, que le consensus d’entériner les revendications de l'Opposition relatives au nombre et à la présidence indépendante, est tombé en fin de la semaine dernière, sur instruction des hautes instances de la pyramide de décision politique. Cela signifie-t-il une levée totale des obstacles et que la séance suspendue va reprendre, même si les participants ne seront pas au complet…?

 

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La reprise…?

En situation normale, les séances des pourparlers devront reprendre, la commission de supervision déterminée et le marathon démarrer, mais le retard dans l'annonce de la date limite de lancement, veut dire selon les observateurs, l’émergence de nouvelles difficultés, qui pourraient provenir probablement du partage des sièges au sein de tel ou tel camp. Il n’en demeure pas moins, que les partis finiront par surmonter ces obstacles, même si les capacités et les outils du camp adverse, pourraient fonctionner avec une efficacité amoindrie.

Selon les sources d’Essahraa, les difficultés de dernière minute auxquelles se trouve confronté le coup d’envoi des concertations, pourraient exiger deux arrangements, l’un pour la Majorité et l’autre pour l’Opposition.

 

 - Concernant la Majorité, certains des partis qui la composent se plaignent de leur faible représentativité dans l'action politique, en plus de leurs revendications au sein de la commission que le nombre de sièges disponibles ne peut satisfaire.

 - Quant à l'Opposition, il existe un état d'incertitude autour de la participation du parti de l'Alliance Populaire Progressiste (APP) à la reprise attendue du dialogue ; ce qui risque de reporter son consensus sur la constitution de son groupe dialoguiste. A cela s’ajoute aussi la complexité de son positionnement, qui souffre initialement de complications et de sensibilités (l'Opposition est pratiquement divisée entre trois alliances, dont l'une est composés des partis du Rassemblement des Forces Démocratique-RFD, de l’Union des Forces du Progrès -UFP et l’UNAD ; la deuxième du parti RAG, Sawab, Mithag et la troisième de Tawassoul, APP, Coalition Vivre-Ensemble-CVE.

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Quels agendas...?

Les divergences sur l’appellation n’étaient pas l’unique différend entre les participants supposés aux concertations/dialogue, bien au contraire, les agendas des négociations elles-mêmes et leur ordre du jour avaient suscité une large disparité des points de vue des trois grandes coalitions de partis susmentionnées :

 

Une orientation veut que le dialogue soit fondamentalement politique, en particulier pour les questions liées au processus électoral (et c'est l'orientation dominante des partis de la Majorité).

 

Une tendance qui veut que l'accent soit mis principalement sur les questions d'unité nationale, sociales et des droits de l'homme (c'est la position des partis nationalistes nègromauritaniens).

 

 Un courant qui exige la concentration sur les réformes démocratiques dans les différents domaines en plus de la mise sur la table des autres dossiers liés à l'unité nationale et à la lutte contre la corruption (et c'est la tendance prédominante chez les forces d'Opposition traditionnelles).

 

Malgré les divergences qui paraissent parfois fortes et aiguës, il est plus probable qu'un accord sur l'ordre du jour soit finalement trouvé et que l’agenda de chaque partie soit confié à une partie.

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Quelles conclusions ?

 

Il est risqué d'anticiper les résultats des concertations à la reprise de la séance d'ouverture, après des semaines de suspension et face à des crises de confiance accumulées entre ses parties prenantes. Toutefois, selon nos prévisions, des facteurs « solides » nous emmène à dire que le lancement des négociations n’est plus qu’une question de temps et que la balance semble pencher pour pousser la plupart des parties à parevenir au terme des pourparlers et du dialogue à des résultats dont tout le monde a besoin pour la prochaine étape, afin de réaliser des intérêts et des acquis pour les différentes dialoguistes et pour le pays, sa démocratie et sa stabilité ; soit des conclusions extrêmement utiles dans un environnement évoluant au rythme de troubles et de coups d’Etat.

Une lecture minutieuse des données disponibles et des estimations les plus probables, montre qu’il n'est pas impossible pour les interlocuteurs d’arriver à  :

 

des réformes du système électoral, notamment celles liées au découpage des circonscriptions, aux cercles de supervision, et aux garanties de transparence (on s'attend à ce que la question de la révision  à la hausse ou à la baisse de la proportionnalité, fasse l'objet d'un profond différend entre les parties).

 

Renforcement de la participation aux différentes autorités de régulation.

 

 Consensus sur l'amélioration des droits de l'homme et du domaine social (la question du passif humanitaire reste l'une des principales questions litigieuses sur lesquelles les avis devraient diverger).

 

Quoi qu'il en soit, la reprise du dialogue au début de la seconde moitié du mandat présidentiel et dans une conjoncture régionale très sensible reste un événement important à tous les points de vue. Ce qui en fera régulièrement l’objet des prochains épisodes de « Zoom Essahraa », afin de cerner les nouveautés et les rebondissements qui s’y rapportent chaque fois que c’est nécessaire.

jeu, 03/02/2022 - 15:00

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