
Il était clair avant même que la guerre d’Ukraine n’éclate, que cette dernière sortait de l’ordinaire des conflits, que ses effets ne se limiteraient pas à son « champ » immédiat.
Ses belligérants, son terrain de "combat" et ses objectifs déclarés sont des facteurs réunis qui ont fait craindre, selon l’avis de la plupart des observateurs et analystes avertis, l’entrée de l’humanité dans une Troisième Guerre Mondiale.
Une semaine après son déclenchement, sans arriver à une issue rapide, comme initialement prévu, planifié et voulu par Moscou, les questions sur l'ampleur du conflit et ses impacts sont devenus incertains.
Pris en suspens, le monde entier suit cette guerre à partir de là, où il ressent ses effets directs.
Dans le Zoom Essahraa hebdomadaire de cette semaine, nous suivrons les fragments tombés ou qui tomberont sur la région à laquelle nous appartenons et surtout sur nous, quelle interaction, dans quel domaine et comment prévoir les rebondissement de ce conflit..?
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Il ne reste que la guerre
Ceux qui suivent l'évolution des relations entre la Russie et l'Occident au cours de ces dernières années peuvent clairement se rendre compte que les deux puissances s’engagent résolument dans le chemin de la guerre.
Poutine, habité par le Tsarisme, a mis la République russe sous son règne, dans l’objectif de restaurer, avec beaucoup de détermination, d'audace et d'aventure la «gloire soviétique».
L'Occident, qui se considère le vainqueur de l'Est depuis trois décennies, n'est pas prêt à revenir en arrière et à dilapider les gains postérieurs à « l’effondrement du camp » à la chute du mur de Berlin.
Ainsi, Poutine a continué d'avancer vers le but, et l’Occident à aller sur la voie du dépassement. Chacun des deux camps est entré dans l’arrière cours de l'autre (l'Occident dans les anciennes républiques soviétiques et la Russie, quant à elle, au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et de l'Ouest) jusqu'au moment où l’heure de vérité a commencé à sonner : l’instant de la guerre.
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Où tomberont les éclats d’obus ?
Il s’avère, avec la fin de la première semaine de la guerre, qui devrait se poursuivre pendant un certain temps, que ce ne sont pas les seuls missiles militaires qui ont une longue portée, mais bien au contraire, bon nombre d’outils utilisés, au premier rang desquels des instruments économiques et stratégiques, peuvent avoir des portées plus éloignées :
- Sur le plan économique, les fragments seront difficiles à ce stade, quand on se rappellera les répercussions de la crise dans ses deux dimensions seulement, à savoir la hausse des prix du pétrole, et la flambée de ceux du blé (le prix de ce dernier a dépassé la barrière des deux cent mille ouguiyas anciennes avant la fin de la première semaine et les prévisions s’attendent à ce qu’il approche, avec la poursuite de la guerre, le seuil de trois cent mille).
Ce qui aura un impact économiquement et socialement considérable, en raison de la forte utilisation de cette denrée, non pas seulement dans l'alimentation humaine , mais aussi en raison de sa centralité dans l'alimentation animale, au cours une année caractérisée par la sécheresse et les conditions sécuritaires agitées au Mali, qui privent les éleveurs des wilayas pastorales des avantages de la transhumance pendant les mois d'été, comme à l’accoutumée.
- Quant au niveau géostratégique, il est probable que les deux camps du conflit (Russie et Occident) mèneront aussi leur guerre ici avec plus de férocité. La Russie, toujours acharnée dans sa guerre économique et technique, ne restera pas les bras croisés dans ses nouvelles zones d'influence dans le pôle ouest (notamment dans la région du Sahel. Ce qui explique peut-être l'intransigeance de la Russie dans la région (le Conseil militaire du Mali également objet d’un embargo imposé par les pays de la Communauté Economiques des États de l'Afrique de l'Ouest CEDEAO).
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..Et où sommes-nous ..?
La position mauritanienne semble en harmonie avec la situation générale dans la région, privilégiant la prudence et l’attente, jusqu'à que les choses se préciseront.
Il a été constaté, au cours de la première semaine du conflit, un dynamisme de la diplomatie russe, qui semble-t-il, n'entraînera toutefois pas le pays dans une prise de position dans un guerre, où tout indique, le prix exorbitant à payer qui pourrait résulter de tout alignement.
De façon générale, - la deuxième semaine de la guerre - sera déterminante pour identifier la nature des offres que les deux parties au conflit feront aux pays qui ne se sont pas encore positionnés et comment ils vont traiter avec ces Etats.
Elle permettra aussi de savoir si le crépitement des armes ouvrira la voie à des ententes au cours des négociations attendues sur la frontière entre l'Ukraine et la Biélorussie, ou si ces pourparlers ne représenteront que ce repos du guerrier, pour des belligérants tenaces à apparaître devant l'opinion publique dans l’habit du passionné de la paix contraint de retourner sur le front de la guerre