Mauritanie - Elections : Faible présence des femmes sur les listes électorales

La femme mauritanienne a renforcé considérablement, au cours de ces dernières années, sa présence sur la scène politique. Toutefois, ces avancées risquent d’être compromises avec l’organisation des élections de septembre prochain, en raison de sa faible représentation dans les listes électorales déposées par les partis politiques. 

Un constat qui inquiète la junte féminine nationale dés lors où la participation à ces consultations sera la plus grande, jamais organisée dans le pays, à la suite de la décision des partis de l’opposition radicale de s’y engager, après des années de boycott au cours desquelles, la Mauritanie a connu trois élections successives. 

La représentation de la femme aux prochaines élections n’a pas respecté les règlements des partis politiques, souligne à ce propos l’activiste au sein de l’Union Pour la République (UPR), le parti au pouvoir Batrigha Hachem. 

« Malgré une présence des candidats de l’UPR dans toutes les circonscriptions électorales nationales, à savoir 2019 communes, seules 8 femmes ont été portées candidates », affirme-t-elle.

L’ex ministre des Affaires Sociales Siniya Mint Sidi Haiba (Photo) estime quant à elle, que l’implication de la femme dans les affaires publiques demeure toujours en deçà des ambitions des femmes d’être effectivement associées au pouvoir de décision, à la mise en œuvre des affaires publiques et aux candidatures.

« C’est paradoxal, puisque la majorité des adhérents des partis sont des femmes alors que leur représentation sur les listes électorales est faible », ajoute-elle, soulignant que les noms des femmes retenus pour les prochaines élections, l’ont été grâce au quota et non à la volonté politique des partis mauritaniens, dont 7 seulement sur la centaine sont dirigés par des femmes

« La priorité accordée par les partis politiques dans les candidatures aux cadres dans les tribuss, la domination des mentalités et des stéréotypes de la société sur la femme, le taux élevé de la pauvreté et l'analphabétisme chez les femmes, sont des facteurs qui ont conduit à cette faible représentation de la femme », a-t-elle dit. 

Dr Mohamed Babah Ould Abdalla, Chercheur et Professeur à l’Université de Nouakchott met plutôt en exergue ici, les importants acquis politiques réalisés par la femme mauritanienne, comparativement à ses consœurs dans la sous-région, notamment dans le monde arabe, dont sa nomination à la tête de la Diplomatie de son pays, dans le gouvernement, aux postes de secrétaire général de portefeuilles ministériels et de Directrice Générale d’Etablissements publics.

Il estime toutefois que la construction du pays et son développement ne peuvent se faire sans la participation de la femme, au même titre que l’homme.

Mint Sidi Haiba propose, pour remédier, à ces disparités, d’imposer des quotas significatifs en faveur des femmes dans les fonctions publiques, notamment à travers la promulgation d’une loi élargissant la participation des femmes jusqu'à 50% dans tous les emplois de l'Etat. 

Tvarah Ahmed Deoula

 Cridem 

jeu, 19/07/2018 - 10:38

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