Cadres de l'UFP: les problèmes du pays n'ont pas trouvé des solutions

Des Cadres et dirigeants de l’Union des Forces du Progrés (UFP), qui se proclament pposés à ce qu'ils appellent la déviation de la ligne du parti et sa liquidation, ont publié la déclaration suivante dans laquelle ils font le procès de la situation politique nationale, déplorant le fait que les problèmes sont toujours là:

"La scène politique de notre pays est aujourd’hui marquée par des événements qui alertent l’opinion et agitent les acteurs politiques nationaux. Parmi ces événements se trouve la réalisation complète de la mission confiée à la Commission d’Enquête Parlementaire (CEP) sur la gabegie de la décennie sous la présidence de Mohamed Ould Abdel Aziz.

La session parlementaire qui vient de se terminer a été couronnée par la présentation du rapport de la CEP, transmis immédiatement à la justice et suivi par un changement du Gouvernement avec la nomination d’un nouveau premier ministre, après une année d’exercice du pouvoir par le Président Mohamed Ould Cheikh Ghazouani.

Pourtant, le peuple mauritanien meurtri est toujours en attente de solutions adéquates à ses nombreux problèmes, alors que plusieurs forces politiques, y compris de l’opposition, des journalistes et autres acteurs, font, pour la plupart, une appréciation presque totalement positive du bilan de la première année d’exercice du pouvoir par le nouveau Président.

Nous, cadres et dirigeants de l’UFP, opposés à la déviation de sa ligne et à sa liquidation, et préoccupés par la situation du pays et les difficultés immenses auxquelles notre peuple fait face, apprécions positivement la politique d’apaisement instaurée par le pouvoir en place dans ses rapports avec les acteurs politiques, notamment l’opposition, ainsi que l’aboutissement de l’enquête de la CEP, à un rapport édifiant, pris en main par la justice, et ce, sans aucune immixtion apparente de l’exécutif.

Nous notons également la prise en main relativement satisfaisante de la lutte contre la pandémie du covid 19, malgré la gestion inefficace de l’aide mise en place pour les populations démunies et vulnérables, et l’absence de mesures suffisamment fortes pour faire face à la récession future qui résultera fatalement de cette pandémie et des mesures prises contre sa propagation.

Cependant, force est de constater, que les problèmes cruciaux de notre pays et de notre peuple demeurent et n’ont pas encore fait l’objet de traitements adéquats. En effet :

• La question de l’unité nationale reste posée dans les mêmes termes, aucun signe, aucun message, aucune mesure de la part du nouveau pouvoir à la tête du système, n’indique une prise en main de cette préoccupation majeure. C’est ainsi que les pratiques d’exclusion et de discrimination persistent à tous les niveaux et creusent chaque jour davantage le fossé entre les différentes composantes de notre peuple multinational, dont aucune n’est en rien responsable de l’adoption et la mise en œuvre des politiques d’exclusion et de discrimination ;

• Les pratiques esclavagistes et les séquelles de l’esclavage persistent, souvent avec la complicité, à plusieurs niveaux, de certains éléments de l’Administration et de la Justice pour contourner les lois en vigueur contre ce fléau ;

• Le système économique demeure toujours fondé sur :

- Le pillage de nos ressources nationales par des multinationales alliées à des groupes monopolistiques nationaux, et à travers des contrats léonins avec l’Etat, en faveur de ces multinationales ;

- Une répartition inégale des richesses, qui ne profitent qu’à une infime minorité, au détriment de l’écrasante majorité du peuple, dont toutes les composantes croupissent dans la pauvreté ;

- La persistance de l’adoption et de la mise en œuvre de politiques économiques sous la dictée du FMI et de la Banque Mondiale, instruments de mise en œuvre des recettes du néolibéralisme, aux conséquences catastrophiques pour les peuples ;

- Le délaissement de l’agriculture et de l’élevage, qui peinent à sortir des systèmes d’exploitation archaïques, des outils comme la SONADER ayant été dépouillés de tout moyen.

• La crise sociale demeure et se traduit, entre autres, par :

- Le bas niveau des revenus des travailleurs et des pensions de retraite ;

- Le taux de chômage élevé et qui s’accentue de plus en plus, surtout pour les jeunes ;

- La suspension du dialogue social depuis plusieurs années.

• Le piétinement des libertés démocratiques fondamentales demeure et se traduit par, entre autres :

- Le durcissement de la législation par l’adoption d’une nouvelle loi sur la manipulation de l’information qui comporte dans sa mise en œuvre de sérieux risques de limitation de la liberté d’expression ;

- La persécution de certains blogueurs, la remise en cause du droit à manifester, dont notre groupe à été victime de la part de l’Administration qui s’est immiscée dans les contradictions au sein de notre parti, à travers l’interdiction du meeting que nous avons voulu organiser.

Nous demeurons donc convaincus, contrairement à certaines forces de l’opposition qui nourrissent l’illusion du changement à travers un homme providentiel, que notre action doit persister à travers l’opposition au système en place depuis des décennies, et dont la transformation ne peut se faire uniquement à travers le remplacement de son chef. Nous persistons donc à appeler au maintien et au développement d’une opposition forte et unie pour le changement, à travers des luttes multiformes, pacifiques et démocratiques.

Nouakchott le 10 Août 2020

Cadres et dirigeants de l’UFP opposés à la déviation de sa ligne et à sa liquidation"

mar, 11/08/2020 - 07:33

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