Le charançon rouge continue de ravager les palmiers tunisiens

Le charançon rouge a ravagé environ 6000 palmiers d’ornement en Tunisie. “C’est l’équivalent d’une tonne de carbone récupérée par la nature, à l’heure où nous luttons contre les changements climatiques et œuvrons pour renforcer le couvert végétal en Tunisie”, a déclaré, mercredi, le président de la Chambre nationale de l’agriculture biologique et du tourisme vert, relevant du Syndicat des agriculteurs de Tunisie “SYNAGRI”, Mohamed Ikbal Souissi. Le responsable, qui intervenait lors d’une rencontre au Centre de la Ligue Arabe à Tunis, a préconisé une lutte plus sérieuse et concertée contre ce ravageur qui tue les palmiers d’ornement en Afrique du Nord, comme en Europe du Sud. Dans la région du Proche-Orient, le ravageur s’est propagé, soit sur les palmiers d’ornement, soit dans les oasis. Des chercheurs et agronomes ainsi que des responsables au sein d’organisations internationales craignent la propagation de ce ravageur dans les oasis du sud de la Tunisie. Le palmier dattier est le pivot des systèmes oasiens et quand il est attaqué, l’oasis entière est menacée. Il y aura une perte totale de la biodiversité et de la production ainsi qu’un risque de désertification des oasis et par conséquent de migration des populations du Sud vers le Nord et vers l’Europe, avait fait valoir le Chargé de la production et de la protection des végétaux au Bureau Sous-régional de la FAO pour l’Afrique du Nord, Noureddine Nasr. Nasr a mis l’accent sur la nécessité de discuter des techniques de gestion pour l’éradication totale du charançon rouge et prendre une décision ferme entre tous les pays. “Il y a plusieurs techniques de lutte contre le charançon rouge, mais très peu de coordination et une absence de prise de conscience au plus haut niveau. Il faut coordonner à l’échelle locale, régionale et nationale pour une éradication totale de ce ravageur”, a-t-il dit. La FAO a déjà conduit plusieurs actions pour lutter contre ce ravageur. Le charançon rouge a fait son apparition dans les pays du Golfe et du Moyen Orient depuis 1988. En Europe, son apparition remonte à 1993 (en Espagne),2004 (en Italie) et 2006 (en France). En Afrique du Nord, le ravageur a été déclaré en 2008 (au Maroc), en 2009 (en Libye) et en 2011 en Tunisie. Fin décembre 2015, il a été découvert dans un petit oasis en Mauritanie (Tidgika), suite à l’importation par les agriculteurs de rejets de palmiers dattiers de variétés de haute valeur commerciale à partir des Emirats Arabe Unis et de l’Arabie Saoudite. La Tunisie a connu en 2016 une invasion du charançon rouge obligeant le ministre de l’Agriculture de l’époque, Saad Seddik, a prendre des mesures urgentes malgré la présence de la menace depuis 3 ans. Parmi les mécanismes de lutte contre le charançon rouge se trouve la mise en place d’un réseau de piégeage,le traitement chimique préventif des palmiers, outre le traitement mécanique qui vise l’arrachage, le broyage et l’incinération du palmier infesté. Le réseau de piégeage, vise la mise en place de seaux remplis d’eaux avec des perforations latérales insérées à moitié dans le sol juste à côté des palmiers avec un petit sachet contenant une phéromone (substances chimiques comparables aux hormones émises par la plupart des animaux et certains végétaux) et des dattes qui vont fermenter et attirer les Charançons rouges.

HuffPost Tunisie avec TAP

jeu, 25/10/2018 - 10:27

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