Au grand dam d’Aziz, Interpol abandonne le dossier Bouamatou- Debagh

L'Organisation policière internationale, Interpol, a décidé d'annuler les avis de recherche concernant deux opposants au régime mauritanien, Mohamed Ould Bouamatou et Mohamed Debagh, a-t-on appris des sources des avocats des deux intéressés, cités par l'AFP. L'organisation a indiqué qu'il s'agissait d'une affaire à prédominance politique.

 

C'est un revers pour le régime mauritanien sur la scène internationale. Alors que la justice mauritanienne a émis un mandat d'arrêt international contre l'homme d'affaires franco-mauritanien Mohamed Ould Bouamatou et son proche collaborateur Mohamed Debagh, les avocats de ceux-ci viennent d'indiquer à la presse que l'Organisation policière internationale (INTERPOL) a décidé en octobre dernier, d'annuler les « notices rouges » relayant les mandats délivrés. La commission de contrôle d'Interpol a pris la décision d'effacer de son fichier les informations concernant les deux hommes d'affaires, ont ajouté les avocats. La commission a indiqué qu'elle « considère qu'il y a une dimension politique prédominante dans cette affaire ».

 

Mohamed Ould Bouamatou et Mohamed Debagh sont poursuivis depuis le 31 août 2017 par la justice mauritanienne qui a délivré le mandat d'arrêt contre eux, les soupçonnant de corruption. Depuis lors, conformément à ce qui se fait, à la demande de la Mauritanie, Interpol diffuse des « notices rouges » qui constitue un moyen pour informer qu'un mandat d'arrêt international est émis contre quelqu'un. Nouakchott accuse Bouamatou d'avoir soutenu financièrement en 2017 un groupe de sénateurs qui s'étaient levé contre un référendum constitutionnel ayant conduit à supprimer le Sénat. A ce propos, les avocats de l'homme d'affaires sont intransigeants. « M. Ould Bouamatou n'a jamais caché qu'il soutenait légalement l'opposition mauritanienne, notamment financièrement afin de favoriser la démocratie en Mauritanie, ce que la commission d'Interpol a bien pris en compte », ont déclaré les avocats William Bourdon et Elyezid Ould Yezid, se réjouissant également d'une « décision historique » d'Interpol.

 

Ambitions politiques

Toujours selon les avocats de Bouamatou, la démarche de Nouakchott visait à s'opposer aux éventuelles ambitions politiques de l'homme d'affaires. « On rappellera que ces mandats d'arrêt ont eu également pour dessein d'empêcher monsieur Ould Bouamatou de se présenter le cas échéant à une élection en Mauritanie, de soutenir un autre candidat mais également de soutenir l'opposition », alors que le président Mohamed Ould Abdel Aziz s'est déjà annoncé candidat à un troisième mandat à la tête de la Mauritanie.

 

Rappelons que Bouamatou, fondateur du groupe BSA et de la Banque GBM, est aussi visé par une plainte déposée à Paris par des associations se basant sur des informations fournies par le pouvoir de Nouakchott. Celles-ci accusent l'homme d'affaires d'opération immobilières douteuses et le soupçonnent de blanchiment d'argent en France.

 

Par Emmanuel Atcha 

Afrique.latribune.fr

sam, 17/11/2018 - 19:08

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