Zoom « Essahraa » : Retour à la rue... Echauffement ou escalade ?

Zoom « Essahraa » : Retour à la rue... Echauffement ou escalade ?

Quelques semaines après l'alerte donnée par le parti Tawasoul, pour ce que le parti d'opposition considère comme étant des défis et des menaces auxquels le pays est confronté à plusieurs niveaux, le parti au pouvoir, l'Union Pour la République (UPR),  a annoncé quant à lui, sa descente dans la rue pour célébrer les acquis réalisés au cours des deux dernières années du mandat du président Mohamed Ould Cheikh Ghazouani.

C'est donc un retour à la rue, après deux années d'accalmie sans précédent dans une arène politique initialement caractérisée par des tensions et des tiraillements depuis de nombreuses années.

Zoom Essahraa de cette semaine, cherchera  à trouver une réponse à une question qui préoccupe ceux qui s’intéressent de près au pouls de la scène politique nationale, à la fin d'une année et au début d'une autre.

La trêve a-t-elle fini ou autrement dit, les tirs croisés auxquels nous sommes témoins aujourd’hui, entre certaines parties de l’arène sont-ils le signe de l'échauffement d’ un dialogue qui peut conduire à des niveaux plus élevés de rapprochement, ou s'agit-il d'un retour à la polarisation, à l'escalade et aux discours acérés ?

 

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L’intecelle

Paradoxalement, la première étincelle de tension entre les parties de la scène a jailli au moment où elle devait traduire l'aboutissement du processus d’apaisement, le moment de lancement des séances du dialogue et qu’elle s’est manifestée également entre les partis les plus rapprochés au cours de la période écoulée du quinquennat du Président Ghazouani (la première réponse est venue du Parti de l'UPR  aux partis d’opposition à deux communiqués émis par les partis du Rassemblement des Forces Démocratiques « RFD » et du l’Union des Forces du Progrès « UFP »).

Les communiqués et les contre communiqués s’étaient succédés par la suite entre plusieurs parties de l’arène, une fois à cause de la question de la flambée des prix et de la situation sociale et une autre fois, sur fond de qui porte la responsabilité du gel du dialogue.

 

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Simple échauffement

Les indications selon lesquelles, cet à quoi nous avons assisté jusqu’à présent en termes de communiqués et de contre-communiqués et même de fuites, n'est qu'un échauffement pour améliorer la situation de négociation au cours de la concertation ou le dialogue (qualifié par la Majorité de concertation alors que l'opposition souhaite que ce soit un dialogue, sans toutefois en faire une condition) sont multiples :

 

          Le timing, comme mentionné ci-dessus, est fort et clair (l'étincelle a éclaté après la première séance de concertation).

 

        L'autorité (qui est la partie la plus importante de la scène) a une volonté dont on peut dire qu'elle est l’une des constantes de son approche politique, de veiller à ce que l’apaisement se poursuit et de ne pas revenir, coute-que-coute, vaille-que-vaille, au pré-carré d’antan de tension.

 

      L'opposition tient, malgré les grandes divergences de ses positions et positionnements, à « contrôler son discours » et à maintenir des lignes de communication avec le pouvoir d’une part et de niveaux de ce qu’elle qualifie l'espoir de changement, même graduel sous l’actuel pouvoir.

 

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Les effets d'escalade

En revanche aux indicateurs précédents, des motifs et des effets apparaissent sur la scène qui peuvent le mener rapidement vers un état d'escalade, qui même s'il n'atteint pas les niveaux des périodes précédentes, le retirera définitivement de la situation dans laquelle il s'est installé depuis l'investiture du président Ghazouani, le 1er août 2019. Ces facteurs sont au premier plan :

 

La pression de la situation économique et sociale dans laquelle se conjuguent des facteurs exogènes et endogènes sur tous les citoyens, ce qui accroît l'état d’agacement et pousse à exprimer ce dernier dans diverses directions, y compris le mécontentement à l'égard de la performance du gouvernement et le fait de le rendre responsable de l'incapacité d'atténuer les effets des vagues de la hausse des prix.

 

 L'acuité des communiqués au sein des camps du pouvoir et de l'opposition, et la force des « rivalités » internes, ce qui fait qu’avancer dans toute option, pourrait maîtriser l'évolution de l'échauffement en une escalade d'un processus très difficile : dans le camp de la Majorité, les voix des mécontents contre ce qu’ils appellent des concessions exagérées faites à l’opposition, contre des positions déclarées dans les rangs de l'opposition, selon lesquels, cette dernière a neutralisé son action politique en échange de promesses non corroborées par des faits

 

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Probablement

 

Le meeting du parti de l'Union Pour la République, attendu durant le week-end, sera une étape décisive pour explorer l'horizon des relations entre les parties de la scène (le choix du moment correspondant à la fin de l'année et le lieu, soit la plus grande place dans la capitale, montrent que le parti espère que le rassemblement soit un tournant laissant entrevoir les contours du paysage).

 

En attendant la fin du meeting, le décryptage de son discours et l’analyse de sa mobilisation, il reste fort probable à notre avis que la scène politique se dirige vers un état d'échauffement de longue durée ou d'escalade calculée : il parait que la validité de la trêve telle que nous l’avions connu en 2019-2020 a expiré et qu'au moins, une escalade du genre de celle à laquelle nous étions témoins au cours de l’année 2019, ne profile pas  à l'horizon politique.

https://essahraa.net/node/28273

mar, 21/12/2021 - 12:58

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