Un Général parle à La Croix de l'exception mauritanienne au Sahel

Un Général parle à La Croix de l'exception mauritanienne au Sahel

Le terrorisme est en train de décimer des pays du Sahel. Des pans entiers de leurs territoires sont contrôlés par des groupes dont la stratégie consiste à effacer les frontières pour répandre leur idéologie le plus loin possible. 

Face à cette dégradation galopante de la sécurité dans l'espace sahélien, la recherche de solutions s’intensifie dans les pays concernés. Les uns expérimentent de nouvelles recettes pour venir à bout des djihadistes qui, jusqu’à présent, tels des virus, ont montré leur capacité de muter et semblent avoir une longueur d’avance sur leurs ennemis. Et si la solution était à portée de main ? C’est ce que semble insinuer le Général Saidou Dia.

Dans un entretien qu’il a eu avec La Croix lu à Essahraa, l’ancien directeur du cabinet du Commandant de la force conjointe du G5 Sahel montre à coups d’exemples, comment la Mauritanie est parvenue à « chasser les terroristes ».  

Il rappelle d’abord qu’entre 2005 et 2007, le groupe Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a lancé une série d’attaques dans des pays du Sahel, dont la Mauritanie ».

En effet, il faut préciser que c’est suite à l’attaque d’une base militaire en Mauritanie que le Groupe salafiste pour la prédication et le Combat (GSPC) a monté en grade auprès du commandement central d’Al Qaida avant de devenir la branche saharo-sahélienne du groupe terroriste.

« Nous avons pris le temps d’étudier ces terroristes. Qui étaient-ils ? Quels étaient leurs modes d’action, leur organisation, leurs ressorts, leurs financements, les lieux qu’ils occupaient. Sur cette base, nous avons développé une stratégie globale », renseigne le Général Dia selon qui à l’élaboration d’un cadre juridique pour traquer légalement les terroristes, il fallait y adjoindre une stratégie militaire innovante.

Cela consistait d’après l’officier à créer une nouvelle unité appelée les méharistes du Groupement nomade (GN),  des groupements spéciaux d’intervention et  l’instauration de postes fixes de contrôle à la frontière avec le Mali.

Cette stratégie sécuritaire a permis, selon le Général Dia, de démanteler 45 cellules dormantes dans la capitale, Nouakchott. Mais la réponse n’est pas que sécuritaire. Un autre levier devait intervenir. À ce sujet, le Général Saidou Dia révèle que les terroristes qui ont été arrêtés ont dû tester leurs connaissances théologiques avec « nos plus grands imams ». Une confrontation d’idées au terme de laquelle « 95% des terroristes se sont repentis ».

Cette thérapie qui a combiné sécuritaire et développement d’un contre-discours solide aurait permis à la Mauritanie de prendre le dessus sur les terroristes et non le versement de millions de dollars à Aqmi comme l’ont affirmé les américains à travers des documents déclassifiés par le département d’État.

lun, 27/12/2021 - 13:18

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