Expert : une désescalade de la tension entre Alger et Rabat est improbable

Expert : une désescalade de la tension entre Alger et Rabat est improbable

Il est très peu probable qu’il y ait une désescalade de la tension entre Alger et Rabat. C'est le constat fait le chercheur en géopolitique et analyste principal à Global Initiative against Transnational Organized Crime, basée à Genève,  Raouf Farrah,à Radio France Internationale.

" L’entrée en jeu de l’interférence israélienne dans ce jeu de tension maghrébin est vraiment l’élément le plus important, selon moi, à retenir pour l’année 2021, et qui est peut-être l’élément le plus dangereux aussi parce que, du côté algérien, c’est perçu comme étant une vraie menace à la sécurité nationale et du côté marocain, disons que le soutien israélien a donné une sorte de coup de force à des velléités parfois bellicistes au sein de certaines parties du pouvoir marocain"; a-t-il affirmé, en réponse à la question qualifiant l'année 2021 de détestable du point de vue des relations entre le Maroc et l’Algérie et l'interrogeant sur les perspectives de 2022 à la lumière de cette conjoncture.

Et d'ajouter : "il y a justement cette idée de création d’une zone franche à la frontière, d’où la création du poste frontalier qui a été construit en dur il y a quelques mois seulement. Et cela a permis d’avoir aujourd’hui des échanges économiques intéressants qui sont, certes, relativement faibles et qui sont estimés à à peine quelques millions d’euros, mais qui peuvent augmenter très vite.

Et en plus de cela, il faut rajouter que ce qui intéresse surtout les deux pouvoirs, c’est aussi de désenclaver les deux régions frontalières qui sont assez pauvres. Je pense à la wilaya de Tindouf, côté algérien, et à la wilaya de Tiris Zemmour, côté mauritanien. Mais pour cela, il faudra construire le dernier tronçon de route qui manque, justement entre le poste-frontière qui lie les deux pays et la zone de Zouerate en Mauritanie. Et ça aussi, c’est un projet qui est à l’étude entre les deux autorités".

. Donc, l’entrée en jeu d’Israël, c’est un facteur déstabilisant, c’est un facteur d’insécurité, c’est un facteur qui va pousser les acteurs ayant les positions les plus dures à maintenir leur posture, alors que l’amélioration des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc passe par une approche diplomatique. Et ce n’est certainement pas l’arrivée d’Israël aux frontières de l’Algérie qui permettra d’aller dans ce sens.

Farah estime par ailleurs que les relations économiques mauritano-marocaines sont nettement supérieures à celles avec l’Algérie.

"Et c’est justement, d’après moi, la raison de cette visite, c’est qu’il y a une concurrence aujourd’hui entre Alger et Rabat sur qui sera en mesure d’être le plus proche de la Mauritanie. Et l’Algérie tente de concurrencer le Maroc. C’est l’une des dimensions d’une course au leadership maghrébin que se livrent l’Algérie et le Maroc dans le contexte actuellement très tendu d’une rupture des relations diplomatiques entre les deux pays.

ven, 31/12/2021 - 19:49

Actualités