
Il ne s'agit plus seulement d'un mouvement de la garde présidentielle, mais plutôt d'un coup d'État à part entière à ajouter à ses prédécesseurs dans la région.
Le Niger est sous l'autorité du général Omar Chiani après le renversement du président élu Mohamed Bazoum.
Il a été annoncé hier la formation d'un Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), qui a renversé le régime en place et bénéficié rapidement, aujourd’hui jeudi, du soutien de l’armée.
Un conseil dont le nom du président n'a pas été révélé, mais on pense que le général Chiani est le cerveau, puisqu’il a dirigé le processus de renversement du président Bazoum, selon des sources de Essahraa Online.
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Le nouveau putschiste.
Le général Omar Chiani est originaire de la région de Tillaberi, dans l'ouest du Niger (une importante zone de recrutement pour l'armée), et a commandé la Garde présidentielle depuis 2015. Il était un proche allié de l'ancien président Mahamadou Issoufou, qui a dirigé le pays jusqu'en 2021.
Il a dirigé ironiquement l'unité qui a empêché la tentative de coup d'État dans le pays en mars 2021, pour conserver son poste de commandant de la garde présidentielle après l'élection de Mohamed Bazoum à la présidence. La Garde est une force spéciale d'environ 2 000 soldats.
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Un rôle suspect de l'ancien président
La relation de Chiani a soulevé des soupçons sur la relation de l'ancien président avec le coup d'État. Issoufou a quitté le pouvoir sans trop s'en éloigner, puisqu'il vit dans une maison attenante au palais présidentiel, à quelques mètres de la résidence de l'actuel président.
L'ancien président a nié toute relation avec le coup d'État, selon Jeune Afrique, citant certains de ses proches, disant qu’il s'était entretenu avec des dirigeants d'Afrique de l'Ouest, annonçant l'échec de sa tentative de médiation entre Chiani et le président Bazoum en raison de l’entêtement du général. Bien que libre, Issoufou a gardé le silence et n'a pas condamné publiquement le coup d'État.
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L’attitude populaire
Le coup d'État au Niger, même s'il s'est produit dans une vague de coups d'État dans la région, a quelque chose de particulier. Contrairement à ce qui s'est passé au Mali, au Burkina Faso et en Guinée, il n'y a pas eu de mouvements populaires contre le pouvoir.
Le pays a connu il y a peu de temps des élections présidentielles calmes qui ont porté au pouvoir un président élu.
Ce qui s’est répercuté sur la réaction populaire dans les rues lesquelles s’étaient remplies de partisans des coups d'État au Mali, au Burkina Faso et au Niger dès la propagation de la nouvelle du mouvement militaire.
Chose qui ne s'est pas produite au Niger. En effet, ce sont plutôt les partisans du président Bazoum qui ont manifesté hier, et le mouvement des partisans du coup d'État a été retardé jusqu'à aujourd'hui, puisque leurs manifestations étaient limitées et violentes. Ils ont incendié le siège du parti au pouvoir et un certain nombre de voitures, ce qui a fait des morts et des blessés, selon des sources concordante qui ont contacté le site web Essahraa.
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Bazoum et l'armée
Bazoum a pris le pouvoir il y a deux ans, succédant ainsi à son prédécesseur, Mohamed Issoufou, lors de la première alternance pacifique au pouvoir de l'histoire du Niger, qui est pleine de coups d'État. Il semble que Bazoum n'était pas pressé de réorganiser l’armée, puisqu'il a retardé le changement de son commandant jusqu'en avril dernier. Il a nommé un nouveau commandant de l'armée, en l’occurrence le général Sidikou Issa, qui a soutenu aujourd'hui le coup d'État l’ayant renversé.
On parlait d'un changement imminent dans la garde présidentielle et de la nomination d'un nouveau commandant. Ce qui a conduit certains à établir un lien entre cette perspective de changement dans le commandement militaire et le mouvement de troupes du général Chiani, en prévision de son éventuel limogeage.
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L’Occident, le plus grand perdant
Une grande perte pour l'Occident, selon le journaliste français Antoine Glacier, car c'est leur fief au Sahel où se trouvent des bases militaires américaines et françaises. Toutefois cet expert des questions africaines, a sous-estimé l'importance de l'uranium nigérian pour la France, en raison de l’existence d’autres sources pour la société Areva.
A l'extérieur, l'Occident, les Nations Unies, l'Union africaine, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest et certains pays de la région ont condamné le coup d'État et appelé à un retour à l'ordre constitutionnel, tandis que la Russie - qui accueille ces jours-ci les Africains à Saint-Pétersbourg, dans le cadre du sommet Russie-Afrique, s'est contentée d'appeler au dialogue et à la libération de Bazoum