Qui est Andreï Troshev, le successeur voulu par Poutine à la tete de Wagner?

Qui est Andreï Troshev, le successeur voulu par Poutine à la tete de Wagner?

Voilà un homme qui pourrait prendre une place importante. Le président Vladimir Poutine a proposé aux combattants de Wagner qu’un certain Andreï Troshev prenne la direction du groupe paramilitaire, dans un entretien accordé au média russe Kommersant le 13 juillet.

Dans cette interview notamment consacrée à la rébellion avortée de Wagner survenue en juin, le chef de l’État russe affirme même qu’Andreï Troshev était déjà le «véritable commandant» de Wagner, même du temps d’Evguéni Prigojine, aujourd’hui déchu. «Ils [les mercenaires de Wagner, NDLR] auraient tous pu se réunir au même endroit et continuer à servir. Rien n’aurait changé pour eux. Ils auraient été dirigés par la même personne qui a toujours été leur véritable commandant [Andreï Troshev]», a détaillé Vladimir Poutine. Cette hypothèse reste non confirmée à ce jour, même si la Commission européenne le présentait en 2021 - dans un document relatif aux sanctions prises dans le cadre du conflit syrien- comme «directeur exécutif» de Wagner à l'époque et comme l’un de ses «membres fondateurs».

«Beaucoup de soldats ont hoché la tête quand j’ai fait cette proposition, a précisé Vladimir Poutine dans son entretien, sous-entendant que les mercenaires l’approuvaient. Mais «Prigojine, qui était assis devant, n’a pas vu cela et a affirmé que ses gars n’étaient pas d’accord» avec cette nomination, a-t-il précisé. Une photo qui daterait de 2016 montre par ailleurs Andreï Troshev aux côtés du président russe.

Andreï Nikolaïevitch Troshev, de son nom complet, est né à Leningrad - désormais Saint-Pétersbourg - en 1953, d'après les autorités européennes. Elles le présentent également comme un «colonel à la retraite», en plus de ses liens avec Wagner. Ce document évoque également son nom de guerre : «Siedoy», ou «Sedoï», ce qui signifie «cheveux gris». Selon l’Union européenne (UE), Dmitri Outkine - un ancien officier des renseignements militaires russes (GRU) et l’un des fondateurs de Wagner - fait partie de ses proches associés.

Impliqué en Syrie

Si le Conseil européen s’était à l'époque penché sur son cas, c’est en raison de la présence d’Andreï Troshev en Syrie. «Il était particulièrement impliqué dans la région de Deir ez-Zor. À ce titre, il apporte une contribution cruciale à l'effort de guerre de Bachar al-Assad», détaille le Conseil européen, Wagner ayant été un soutien du régime syrien. Il a par ailleurs reçu le titre de «Héros de la fédération de Russie» pour la prise de Palmyre (Syrie) contre des combattants de l’État islamique.

En Syrie, Andreï Troshev n’en était pas à son coup d’essai. Il combat comme soldat dans l’armée soviétique lors de la guerre en Afghanistan (1979-1989), ses services lui valant d’être décoré à deux reprises de l'Ordre de l'étoile rouge, une importante décoration de l’armée rouge. Après la chute de l’URSS, «Sedoï» participe à la guerre en Tchétchénie avant de prendre le commandement d’une unité de forces spéciales de réaction rapide du ministère de l’Intérieur, le SOBR. Selon certaines sources russes, il s’agirait de l’unité SOBR de Saint-Pétersbourg. Il a aussi été un ancien membre d’une autre unité spéciale du ministère russe de l’intérieur, le «Détachement mobile à vocation particulière» (OMON). Il quitte le service actif en 2012.

En 2017, le média local Fontanka fait état d’une hospitalisation à Saint-Pétersbourg alors qu’il aurait été retrouvé ivre dans les rues de cette ville. À ce moment-là, il aurait détenu 5 millions de roubles (environ 50.000 euros) et 5000 dollars en espèce. Sa proximité avec Saint-Pétersbourg, de sa naissance jusqu’à son service au sein de l’unité SOBR, interroge si l’on songe à l’histoire de Vladimir Poutine lui-même, même si aucun élément ne permet de lier directement les deux hommes. Le président russe y est né, y a étudié et en a surtout été le maire adjoint chargé des relations internationales dans les années 1990. Il est par ailleurs soupçonné d’avoir participé à l’installation d’un système de corruption dans la deuxième ville de Russie.

Un «exécutant»

Alors, pourquoi Vladimir Poutine souhaiterait-il le placer à la tête de Wagner dès maintenant ? Selon le média américain Newsweek  s’appuyant sur des boucles Telegram du groupe paramilitaire, Andreï Troshev aurait été écarté de Wagner pour avoir informé le Kremlin de la rébellion à venir. D’après l’ONG gulagu.net , Andreï Troshev aurait même refusé de soutenir une telle mutinerie.

Dans un entretien accordé au média russe NSM , l’ancien ministre de la Défense de la république populaire de Donetsk Igor Guirkine - aujourd’hui l’un des principaux critiques nationalistes de l’intervention russe en Ukraine - a affirmé connaître «personnellement» Andreï Troshev. «Il a une expérience de combat assez large, pas bête, très exécutif, sans talents particuliers, mais aussi sans revendications particulières», a-t-il décrit, le qualifiant d’«exécutant». Igor Guirkine confirme par ailleurs que «Sedoï» a bien été «au moins le chef d'état-major de toutes les unités Wagner» par le passé.

Vendredi 23 juin, la milice Wagner - menée par son leader Evgueni Prigojine - a entrepris une rébellion contre le ministre de la Défense russe, Sergueï Choïgou et le chef d'état-major Valéri Guérassimov. Après des négociations, la «marche de la justice» sur Moscou prend fin dès le lendemain et Evgueni Prigojine avait été contraint à l’exil en Biélorussie avant de revenir en Russie. Désormais, Wagner ne participe plus activement aux combats en Ukraine selon les États-Unis, tandis que la Biélorussie a annoncé vendredi 14 juillet que le groupe paramilitaire avait commencé à travailler comme «instructeurs» sur son territoire.

Le Figaro

sam, 26/08/2023 - 14:56

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