Zoom Essahraa.. Alliance des Etats du Sahel.. Naissance du « pôle russe » ?!

 Zoom Essahraa.. Alliance des Etats du Sahel.. Naissance du « pôle russe » ?!

Les ministres représentant les de l'Alliance des Etats du Sahel n'ont pas voulu cacher leur « identité stratégique » dans leur déclaration fondatrice, lue samedi dernier depuis la capitale, Bamako, par le ministre malien des Affaires étrangères, en présence des ministres de la Défense et des Affaires étrangères du Niger et du Burkina Faso. En effet, le ton de « l’indépendance et de la confrontation à l’agression extérieure » était plus fort et plus clair que celui de la confrontation à la violence et au terrorisme, comme cela a été aussi pour la motivation traditionnelle pour établir des alliances traditionnelles dans la région du Sahel au cours de la dernière décennie.

 

L'image montre clairement que nous sommes face à une alliance de pays gouvernés par des conseils militaires qui sont arrivés au pouvoir au cours des deux dernières années grâce à des coups d'État militaires. Elle dit également, que l'Alliance fortement hostile à la France,  tourne dans l'orbite russe.

 

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Est-ce juste une coïncidence ?!

 

  L'annonce de l'Alliance a coïncidé avec une visite du vice-ministre russe de la Défense dans la région, au cours de laquelle, il a rencontré à Bamako, où il est arrivé en provenance d'Algérie, les ministres de la Défense des trois pays du Mali, du Niger et du Burkina Faso. L'annonce et la présence du responsable militaire russe dans la région relevaient-elles de la simple coïncidence ou s’agit-il d’un arrangement à travers lequel les deux parties, en l’occurrence la Russie et les pays africains, ont voulu cette fois, annoncé la transition vers une nouvelle phase de partenariat militaire à cachet officiel et non par la main interposée de la société Wagner, que les parties concurrentes tentent de présenter comme une « milice » ou une société de sécurité dans les meilleures descriptions.

 

L'Alliance "Charte du Liptako-Gourma", la ville où se croisent les frontières des trois pays, s’est constituée comme suit :

✔️Le recul de l’option d’une intervention militaire au point de disparaître en raison de « l’érosion » de son soutien politique et populaire régional.

✔️ La nette divergence entre les positions française et américaine sur le coup d'État au Niger, Washington ayant choisi de « prendre ses distances » avec Paris et d'adopter une approche « pragmatique » basée sur ce qui semble être une relation qui a mûri lentement avec les principales figures du coup d'État du 26 juillet contre le président Bazoum.

✔️ La recrudescence de la menace des groupes armés sur les pays de la région. Ces dernières semaines ont été marquées par une fréquence croissante d'attaques au cours desquelles des centaines de membres des armées, de civils et de membres de groupes armés violents auraient été tués dans les trois Etats.

 

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Des messages non cryptés.

 

La langue dans laquelle la charte fondatrice a été rédigée portait des messages non cryptés faisant apparaitre les leçons tirées par ses fondateurs de l'expérience qu'ils vivent actuellement, puisque le texte de ses articles fondateurs comprenait les éléments suivants :

   Article 5 : Les Parties contractantes œuvreront en outre à  la prévention, la gestion et au règlement de toute rébellion armée ou autre menace portant atteinte à l’'intégrité du territoire et à la souveraineté de chacun des pays membres de l’Alliance, en privilégiant les voies pacifiques et diplomatiques et, en cas de nécessité, à user de la force pour faire face aux situations de rupture de la paix et de la stabilité.

Article 6 : Toute atteinte à la souveraineté et à l'intégrité du territoire d'une ou plusieurs Parties contractantes sera considérée comme une agression contre les autres Parties et engagera un devoir d’assistance et de secours à la sécurité de toutes les Parties, de manière individuelle ou collective, y compris l’emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité au sein de l’espace couvert par l’Alliance.

Article 7 : L'agression, telle qu’évoquée à l’article 6, comprend également toute attaque contre les Forces de défense et de sécurité de l'une ou plusieurs Parties contractantes, y compris lorsque celles-ci, sont déployées à titre national sur un théâtre d’opération en dehors de l'espace de l’Alliance ; toute attaque et en tous lieux, contre les navires ou aéronefs  de l'une ou plusieurs Parties contractantes.

Article 8 : Les Parties s'engagent à :

- Ne pas recourir entre elles, à la menace, à l’emploi de la force ou à l’agression, soit contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique d'une Partie ;

- Ne pas faire de blocus des ports, des routes, les côtes ou des infrastructures stratégiques d’une Partie par les forces armées ;

- Ne pas à partir d’un territoire mis à la disposition par une Partie, perpétrer des attaques ou des agressions contre une autre partie ou des Etats tiers ;

 

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L’Alliance copie-t-elle le G5 Sahel?

 

Bien qu’il n’y ait pas de discours positif ou négatif sur le cadre qui incluait les pays de l’Alliance Liptago-Gorma avec la Mauritanie et le Tchad, ce qui oblige à se poser la question des relations entre les deux parties, mais il est clair que le « pôle russe » tient fermement à ses conditions d'adhésion, ce qui se ressent dans la charte fondatrice à travers l'absence de références. :

☑️ Mettre l’accent sur les dénominateurs communs sociaux et culturels, et bien sûr accepter les objectifs explicites de l'Alliance dans son esprit hostile au camp occidental.

☑️ Insistance sur la nécessité de l'approbation unanime de tout nouveau membre.

Outre ces deux facteurs, on note la nette différence entre les visions du Groupe du G5 Sahel et de son supposé alter ego le  Liptago-Gorma :

✔️ Le premier se concentre sur les objectifs de développement et la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme, tandis que le second se focalise sur la lutte contre les ingérences extérieures et introduit des dimensions défensives.

✔️ Le premier suit une démarche de partenariat en développement pour financer ses projets, tandis que le second annonce que son financement sera limité à l'auto-financement.

 

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Deux pôles au Sahel

 

Nous sommes donc confrontés depuis la mi-septembre 2023, à deux pôles au Sahel, dont l'un se targue de son hostilité à l'égard de la France et de son alliance avec la Russie, tandis que le second apparaît partagé entre une relation forte avec la France et l'OTAN, et un souci de maintenir des relations non tendues avec d’autres concurrents, dont la Russie et la Chine.

jeu, 21/09/2023 - 12:18

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