Le président Mohamed Ould Cheikh Ghazouani assister, dans le courant de la semaine qui commence demain lundi 2 septembre, à l'invitation du président chinois Xi Jinping, aux côtés d’un certain nombre de dirigeants de pays africains, du Secrétaire général des Nations Unies et des responsables des organisations internationales et régionales compétentes au sommet 2024 du Forum sur la coopération sino-africaine.
Au centre de la rencontre prévue du 4 au 6 septembre courant, une nouvelle ère numérique notamment. La Chine ayant conclu des accords dans le domaine avec de nombreux pays africains.
Le forum permettra surtout de revisiter la coopération entre les deux parties et de tracer de nouveaux sillons. Au cours des 7 derniers mois, le commerce entre la chine et l’Afrique a augmenté de 5,5 % pour atteindre 166 milliards de dollars, selon les données publiées par l'Administration générale des douanes chinoise.
A Pékin, des pays africains tenteront sans nul doute de solliciter soit de nouveaux prêts soit des rééchelonnements de leurs créances.
Les prêteurs chinois ont accordé entre 2000 et 2023, les 1 306 prêts d'un montant de 182,28 milliards de dollars à 49 gouvernements africains et autres.
Un processus plutôt qu’une série de sommets ad hoc
Le neuvième Forum sur la coopération sino-africaine (Forum on China-Africa Cooperation ou FOCAC), se déroule à un moment critique. Les économies africaines sont toujours affectées par l’instabilité causée par la pandémie de COVID-19, et la colère grandit face aux conséquences économiques d’une dette insoutenable, dont certaines se manifestent par des manifestations populaires. Les jeunes exigent l’équité, la justice et la transparence, y compris dans les relations des gouvernements africains avec les puissances extérieures. Les gouvernements sont également soumis à des pressions pour qu’ils respectent leur engagement de faire progresser leurs économies dans la chaîne de valeur et de passer de l’aide au commerce.
Pour cette édition, le FOCAC comprendra un forum des entrepreneurs Chine-Afrique destiné aux dirigeants du secteur privé africain. Plusieurs réunions connexes ont eu lieu en amont du sommet, notamment le Forum de coopération économique et commerciale Chine-Afrique en mars 2024 à Dar es Salaam, en Tanzanie. Des pays africains comme le Kenya, la Namibie et l’Ouganda ont également organisé leurs propres forums d’investissement pour présenter des opportunités aux investisseurs chinois avant le sommet.
Le FOCAC de cette année a également été précédé par le forum des groupes de réflexion Chine-Afrique en avril 2024, également à Dar es Salaam, et par la deuxième conférence de haut niveau du Forum sur l’action mondiale pour le développement partagé à Pékin en juillet.
Renforcer l’agencement africain
La dépendance du FOCAC à l’égard du dialogue d’État à État persiste malgré le développement de l’expertise des relations Afrique-Chine dans les universités, les groupes de réflexion et la société civile.
Des voix africaines indépendantes pèsent sur les débats politiques entre l’Afrique et la Chine, notamment au sein de l’UA, qui reste ouverte à la recherche de perspectives extérieures. Le projet à but non lucratif intitulé « China-Global South Project » organise des podcasts hebdomadaires avec d’éminents leaders d’opinion pour discuter des questions politiques pertinentes entre l’Afrique et la Chine. Le Projet d’information Afrique-Chine s’efforce quant à lui d’améliorer la qualité de l’information délivrée sur les relations entre l’Afrique et la Chine. Le Centre afro-chinois des relations internationales et les centres de recherche « Development Reimagined » suivent et interrogent le processus du FOCAC. En outre, le groupe de travail indépendant Afrique-Chine rassemble des universitaires et des professionnels de haut niveau pour explorer de nouvelles façons de penser les relations sino-africaines et façonner les stratégies africaines.
Promouvoir les intérêts des citoyens au FOCAC
L’Afrique a bénéficié du FOCAC, mais un engagement plus proactif est nécessaire. Les engagements africains ont tendance à être ad hoc et mal structurés, ce qui désavantage nettement le continent. Les pays africains doivent devenir plus stratégiques, inclure des voix non gouvernementales, être conscients des pièges de l’emprunt effréné et non responsable, et, en établissant une plus grande transparence des accords du FOCAC, s’assurer que les représentants africains placent les intérêts nationaux avant les intérêts personnels.
Il est nécessaire de mettre en place des mécanismes de suivi renforcés et indépendants entre les sommets du FOCAC afin de faire le point sur les engagements, d’identifier les problèmes et les domaines d’amélioration, et de veiller à ce que les avantages profitent aux citoyens ordinaires, qui exigent à juste titre d’avoir davantage leur mot à dire et de rendre des comptes sur la manière dont leurs gouvernements s’engagent avec des partenaires étrangers. Avant tout, il faut prendre conscience que la Chine, ou tout autre acteur, ne peut pas développer l’Afrique. L’Afrique se développera à la sueur de son front et par ses propres efforts. Les relations avec les partenaires extérieurs doivent être gérées dans cette optique.
Agences