La crise, à fortiori la guerre en Libye, a de multiples dimensions, impliquant de nombreux acteurs et de féroces combattants libyens, à l’intérieur et à l’extérieur de la région. Ceci rend la quête d’une solution une question extrêmement difficile. Il n’en demeure pas moins que les répercussions de la situation libyenne et ses effets sur de nombreuses parties et l’incapacité des combattants à trancher le conflit par la force, font de la recherche d’une issue diplomatique une conviction qui gagne de plus en plus d’acteurs au fil du temps.
C’est dans cet environnement marqué par un chevauchement de cartes, que le Président en exercice de l'Union Africaine, le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani, s'apprête à présenter une initiative, considérée comme la dernière opportunité pour ce pays extrêmement important, afin de se remettre de décennies passées entre régime autocratique et combats internes.
Zoom Essahraa examine l'opportunité, ses limites et ses chances.. ?
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Le contexte de l'initiative...
La Libye est restée tout au long de son existence, de par sa géographie, son histoire et ses intérêts, un pays essentiel dans les relations internationales, notamment entre les deux rives de la Méditerranée, mais également dans les connexions entre l’Afrique du Sud et l’Afrique du Nord et l’Europe, les Arabes et l’Afrique.
✔ C'est un pays voisin de huit pays :
Cinq d'entre eux sont sur terre : (Egypte, Soudan, Algérie, Niger et Tchad.
Deux se trouvent de l’autre côté de la Méditerranée : (Italie et Malte), et le huitième est terrestre et transméditerranéen (Tunisie).
✔ C'est un pays ethniquement diversifié avec la diversité de ses voisins (la majorité de sa population est arabe ; il comprend des Berbères, des Touaregs et des Tebu), ce qui renforce la force du lien avec le voisin et augmente l'importance et la sensibilité des lignes de communication avec eux en même temps.
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L'initiative attendue intervient désormais dans un contexte qui lui est très caractéristique.
✔ Les parties au conflit se rendent compte de la difficulté de prendre une décision militaire en faveur de l'une d'entre elles. Les choses se sont stabilisées il y a quelque temps avec le contrôle du gouvernement de Dabaiba, connu comme étant le gouvernement d'unité nationale internationalement reconnu, sur l'ouest de la Libye, y compris la capitale, Tripoli, tandis que le gouvernement de ce que l'on appelle le Parlement de Tobrouk dominait l'Est de la Libye, y compris Benghazi, et c'est le gouvernement affilié à Khalifa Haftar.
✔ L'initiative surgit à un moment où l'attention internationale portée au pays n'est plus forte après le déclenchement de crises et de guerres plus graves. En Ukraine d’abord et en Palestine ensuite, où se déroule depuis un an la guerre sioniste d’anéantissement contre le peuple palestinien, une guerre dont les derniers indicateurs montrent qu’elle est vouée à une expansion rapide qui pourrait même dépasser le territoire.
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Ses chances..
L’initiative a des aubaines qui rendent possibles ses chances de succès :
✔ L'Union Africaine, qui la met en œuvre, bénéficie d'un grand soutien international, et il existe des acteurs internationaux concernés, de par la relation de certains d'entre eux avec l'Union (la France), et l'implication de certains d'entre eux dans de nombreuses crises (les États-Unis d'Amérique), avec le succès de l'initiative.
✔ La Mauritanie, qui dirige actuellement l'Union, entretient de bonnes relations avec l'Algérie, pays qui a une forte influence en Libye, et les observateurs estiment qu'elle est très préoccupée par la réussite de l'initiative.
✔ Les Libyens sont de plus en plus conscients de la nécessité de sortir de la crise qui jette une ombre dure sur divers aspects de leur vie.
Des sources d’Essahraa confirment l’existence d’une concertation et d’une coordination entre le Président Ghazouani et les Présidents de la région liés au dossier libyen. En effet, il a eu des entretiens téléphoniques avec le Président algérien Abdelmadjid Tebboune et le Président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. Il a rencontré parallèlement, le Premier ministre marocain Aziz Akhannouch en marge du sommet de la Francophonie en France pour discuter de la voie menant au succès de l'initiative et à la résolution de la crise libyenne.
Mais des difficultés demeurent :
✔L'ingérence et l'implication internationales dans le pays sont fortes. Les intérêts y sont contradictoires à tel point qu’il est extrêmement compliqué de parvenir à une solution consensuelle.
✔ Le niveau de manque de confiance entre les acteurs fait du progrès de chacun d'entre eux une étape sérieuse dans laquelle il perd sa position, et bénit un processus sérieux vers une solution, qui ne va en aucun cas de soi.
Quoi qu'il en soit, l'effort africain mené par la présidence de l’UA reste une opportunité importante dont la réussite sera à mettre au crédit de la présidence mauritanienne de l’organisation, sur laquelle se fonde l'opinion publique africaine sur le déclin de ses rôles face aux conflits et problèmes du continent, qui suscitent la convoitise à elle et contre elle des forces de la concurrence internationale