Nous pensons que la lenteur de la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD) et l’incapacité à relever les graves défis sécuritaires, économiques et environnementaux auxquels le monde est confronté sont dues, en grande partie, à la faiblesse de la coopération multilatérale, a déclaré le Président mauritanien et Président en exercice de l'Union Africaine Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani hier jeudi, au 16ème Sommet des BRICS, tenu à Kazan, la capitale du Tatarstan, à l’est de Moscou.
Le dysfonctionnement de la gouvernance internationale, financière et politique et le manque évident de solidarité et d’efforts concertés, tant au niveau régional qu’international, éxpliquent pourquoi le monde d’aujourd’hui, et en particulier l'Afrique, n’est pas en mesure de réaliser les ODD, a indiqué Ghazouani, dans son discours prononcé à ce sommet organisé sous le thème «Coopération multilatérale : pour une sécurité et un développement internationaux équitables».
Le développement et le progrès ne sont pas un privilège réservé à un seul pays, dit Ghazouani
L’expansion progressive des BRICS et les différents niveaux de développement des pays membres et des pays candidats à l’adhésion reflètent la conviction du groupe que le développement et le progrès ne sont pas un privilège réservé à un seul pays, mais un droit pour tous les pays, quels que soient leurs différents niveaux et contextes de développement. Il faut donc les écouter tous et tenir compte de leurs priorités et de leurs besoins fondamentaux en matière de développement.
Le développement ne peut être efficace et durable que dans la mesure où il est inclusif et fondé sur une solidarité et une coopération internationales solides.
Ce principe général est à la base de notre approche, au sein de l’Union africaine, pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD).
La persistance du problème de la dettei entrave gravement nos efforts de développement
Le monde d’aujourd’hui, et en particulier notre continent africain, a un besoin urgent d’une nouvelle dynamique de coopération multilatérale, de solidarité internationale et de synergie, qui nécessite inévitablement une reformulation des règles de la gouvernance internationale, financière et politique. Il est difficile pour nos pays africains d’exploiter leurs grandes opportunités de développement et de libérer leur énorme potentiel en faveur de la croissance et du progrès, étant donné la persistance du problème de la dette, qui entrave gravement leurs efforts de développement. Par ailleurs, le système d’aide publique au développement existant, s’est avéré inadéquat pour atteindre les objectifs souhaités.
A cela s’ajoute la faible représentation du continent dans les institutions financières multilatérales, qui ne lui permet pas de s’assurer que l’agenda international prend en compte ses besoins urgents en matière de développement, en particulier ceux liés à l’infrastructure pour soutenir la croissance, le transfert de technologie, le renforcement des systèmes éducatifs et les nouvelles technologies.
En somme, il est impératif de créer un nouveau pacte sur le financement du développement qui soit plus flexible et durable et qui garantisse aux pays les moins avancés un accès fluide et équitable à des financements adaptés à leurs priorités.
Si la révision du système de gouvernance financière est indispensable, la reformulation des règles de la gouvernance politique internationale est encore plus urgente, car c’est à elle que sont confiées les questions de paix et de sécurité internationales.
Dans sa forme actuelle, le système de gouvernance politique internationale se caractérise par de nombreuses iniquités et des normes inégales, souvent au détriment des pays les plus vulnérables et les moins développés.
Ce double standard, qui implique objectivement le mépris des valeurs humaines universelles et des résolutions et traités internationaux, explique pourquoi, par exemple, la communauté internationale n’a pas exercé la force nécessaire pour mettre fin aux massacres brutaux dont nous sommes témoins en Palestine et au Liban.
Les obstacles à l'élimination de la violence et le terrorisme
La faiblesse de la solidarité internationale et de la coopération multilatérale explique également certains aspects de notre incapacité à éliminer la violence et le terrorisme sur le continent africain, qui menacent notre sécurité et notre stabilité et entravent nos efforts de développement.
Le maintien de la stabilité et de la sécurité internationales, comme le demande le thème de ce sommet, exige le strict respect du droit international et du droit humanitaire international, qui se traduit par nos valeurs humaines universelles. Il exige également les plus hauts niveaux de solidarité internationale et de coopération multilatérale.
Nous devons donc tous prendre conscience de l’unité de la destinée humaine et du fait qu’il n’y a pas d’approche efficace des questions de paix et de sécurité autre qu’une approche collective, solidaire et multidimensionnelle.
Comme nous l’avons toujours souligné à diverses occasions, aucun d’entre nous ne peut jouir d’une paix durable si ce n’est dans la mesure où d’autres en jouissent.
Il est donc impératif de renforcer la coopération multilatérale et la solidarité internationale et d’œuvrer à la réforme de la gouvernance politique mondiale pour la rendre plus juste, plus équilibrée et plus représentative des pays les moins avancés et pour prendre en compte leurs droits et leurs priorités.
Appel à accorder un siège à l'Afrique au Conseil de sécurité
Dans ce contexte, je voudrais renouveler du haut de cette tribune la demande du continent africain de disposer d’un siège permanent au Conseil de sécurité pour lui permettre de faire entendre sa voix et d’assurer la prise en compte de ses priorités dans les agendas internationaux.
L’Union africaine compte sur le soutien des BRICS et du Sud en général pour concrétiser cette exigence.