
Elle revient chaque année pour promouvoir les droits des femmes et l’égalité entre les deux sexes, la Journée internationale des femmes est célébrée sous toutes les latitudes ou presque, y compris sous des cieux obscurcis par un rigorisme religieux guère libérateur.
Alors que l’Arabie saoudite est encore engluée dans un ultra-conservatisme archaïque, malgré le vent frais de la réforme qui souffle sur sa législation depuis l’automne dernier, des voix de Saoudiennes s’élèvent pour faire de ce 8 mars 2018 leur grande journée de lutte contre le prisme des idées reçues.
Elles sont avocates et n’ont de cesse de recommander à leurs concitoyennes de se familiariser avec la loi en vigueur, pour mieux connaître leurs droits et les faire valoir, Dima Talal Al-Sharif (photo ci-dessus), Riham Al-Saadi, Bayan Zahran ou encore Nasreen Alissa battent en brèche l’image de la femme saoudienne soumise, infantilisée et opprimée, pour valoriser son émancipation en marche.
Incarnation d’une nouvelle génération de femmes diplômées, ambitieuses et faisant carrière, elles s’emploient à tordre le cou aux stéréotypes pernicieux et louent les avancées notables dont bénéficie la gent féminine, sur le plan familial, social et économique.
A ceux qui douteraient encore de leur affranchissement de la tutelle masculine, elles rétorquent, sans effet de manche, que les femmes saoudiennes peuvent ouvrir leurs propres comptes bancaires sans avoir besoin de la permission de leur mari ou d’un proche, tout en dénonçant la désinformation distillée par les médias occidentaux.
« La loi sur les professions de santé en Arabie Saoudite stipule à l’article 19 que le patient a le droit de décider de la chirurgie, cela signifie qu’il s’applique aux deux sexes », a insisté Dima Talal Al-Sharif dans un entretien à Arab News, avant de se réjouir de la levée de l’interdiction de conduire, le 26 septembre 2017. Une victoire obtenue de haute lutte grâce à un décret royal historique.
« Les femmes saoudiennes peuvent désormais obtenir un permis de conduire sans la permission d’un tuteur légal », s’est-elle enthousiasmée, en précisant que depuis 2006, elles sont également autorisées à demander leur propre carte d’identité sans l’aval d’un tuteur.
« Selon les instructions du roi, les femmes saoudiennes seront bientôt autorisées à demander et à renouveler leurs propres passeports sans la permission du tuteur, et pourront même étudier à l’étranger et voyager seules, sans la permission de leur chaperon», a-t-elle ajouté, tandis que Riham Al-Saadi, qui a eu l’opportunité de parcourir le monde, corroborait ses dires.
Première femme saoudienne à avoir ouvert son cabinet d’avocats à Jeddah, en janvier 2014, Bayan Zahran se félicite doublement que ses consoeurs soient habilitées à plaider dans les salles d’audience depuis 2013, et que les femmes ayant la fibre entrepreneuriale puissent créer leur propre entreprise sans avoir besoin de l’approbation d’un mari, d’un frère, ni même d’un fils.
Aux esprits les plus sceptiques qui leur objectent la ségrégation sociale dont elles sont l’objet, elles répliquent que travailler est un droit fondamental octroyé aux femmes saoudiennes, et que l’idée très largement répandue selon laquelle la mixité entre les hommes et les femmes est formellement proscrite mériterait d’être plus nuancée, à l’épreuve de la réalité du terrain.
Parmi les autres idées fausses qui font littéralement bondir Riham Al-Saadi, d’autant plus qu’elles sont profondément enracinées dans les esprits, celle qui dépeint les Saoudiennes comme des recluses vivant cloîtrées dans leur maison, « cuisinant à longueur de temps et obéissant aux hommes », l’irrite au plus haut point. « C’est totalement faux ! » s’exclame-t-elle, renchérissant : « Heureusement, nous vivons nos vies au maximum, ce ne sont que des inepties et des mensonges ».
En ce 8 mars placé, pour elles, sous le signe de la réduction des préjugés fallacieux, Dima Talal Al-Sharif, Riham Al-Saadi, Bayan Zahran et Nasreen Alissa forment deux vœux : qu’un documentaire, honnête et rigoureux, leur soit consacré pour dissiper les fantasmes qui noircissent leur vie et l’image de leur pays, et que les médias jouent un rôle pédagogique en incitant leurs concitoyennes à découvrir l’étendue de leurs droits, encore trop largement méconnue à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières du royaume saoudien.
Oumma.com