Un militant anti-esclavagiste mauritanien a dénoncé, jeudi 8 septembre, àAbidjan « l’esclavage domestique » dans son pays et espère mobiliser les pays d’Afriquesubsaharienne contre ce qu’il qualifie de « racisme d’Etat ».
« La société civile africaine va faire pression sur les gouvernements du continent afin qu’ils puissent s’acquitter de leur devoir vis-à-vis des populations noires de Mauritanie, comme ils se sont acquittés de leur devoir envers les populations noires en Afrique du Sud du temps de l’apartheid », a déclaré Biram Ould Dah Ould Abeid, président de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA).
« Apartheid non écrit »
« On assiste à un apartheid non écrit implanté en Afrique de l’Ouest contre les Noirs par une minorité en Mauritanie » a ajouté M. Abeid, libéré en mai sur décision de la Cour suprême après environ dix-huit mois de prison pour avoir dénoncé la survivance de ces pratiques.
M. Abeid, dont l’ONG n’est pas reconnue par l’Etat mauritanien, a entrepris une tournée africaine qui l’a déjà conduit au Mali et au Sénégal. Il se rendra prochainement au Burkina et en Afrique du Sud pour obtenir l’appui des sociétés civiles africaines contre les « crimes esclavagistes » dans son pays.
« 20 % de la population mauritanienne sont toujours des esclaves par ascendance et sont attachés à la famille de leurs maîtres, astreints à travailler sans repos, sans soins, privés d’école, de mariage et de propriété », a-t-il dénoncé.
Dénoncer la Mauritanie
Cette tournée est également destinée à obtenir une « condamnation de laMauritanie » lors de la session de la Commission africaine des droits de l’homme et du peuple, prévue en octobre à Banjul, en Gambie, a précisé M. Abeid, candidat malheureux à l’élection présidentielle de juin 2014.
Treize militants anti-esclavagistes mauritaniens de l’IRA avaient été condamnés, le 18 août, à des peines de trois à quinze ans de prison par la cour criminelle deNouakchott.
Ils étaient accusés de « rébellion, usage de la violence, attaque contre les pouvoirs publics, attroupement armé et appartenance à une organisation non reconnue ».
L’esclavage a officiellement été aboli en 1981 en Mauritanie, mais certaines de ses pratiques perdurent, une situation dénoncée avec véhémence par l’IRA.
Les choses évoluent cependant : en août 2015 une nouvelle loi a été adoptée faisant de l’esclavage un « crime contre l’humanité » réprimé par des peines allant jusqu’à vingt ans de prison, contre cinq à dix ans auparavant.
Le Monde