
Un camp de réfugiés a été attaqué jeudi au Niger. Ce raid, attribué à des éléments d'al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) a fait 22 morts, tous exécutés, dans les rangs militaires nigériens.
Le Niger vient de connaître l'une des attaques les plus sanglantes de ces dernières années. Jeudi, le camp de réfugiés de Tazalit, à l'ouest du pays, a été la cible d'un raid conduit par une quarantaine d'assaillants.
Ces derniers, arrivés dans au moins quatre pick-up équipés d'armes lourdes, ont pris immédiatement d'assaut la petite garnison chargée de la surveillance des lieux. Au moins 22 soldats nigériens ont été tués, et cinq autres blessés dont un gravement. Selon une source nigérienne, les hommes ont été désarmés, puis exécutés d'une balle dans la tête. Seuls deux militaires, alors en patrouille, ont survécu. La lourdeur du bilan s'explique par l'horaire et l'ampleur de l'attaque contre ce poste très isolé.
Une opération de poursuite a été lancée par les forces nigériennes appuyées par les troupes françaises de l'opération Barkhane
Les assaillants, probablement affilés à al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), sont arrivés peu après la prière, à l'heure du déjeuner. «La garde a été surprise. C'est un poste où il ne se passait pas grand-chose.
Il est très probable que les terroristes avaient sous surveillance le camp depuis longtemps», explique une source proche du ministère de l'Intérieur. La défense de cette région avait par ailleurs été allégée ces derniers mois.
Des troupes avaient été déplacées ces dernières semaines et envoyées au sud, près de Diffa, pour contrer les islamistes nigérians de Boko Haram. «Nous avons trois conflits à nos frontières et nos effectifs sont réduits», rappelle cette même source.
Luttes intestines entre différents clans touaregs
Les djihadistes, pour la plupart des Touaregs venus du Mali selon des témoins, sont restés deux heures sur place, avant de prendre la fuite en emportant des vivres, des munitions et trois voitures. Une opération de poursuite a été lancée par les forces nigériennes appuyées par les troupes françaises de l'opérationBarkhane. Les terroristes auraient rejoint la frontière malienne distante d'environ 180 kilomètres.
Les raisons de cette violente attaque restent inconnues. Le Niger subit certes des infiltrations islamistes régulières, mais semblait se stabiliser. La dernière offensive notable remontait à octobre 2014 quand un autre camp de réfugiés, à Mangaize à la frontière malienne, avait été attaqué causant la mort de neuf soldats.
Reste que la Mali est depuis plusieurs semaines le théâtre d'un regain d'activités islamistes dans un contexte de luttes intestines entre différents clans touaregs. «Aqmi cherche de la publicité et à trouver là une occasion», analyse-t-on àNiamey. L'opération contre Tazalit pourrait être le signe de cette recrudescence et de la volonté de sécuriser le trafic de drogue.
Le camp est en effet situé non de la zone de Tasara, un couloir entre le Mali etLibye, utilisé par les passeurs. Elle intervient aussi au moment où l'Allemagnerenforce son effort pour lutter contre les djihadistes au Sahel. Berlin vient d'annoncer son intention de construire une base militaire au Niger. La chancelièreAngela Merkel est attendue dimanche à Niamey.
Le Figaro