
L’Union des Forces du Progrès (UFP) vient de tenir un bureau exécutif au cours duquel le parti a réussi à dépasser définitivement les fortes divergences provoquées par le boycott des législatives et municipales de l’année dernière.
L’UFP est l’une des rares formations politiques nationales qui possède un projet politique, un discours unificateur et une certaine manière de faire la politique. Ses dirigeants sont ceux là même qui avaient créé au milieu des années le MND (Mouvement national démocratique).
Une structure politique clandestine bâtie sur les cendres du MND historique, ce mouvement de protestation qui a marqué la fin des années 60 et le début des années 70 en Mauritanie. Ce parti, lâchons le mot, idéologique, né de la scission au sein de l’UFD-EN (la grande formation politique qui regroupait tous les visages de l’opposition au début des années), L’UFP était présenté comme un groupe d’amis qui s’entendaient sur tout.
Même s’ils ne parlent pas, parfois, la même langue. Un ancien dirigeant de l’UFD, l’ancêtre de tous les partis d’opposition, raconte qu’ils avaient une fois chargé deux personnalités du MND, un arabe et un negro africain, de leur faire une déclaration en arabe et en français. Sans se concerter, chacun des deux hommes a apporté une traduction de l’autre. C’est pour dire le degré de compréhension entre les gens de l’UFP.
Mais cette entente légendaire a été sérieusement affectée par la décision de boycott des élections législatives et municipales de 2013. Ce boycott a provoqué le départ de certains cadres du parti et a provoqué le mécontentement de certains de ses dirigeants et non des moindres : Mohamed Moustapha Ould Bedreddine et Kadiata Malik Diallo.
Deux anciens élus à l’Assemblée nationale qui ont laissé des impressions largement favorables dans l’opinion. Leurs interventions lors des plénières de la chambre basse, souvent pertinentes, étaient bien appréciées par les mauritaniens. Et auraient bien contribué à faire connaitre le parti et même a élargir sa base.
Ces deux dirigeants de l’UFP militaient ardemment en faveur de la participation et justifiaient leur position par la nécessité de ne pas perdre la tribune du parlement pour continuer d’être audibles auprès des ‘’masses’’. Et surtout pour rester à côté des militants.
D’autant plus, disent-ils, qu’il s’agissait de scrutins locaux dont le boycott est politiquement ‘’incorrect’’. Il faut dire que ce boycott avait fait perdre à l’UFP une mairie historique : Moyt (département de Monguel). Une sorte ‘’Porto Alegre’’ de l’UFP.
Face à eux, une grande partie de la direction de l’UFP regroupée autour de son président, Mohamed Ould Mouloud. Ils estiment qu’il n’y a pas lieu de consolider le pouvoir de Ould Abdel Aziz à travers la participation à une quelconque consultation électorale dont les règles sont établies pour lui-même. Donc la chance de victoire pour ses adversaires est nulle.
L’un d’eux va même plus loin pour expliquer que la participation avec lui rappelle l’intégration du MND historique au PPM, qui a fini par changer les arrivants et non pas le système du président…
Quoi qu’il en soit, ce débat s’est prolongé à l’UFP durant tous les derniers mois et paraissait sans issue. Chaque campait sur ses positions. On commençait même à évoquer des problèmes personnels insolubles qui dépasseraient les simples divergences au niveau des idées ou des positions politiques pour atteindre la confiance entre les hommes.
Cette situation de quasi crise a marqué les débats et les réunions simples du parti pendant tout le temps, à tel point que la scission ou le divorce semblaient parfois très envisageables. Même au cours des dernières assises du bureau exécutif, lors du weekend passé, les échanges étaient chaux…
Pourtant, en fin de compte, les deux parties ont trouvé un compromis pour dire qu’il y avait des points positifs et d’autres négatifs dans leur position par rapport aux élections municipales et législatives de 2013.
Et que le parti doit désormais œuvrer à la solution de la crise politique que traverse le pays. Presque la position de toujours de ce groupe ou parti qui ne possède pas beaucoup de militants sur le terrain mais qui possède quand même la capacité de proposer sur le plan politique. Une qualité utile par les temps qui courent marqués par une absence totale d’offre politique.
Ould Bladi
RMI Biladi