Mauritanie : les handicaps héréditaires marginalisent le village de Jedda

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dim, 2015-11-01 12:17

Au nord de Nouakchott, à 235 km environ sur la Route de L’espoir reliant la capitale mauritanienne au fin fond des provinces nord, se situe le village de Jedda dont la plupart des habitants vivent dans des conditions humanitaires extrêmement difficiles à cause des infirmités physiques et mentales qu’ils se transmettent de génération en génération, ce qui provoque chez eux très tôt l’incapacité d’accomplir les fonctions naturelles élémentaires.

En marge de la vie, ces personnes invalides vivent sous les tentes et les paillottes d’un quartier rural où n’existent pas les centres de soins et de réhabilitation des personnes handicapées. Leur unique ressource pour tenir encore à la vie, malgré leur malheur, demeure la soumission fataliste au destin.

Parmi les habitants de ce quartier oublié, Esselma Ment Werzek qui, au seuil de la quarantaine, vit avec des infirmités motrices aux membres qui l’empêchent d’assumer la plupart de ses besoins personnels.

Esselma affirme que son handicap est apparu de façon progressive à l’aube de ses vingt ans et qu’aujourd’hui, avant même qu’elle n’achève la quarantaine, elle risque de devenir totalement tétraplégique.

Elle précise que de nombreuses personnes de son entourage sont atteintes d’infirmités multiples dont la cécité, la paralysie et la maladie de Parkinson. Mais quand vous lui demandez la cause de toutes ces maladies, elle répond sans hésiter : « C’est le destin ! ».

Le cas d’Esselma n’est pas bien différent de celui de Sidi Weld Aline, un jeune de vingt-sept ans qui travaillait comme boucher avant qu’il ne se mette à perdre beaucoup de poids, qu’il ne perde la vue et qu’il ne soit atteint de tremblement au niveau des mains, ce qui l’a contraint à arrêter le travail grâce auquel il subvenait à ses besoins et aspirait à fonder une famille.

Sidi se remémore amèrement les années révolues où il jouissait d’une bonne condition physique. Il explique que dès les premiers signes de la maladie, il s’était contenté de se faire soigner chez les maîtres spirituels et quelques guérisseurs de la médecine traditionnelle, sans se faire ausculter par des spécialistes de la médecine moderne.

Après avoir espéré retrouver la santé, ses espérances se sont réduites au néant et il n’a plus aujourd’hui qu’à assumer son destin. Il a enfin lancé un appel aux autorités officielles pour qu’elles fassent preuve de discrimination positive à l’égard des personnes handicapées en leur assurant les moyens de réhabilitation nécessaires pour que la réalité vécue au village soit améliorée et que change enfin le regard que la société leur porte.

Esselma et Sidi ne sont que deux échantillons représentatifs de nombreux autres cas vivant dans ce village paisible en ayant en commun une situation tragique dont les causes, les aspects et les conséquences varient selon le nombre des victimes, leur sexe et leurs tranches d’âge.

Il n’existe pas de statistiques ni de données officielles renseignant sur leur nombre, de même que leur manque de moyens financiers ne leur permet pas de se faire soigner dans les hôpitaux.

Des subventions de la part du gouvernement

Malgré l’absence de chiffres officiels précis fixant le nombre de personnes invalides au village de Jedda, des efforts ont été fournis par les autorités pour leur venir en aide.

En effet, les familles des personnes handicapées ayant de faibles revenus ont bénéficié de dons financiers et alimentaires, ainsi que de l’établissement d’un comité des affaires sociales au sein du dispensaire régional situé au chef-lieu de la province et travaillant sous la tutelle du Ministère des Affaires Sociales.

Ce comité comporte, en plus de la coordinatrice régionale des affaires sociales, des membres élus et des médecins. Selon les autorités, il a pour mission de prendre en charge les frais de soins des personnes démunies.

La coordinatrice régionale des affaires sociales à la province de Brakna, Toutou Ment Yaakoub, assure qu’en collaboration avec les partenaires du comité, de nombreux services sanitaires et alimentaire ont été fournis aux habitants du village et qu’après avoir réussi à procurer aux handicapés nombre de fauteuils roulants et de cannes, ils cherchent maintenant à obtenir des subventions qui leur permettraient d’organiser des consultations médicales gratuites et de distribuer des médicaments à domicile.

Par ailleurs, Ment Yaakoub appelle tous les intervenants du domaine caritatif et humanitaire, associations et ONG s’intéressant aux handicapés et aux cas humanitaires spécifiques, à coordonner leurs efforts avec son établissement afin que les efforts ne soient pas éparpillés et que les habitants des zones rurales et des régions menacées profitent au mieux de chaque intervention à venir.

Avis médical

Les médecins certifient que les infirmités héréditaires ont plusieurs causes dont certaines sont innées et d’autres acquises. Ils assurent aussi que la médecine moderne n’a pu cerner que 25% de ces causes et que les 75% qui restent demeurent encore inconnues.

Le médecin généraliste Abdallah Weld Said affirme que parmi les origines du mal se trouvent les mariages consanguins et les pathologies de la femme enceinte, de même que certains facteurs acquis, tels que la socialisation et les comportements environnementaux sont impliqués à leur tour.

Weld Said nuance cependant en précisant que si les handicaps héréditaires du village de Jedda trouvent leur origine dans les mariages consanguins où les infirmités se transmettent de pères en fils, ils sont aussi parfois dus à d’autres atteintes génétiques sans rapport avec la consanguinité du couple.

Il impute enfin la propagation du phénomène en Mauritanie à l’absence de dépistage médical prénuptial tel que c’est pratiqué dans de nombreux pays.

 

DuneVoices