Le groupe Etat islamique (EI) a revendiqué dimanche un attentat à la voiture piégée qui a tué le gouverneur de la province d'Aden, dans le sud du Yémen ravagé par une guerre qui profite de plus en plus aux jihadistes.
C'est un nouveau camouflet pour le président Abd Rabbo Mansour Hadi qui a été incapable de sécuriser Aden, nom de la province et de la deuxième ville du Yémen, reconquise en juillet par ses partisans et une coalition de forces anti-rebelles.
La puissante explosion dimanche, qui a coûté la vie au gouverneur d'Aden Jaafar Saad et à au moins six gardes du corps, est la deuxième action spectaculaire de l'EI contre des symboles de l'Etat à Aden où des jihadistes d'Al-Qaïda sont très actifs depuis l'été.
L'EI, en compétition avec Al-Qaïda, a annoncé avoir fait exploser une voiture piégée au passage du convoi du gouverneur d'Aden à Tawahi, quartier central de la ville situé non loin du QG de la 4e région militaire.
Dans son communiqué signé "Wilayat Aden/Abyane", deux provinces du sud duYémen, l'EI affirme avoir tué, outre le gouverneur, huit gardes du corps, et menace de lancer d'autres attaques.
Le chef des forces de sécurité à Aden, le général Mohamed Moussad, a fait état de sept morts dans l'attentat: le gouverneur et six gardes du corps.
Quelques heures plus tard, des hommes armés ont tué par balle un officier de police, le colonel Antar Al-Bakhchi, dans un quartier de l'ouest d'Aden avant de s'enfuir, a indiqué à l'AFP un responsable de la sécurité.
Proche du président Hadi
Jaafar Saad avait pris récemment ses fonctions de gouverneur d'Aden. Il était proche du président Hadi qui s'est réinstallé à la mi-novembre dans cette ville avec l'ambition de sécuriser les cinq provinces du sud, reconquises cet été par ses partisans.
M. Hadi s'était exilé pendant plus de six mois en Arabie saoudite. Aden est pour lui la capitale "provisoire" du Yémen, la vraie capitale Sanaa étant aux mains depuis septembre 2014 de rebelles chiites Houthis pro-iraniens, qualifiés de"putschistes".
M. Hadi a reçu samedi le médiateur de l'ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed qui s'est rendu pour la première fois à Aden. Cette activité diplomatique était destinée à relancer les pourparlers de paix entre pouvoir et rebelles, probablement à la mi-décembre à Genève.
Le meurtre de Jaafar Saad marque la deuxième attaque meurtrière de l'EI à Adenqui était la chasse gardée d'Al-Qaïda, réseau jihadiste responsable ces dernières années d'une vague de violences particulièrement sanglantes au Yémen.
L'EI a revendiqué le 6 octobre quatre attaques suicide ayant fait 15 morts contre le siège du gouvernement provisoire et des sites militaires de la coalition arabo-sunnite, intervenue fin mars au Yémen pour contrer une offensive rebelle chiite.
L'EI a aussi affirmé avoir tué 50 soldats dans une attaque le 20 novembre auHadramout (sud-est).
Les Chiites, cibles de l'EI
Le groupe jihadiste avait signé ses premiers attentats au Yémen en attaquant le 20 mars plusieurs mosquées chiites à Sanaa (142 morts).
Ses attaques contre les lieux de culte chiites, notamment à Sanaa, ont fait au total 238 morts, selon un décompte de l'AFP.
Tawahi est connu comme étant un fief de jihadistes, de plus en plus visibles dans divers quartiers d'Aden que les autorités peinent à sécuriser.
La situation est très tendue dans ce quartier, théâtre samedi d'échauffourées entre des combattants d'Al-Qaïda et des membres de la police militaire, selon des habitants.
Samedi, le président d'un tribunal chargé des affaires de terrorisme, Mohsen Mohamed Alwane, et quatre de ses gardes du corps, qui circulaient à bord d'une voiture à Al-Mansoura, un autre quartier d'Aden, ont été tués par des hommes armés.
Un officier de la police, le colonel al-Khadher Ali Ahmed, a également été abattu à Aden.
Ces attaques n'ont pas été revendiquées.
Le Yémen, pays pauvre de la Péninsule arabique, est ravagé par des combats entre les forces loyalistes soutenues par la coalition arabe et les rebelles chiites Houthis qui se sont emparés de vastes régions, dont la capitale Sanaa. Selon l'ONU, ce conflit a fait plus de 5.700 morts, dont près de la moitié des civils, depuis mars.
AFP