Depuis la diffusion et le partage à grande échelle de ses vidéos de campagne qui ont interpellé et scandalisé l’opinion nationale, l’ex colonel Cheikh Ould Baya observe encore un étrange mutisme. Lui, qui alors qu’il était soumis au devoir de réserve s’empressait de répondre par écrit à tout va, se drape aujourd’hui dans un silence gêné et ce alors qu’il est l’objet de critiques et de dénonciations tous azimuts.
Seuls quelques rares journalistes grassement rétribués, et certains obligés essaient tant bien que mal de contenir ce véritable ressac mais ce faisant leurs écrits ne font qu’enfoncer encore plus leur « client ».
Admettons que nous avons tous, mal interprété les propos de Cheikh Ould Baya. Admettons que Cheikh Ould Baya est le plus patriote parmi les plus patriotes des mauritaniens. Admettons que Cheikh Ould Baya est le sauveur du secteur des pêches, que dis-je de toute la Mauritanie et même de tout l’univers.
Admettons que Cheikh est le plus altruiste de tous les altruistes, le plus généreux de tous les généreux, le plus juste de tous les justes et que tapis derrière chaque buisson de la Mauritanie se trouve une centaine d’individus qui le jalousent (Hissadou).
Admettons que sans lui une flottille de bateaux européens et chinois aurait pillé sans vergogne les richesses halieutiques de la Mauritanie. Admettons enfin que tous ceux qui le dénoncent actuellement ne sont que des suppôts du colonialisme à la solde de Bruxelles ou de quelques armateurs eux même à la solde de l’Union européenne.
Il suffit pourtant que Cheikh se saisisse de sa belle plume habituelle, dont il nous sevré depuis quelques temps pour leur clouer le bec à tous.
Selon le décret dont se prévalent les défenseurs de Cheikh Ould Baya, en l’occurrence le décret 2009/053 abrogeant et remplaçant le décret N°033/96 du 22 Avril 1996 modifiant les dispositions de l’article 21 du décret 100-89 du 26 Juillet 1989 portant règlement général d’application de l’ordonnance 88-144 du 30 octobre 1988 portant code des pêches maritimes : » les produits des amendes pénalités et confiscations prononcés pour infraction aux dispositions de l’ordonnance 88-144 du 30 octobre 1988 et à ses règlements d’application est affecté comme suit :
- 52% au budget de l’Etat
- 48% à la délégation à la surveillance des pêches et au contrôle en mer(DSPCM) répartis comme suit :
- 10% au fonds de promotion de la pêche et de la surveillance Maritime ;
- 18% à l'intéressement des fonctionnaires et agents de constatation et de répression des infractions au code des pêches (aux saisissants et intervenants)
- 20% à un fonds de lutte contre la fraude et la pêche illégale. »
Selon Cheikh Ould Baya, ces 48% représentent 3 à 4 milliards d’ouguiyas par an entre 2005 et 2010.
Passons sur le fait que selon le site de la DSPCM le Montant total des amendes pour 2005 est de : 955 .340.833 ouguiya et le montant des amendes prononcées en 2006 est de : 2.029.850.000 ouguiyas et passons aussi sur le fait que ce décret ne date que de 2009 soit une année avant le départ de Ould Baya.
Et supposons qu’avec son don d’ubiquité habituelle il ait pu appliquer un décret de 2009 sur la période entre 2005 et 2010 et qu’il ait amassé comme il le prétend entre 3 et 4 milliards par an pour la même période.
Il suffit que l’ex directeur de la DSPCM produise un document qui montre que par exemple, les 20% du fonds de lutte contre la fraude et la pêche illégal ont bien été déposés dans un compte du Trésor ou d’une banque primaire et affectés à cet effet.
Et à postériori si on considère que Cheikh Ould Baya n’a fait que répartir les 18% qui lui appartiennent lui et les fonctionnaires et agents de constatation et de répression alors là on revient à la case départ et Cheikh devra pouvoir justifier la fortune colossale qu’il a accumulé et qu’il ne prend même pas la peine de cacher.
Car 18% représenteraient à peine 1,2 milliards par an ce qui vous en conviendrez avec moi ne pourrait même pas acheter la brigade de BTP que Ould Baya a avoué dans la même vidéo avoir acquis.
Cheikh Ould Baya a réussi à transformer la visite du président Aziz à Zouérate en une sorte de soutien implicite à sa « cause » risquant au passage d’égratigner l’image d’un président qui se veut chantre de la lutte contre la prévarication et la gabegie.
Mais l’opinion publique elle, elle s’est déjà fait une opinion. Ceux qui aujourd’hui, dans l’impunité totale se remplissent sans vergogne les poches doivent savoir que comme le dit si bien l’adage maures « Eyd Oum Sareg ma tem ella mzagherta » ce qui pourrait se traduire approximativement par, le voleur finit toujours par payer pour son forfait !
Pour notre part bien avant de parler des négociations avec l’Union européenne voici ce que nous écrivions le 8 juillet 2014, le lendemain de ce fameux meeting : « la Mauritanie est sans doute le seul pays au monde où, un militaire ou un haut fonctionnaire, encore en exercice peut se vanter publiquement de s’être enrichi sans déclencher un tonnerre de réprobation.
Parlant lors d’un meeting électoral à Zouérate, Cheikh Ould Baya a admis avoir fait fortune mais il a avancé l’explication que « son argent» il l’a eu grâce à la sueur de son front : « J’ai été de 2005 à 2010 Délégué Chargé de la Surveillance Maritime (DSPCM) et cela m’a conféré des avantage légaux que tout le monde peut vérifier au Trésor public » (sic).
(Voir le lien http://mauriweb.info/index.php/tribunes/2868-cheikh-ould-baya-evalue-lac...). La différence c’est que maintenant il y a la vidéo, c’est donc de la pure mauvais foi de nous accuser d’attaquer notre « négociateur en chef » pour affaiblir sa position dans un moment crucial.
BC
Traduction fidèle des propos tenus en hassanya par Cheikh Ould Baya
« Depuis que je suis dans cette marche il y a des gens ici et aussi à Nouakchott qui demandent, mais où est ce qu’il a trouvé tout argent ?
Ce avec lequel il fait tout ça, où l’a-t-il trouvé ?
Je vais vous le dire moi.
Lorsque nous avons trouvé à la pêche une pagaille, la loi a commencé à être appliquée, les européens (Nssara) ont commencé à payer des amendes lorsqu’ils commettent des infractions à la pêche, certaines de ces amendes atteignent 200 millions ou 150 millions d’ouguiyas.
Ça vous ne le savez pas, mais ce que vous ne savez pas c’est que ces amendes celui qui les a réalisées en touche un pourcentage de 48 % et c’est la loi qui les lui donne et il les prend auprès du trésor public.
De 2005 à 2010 c’est moi qui dirigeais la surveillance et chaque année nous obtenions ces 48 % qui représentent des milliards d’ouguiyas. Chaque année nous trouvions entre 3 et 4 milliards d’ouguiyas. Ça c’est écrit auprès du Trésor et signé et c’est la loi qui nous le donne et c’est moi qui suis responsable de sa distribution.
Les gens qui travaillent avec moi, negro-mauritaniens (Kwars) et Maures ont construit des maisons, sont allés en pèlerinage, ont acheté des voitures et ont soignés leurs parents et sont allé à l’étranger et moi aussi je me suis rempli d’argent, je vous le dis, je ne le cache pas, mais un argent que m’a donné la loi et que j’ai amassé à la sueur de mon front.
Au lieu que d’autres se faisaient corrompre avec dix ou cinq millions je suis venus moi et j’ai appliqué la loi, la Mauritanie s’est remplie d’argent et moi aussi je me suis rempli d’argent, moi et le groupe qui est avec moi.
Ça j’ai voulu le dire ici à Zouérate pour vous éclairer sur l’origine de ma fortune pour que tout soit clair. »
Mauriweb