LaMauritanie va exporter à partir de décembre 2014, son excédent d’énergie électrique au Sénégal, pour permettre à ce pays de « résoudre le problème de ses coupures d’électricité ».
C’est la déclaration que vient de faire MmeMaïmouna NDoye Seck, ministre sénégalais de l’Energie et du Développement des Energies Renouvelables, en marge de la signature du contrat de deux ans qui vient de lier la Somelec et la Sonelec. Pendant, ce temps, les habitants de Nouakchott vivent sous la chape clinique des coupures d’électricité et une large partie du territoire vit encore dans l’obscurité.
Un contrat de vente d’excédent d’énergie électrique mauritanien au profit du Sénégal vient d’être signé entre les sociétés nationales des deux pays chargés de la distribution de l’électricité, la Société mauritanienne d’électricité (Somelec) et la Société de distribution de l’énergie électrique au Sénégal (Senelec).
Ce contrat d’une durée de deux années permettra ainsi à la Senelec de puiser auprès de la Somelec 20 MW au prix de 101, 25 francs cfa par KWH, et cela, à partir de décembre 2014. Pour le ministre sénégalais de l’Energie, MmeMaïmouna NDoye Seck, cette énergie achetée auprès de la Mauritanie va permettre à son pays de résoudre ses problèmes de coupure d’électricité.
C’est en novembre 2012, lors de l’inauguration de deux nouvelles centrales électriques à Nouakchott, que l’ancien ministre du Pétrole et de l’Energie, Taleb Ould Abdi Vall, avait indiqué pour la première fois que la Mauritanie allait exporter son surplus d’énergie vers ses deux pays voisins, le Sénégal et le Mali. Une perspective qui avait réconforté ces deux Etats, notamment le Sénégal qui est confronté à de très fréquentes coupures d’électricité, mettant en péril les secteurs industriels et artisanaux.
Les autorités mauritaniennes pensaient en effet pouvoir réaliser leurs ambitions sous-régionales, avec ces deux centrales qui produiront ensemble 135 mégawatts, pour un coût global de 147, 5 Millions d’euros. Ainsi, dès la mi-octobre 2012, le Sénégal avait déjà conclu un accord, sur la base de la ligneOMVS, avec la Mauritanie en vue de l’achat de l’électricité mauritanienne. L’accord qui devait entrer en vigueur en 2015, a été ainsi finalement avancé pour fin décembre 2014.
La Mauritanie devait à ce titre fournir à la partie sénégalaise 80 et 100 Mégawatts. En signant ces jours-ci un contrat avec le Sénégal d’une capacité de 20 Mégawatts, les autorités mauritaniennes ont dû revoir leurs ambitions très à la baisse. La raison serait certainement l’incapacité de la Somelec à libérer les quantités préalablement promises du fait des difficultés de distribution qui se manifesteraient depuis plus d’un mois par un rationnement drastique de l’électricité à Nouakchott. Les coupures quasi quotidiennes de l’électricité expliqueraient en effet la baisse des ambitions de la Mauritanie à exporter une énergie dont elle semble à priori déficitaire.
Les observateurs s’expliquent aussi mal la précipitation à signer un tel contrat de cession électrique au Sénégal, dans la mesure où ce transfert devait se faire à partir de l’électricité produite à partir du gaz de Banda, et que le Conseil d’administration de la Banque mondiale s’était engagé à garantir à hauteur de 261 millions de dollars U.S.
Aux termes de ce projet visant à alimenter le Sénégal et le Mali à partir de l’énergie électrique de Mauritanie, ces trois pays devaient bénéficier respectivement de 32 millions, 99 millions et 130 millions de dollars U.S des fonds de garantie. Un fonds auquel devait s’ajouter des investissements de 585 millions d dollars assurés par l’Agence multinationale de garantie et d’investissement.
Les analystes prévoient que ce projet énergétique tripartite aura un impact important sur le plan géopolitique et diplomatique. Seulement, le projet d’électricité gazier de Banda n’a pas encore démarré, ce qui sous-entend que le présent contrat signé avec le Sénégal porterait sur l’énergie traditionnelle disponible et que la Mauritanie a mal à fournir pour sa consommation intérieure.
En plus de Nouakchott qui vit au rythme des coupures quotidiennes, plusieurs villes de l’intérieur connaissent le même déficit électrique, alors qu’un grand pan du territoire n’est pas encore couvert par le réseau. « Charité bien ordonnée commençant par soi-même », beaucoup de citoyens trouvent que les 20 MGW qui iront au Sénégal se feront au détriment de la consommation nationale, déjà assez insuffisante.
Cheikh Aïdara
L'Authentique