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La Gambie et le Sénégal ont officiellement relancé leurs relations. Après 22 ans de tension durant l’ère Jammeh, la venue d’Adama Barrow en visite officielle durant trois jours a permis d’inscrire dans le marbre ce retour à la normale. Pour marquer l’évènement, des annonces ont donc été faites ce samedi 4 mars.
Quatre pages, 14 points. Le communiqué qui scelle définitivement la reprise de relations normalisées a été signé en début d’après-midi par les deux ministres des Affaires étrangères, le Gambien Ousainou Darboe et le Sénégalais Mankeur Ndiaye.
Les deux pays veulent faire mettre en place un modèle de partenariat. Un conseil présidentiel est donc créé, il se réunira tous les 6 mois et il permettra de définir les axes de travail dans chaque ministère.
Concrètement trois accords ont été signés : le premier sur la défense et la sécurité, le Sénégal continuera d’aider à la sécurisation de son voisin. Le second concerne le tourisme, point fort de l’économie en Gambie qui pourrait apporter son savoir-faire au Sénégal. Le dernier vise à renforcer les représentations consulaires.
Objectif à court terme fixé : finir le pont Trans-Gambie qui permettra de traverser plus facilement la Gambie pour aller en Casamance. Au niveau économique, les restrictions imposées par le régime Jammeh aux pécheurs sénégalais opérant en Gambie sont levées.
Si les relations sont donc excellentes entre les deux présidents Barrow et Sall, des points resteront à clarifier dans les prochains mois. Les accords bilatéraux sur la justice, les transports et la forêt - Dakar lutte contre le trafic de bois et, à Banjul, les nouvelles autorités sont pour une régularisation de ce commerce - sont toujours en discussion.
■ Trouver un terrain d'entente sur le problème du trafic de bois
Si le Sénégal est pour une lutte permanente contre le trafic, coté gambien, Adama Barrow milite visiblement pour une réorganisation du commerce comme l'a expliqué le président Macky Sall. « Si nous pouvons organiser le secteur de façon à éviter la destruction de la forêt casamançaise, nous pourrons arriver à assainir le secteur et donc permettre une activité licite. Le président l’a bien posé et nous l’avons entendu. »
En attendant un accord, la coupe des troncs se poursuit. Deux essences sont trafiquées : le rônier qui sert à la construction des bâtiments en Gambie et le plus noble bois de vène, exporté massivement vers la Chine.
Ancien ministre de l'environnement, Haidar El Ali dénonce ce trafic depuis plus de 20 ans et milite pour une harmonisation des politiques. « Nos réseaux nous informe que les trafiquants en sont toujours là. Au Sénégal, la loi interdit d’importer le bois de vène. Il suffirait que la Gambie interdise d’exporter le bois de vène. Les populations doivent se sentir concernées et élire le gouvernement en dénonçant ces trafiquants, parce que quand on trafique le bois, on installe le désert. »
En 2015, la douane chinoise a confirmé l'importation depuis la Gambie de 140 milliards de Francs CFA, plus de 210 millions d'euros, de bois de vène. Une essence qui a disparu en Gambie et qui est donc pillé au Sénégal.
RFI