Le chef de l'Armée islamique du salut (AIS), ancien bras armé du Front islamique du salut (FIS, dissous), Madani Mezrag, a annoncé samedi qu'il allait déposer une demande pour la création d'un nouveau parti politique, dans l'idée de participer aux législatives de 2017.
L'AIS a décidé de se transformer en mouvement politique ouvrant ses portes à tous les Algériens, a expliqué au quotidien El-Khabar l'ancien chef de maquis dont la tête fut mise à prix pendant plusieurs années, avant d'être gracié.
Le Front algérien pour la réconciliation et le salut (FARS) va déposer son dossier d'agrément au ministère de l'Intérieur et organisera son congrès constitutif en invitant les anciens dirigeants du FIS à ces assises, a poursuivi Madani Mezrag.
Le FIS, qui militait pour l'instauration d'une République islamique en Algérie, a été dissous en 1992, en appelant à la lutte armée, après la décision du régime d'annuler les résultats des législatives qu'il venait de remporter. L'AIS a été créée un an plus tard.
En 1997, M. Mezrag avait conclu une trêve avec l'armée et les milliers de membres de l'AIS avaient déposé les armes. Ils avaient ensuite été amnistiés dans le cadre de la politique de réconciliation nationale du président Abdelaziz Bouteflika dans les années 2000.
Madani Mezrag, 56 ans, avait reconnu l'année dernière sur une chaîne de télévision avoir tué de ses mains un soldat et ordonné de nombreuses embuscades contre les forces de sécurité.
Son annonce samedi a provoqué la consternation dans les milieux anti-islamistes, nombreux à s'exprimer sur les réseaux sociaux et à dénoncer cette farce, calembour de FARS, l'acronyme du parti envisagé.
Interrogé à ce sujet, le ministre de l'Intérieur Nouredine Bedoui a répondu que les lois de la République seraient appliquées scrupuleusement.
Le ministère de l'Intérieur ne fonde pas ses réponses sur de simples intentions, il y a des lois à appliquer, a-t-il dit cité par APS.
En vertu de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, M. Mezrag ne peut pas entrer dans la vie politique.
Selon ce texte en effet, l'exercice de l'activité politique est interdit, sous quelque forme que ce soit, pour toute personne responsable de l'instrumentalisation de la religion ayant conduit à la +tragédie nationale+, un terme qui désigne la décennie de guerre civile.
Toutefois, ajoute la charte, le Président de la République peut, à tout moment, prendre toutes autres mesures requises.
Il faudrait donc une modification de la loi pour rendre possible la création du parti envisagé par l'ex chef de l'AIS.
AFP