Mauritanie : le général Aziz sous tension

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lun, 2015-05-18 08:47

 Alors que les médias régionaux bruissent de mille rumeurs sur son intention de se représenter en 2019 au mépris des dispositions constitutionnelles (http://rapideinfo.net/node/1781), le Président Mauritanien Mohammed Ould Abdelaziz s’est livré à une attaque en règle contre les « médias occidentaux », suite à la résurgence de l’affaire dite du « Ghana Gate».

Le général Aziz est soupçonné d’avoir joué un rôle actif dans cette ténébreuse affaire de blanchiment de faux dollars en 2005 selon l’ONG française Sherpa qui a pu authentifier sa voix sur des enregistrements clandestins.

A ce titre, le général Aziz a effectué une confusion à propos des médias ayant relayé cette information, accusant le site électronique Mondafrique(www.mondafrique.com), appartenant au journaliste d’investigation françaisNicolas Beau, d’être à l’origine de ces nouvelles révélations.

En réalité, c’est la section « Afrique » du quotidien « le Monde », dans un article daté du 24 avril 2014, qui a révélé que la voix du Président Mauritanien avait pu être authentifiée « sans aucun doute » par un expert agréé auprès de la cour de cassation sur les enregistrements clandestins (http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/04/24/en-mauritanie-l-opposit...).

Cette affaire du « Ghana Gate » revient sur le devant de l’actualité à un moment de tension particulier entre le pouvoir mauritanien et les médias de manière générale, le général Aziz ayant procédé le mois dernier en direct à l’interruption d’une conférence de presse donnée à la presse mauritanienne, après avoir été mis en difficulté par un journaliste local.

Pour les observateurs du dossier mauritanien, l’on assiste donc à une escalade graduelle entre le pouvoir et les médias depuis qu’il n’est plus clair si le PrésidentAziz souhaite véritablement se succéder à lui même lors des prochaines échéances électorales.

De même, les suites judiciaires de l’affaire du « Ghana Gate » sont également de nature à tendre le régime du général Aziz, qui craint que cette affaire ne vienne ternir durablement l’image du Président.

En parallèle, de nombreux intellectuels et des personnalités de la société civile mauritanienne on multiplié les interventions publiques ces dernières semaines pour dénoncer la dérive autoritaire du régime.

Parmi eux, l’ancien bâtonnier Maître Ahmed Salem Bouhoubeyni, qui s’est fendu d’un réquisitoire implacable et a symboliquement ôté sa robe d’avocat pour dénoncer « l'absence d'une volonté politique tendant à améliorer ce secteur central (la justice) dans une démocratie ». Relayée par les réseaux sociaux, http://www.cridem.org/C_Info.php?article=669383, la diatribe de l’ancien premier avocat de Mauritanie a eu un écho très fort dans les cercles de pouvoir mauritaniens.

Autre prise de position forte, celle de Cheikh Sid’Ahmed Ould Babamine, président du Forum National pour la démocratie et l’Unité (FNDU), qui a signé une tribune intitulée « Le Mépris, jusqu’où et jusqu’à quand »(http://www.cridem.org/C_Info.php?article=669185) n’hésitant pas à faire le parallèle entre le général Aziz et le colonel Kadhafi ou le tunisien Ben Ali.

Selon les experts de la Mauritanie, tous ces éléments concourent à une mise sous pression du général Aziz, qui fait craindre une radicalisation de ses comportements vis-à-vis de ses adversaires politiques.

Pour ce visiteur du soir du palais Présidentiel « L’homme a tendance à tout placer sur le plan du rapport de force, et il pense qu’il est en sa faveur en ce moment, or la société civile mauritanienne montre des signes d’agacements très forts ». 
Affaire à suivre…

 

Afriqueinfos