On est finalement unanime, au sein du forum national pour la démocratie et l’unité FNDU, sur le principe du dialogue. On s’est même entendu, dit-on, sur la discussion, sinon l’évocation avec quelque atténuation près de la question des préalables. Les pôles constituant le FNDU devront se réunir après une semaine – le temps que les autres pôles non politiques étudient le document cadre- pour avancer vers le dialogue proprement-dit. C‘est-à-dire entrer dans le vif du sujet.
Tout n’est pas gagné. La rencontre que le président a organisée, mardi dernier, avec les parlementaires a suscité bien des inquiétudes et beaucoup d’interrogations. Elle aurait permis au moins de donner une piste, désormais, bien possible à la raison même tant méditée, sans réponse évidente, à l’intérêt pour un tel dialogue.
La question d’un amendement constitutionnel, selon le président de la République, cité par l’agence mauritanienne d’information ( AMI), serait bien envisageable. L’organe de presse gouvernemental rapporte que ‘’le Président de la République a indiqué que la constitution ne peut être modifiée que par referendum…’’ et d’ajouter, par la suite ‘’ qu’en tant que garant de la constitution, il promet de ne modifier ce document que pour l‘intérêt suprême de la Nation.’’
Sans trop faire dans l’exégèse de la Constitution, les choses, pour l’homme dont le mandat présidentiel arrive à échéance en 2019, sont assez clairs. ‘’ Un intérêt suprême de la Nation’’ lui donne droit, à lui en tout cas, d’amender la Constitution. S’entendre, alors, sur la notion de l’intérêt suprême de la Nation est une autre affaire.
Chacun y va de son entendement. En tout cas, il a bien dit qu’il promet de ne pas modifier ce document (la Constitution, ndlr) que pour l’intérêt suprême de la Nation. C’est comprendre qu’il en a la capacité. Le référendum serait, peut-être, le moyen.
L’évocation de la question de l’amendement constitutionnel n’a pas échappé aux opposants du FNDU. Pour eux, ‘’Mohamed Ould Abdel Aziz doit parachever son dernier mandat et déguerpir. Toute autre option serait tout simplement assimilable à un coup de force. Elle porterait un seul nom et un seul : Un coup d’Etat.’’ Mais, au sein du FNDU, on n’est pas trop pressé de savoir. ‘’Le temps finirait bien par dévoiler ses cartes.’’
Jouer, manœuvrer : Un Sport favori
Peut-être, aussi, c’est encore plausible, pour certains, que Mohamed Ould Abdel Aziz serait en train de jouer. Juste manœuvrer pour son passage à l’après présidence. Lever la barre très haut, en suggérant tacitement son droit à faire prévaloir ‘’ l’intérêt suprême de la Nation’’, pour amender la Constitution. Dont l’amendement ouvre le boulevard à tous les schémas.
Question de faire craindre le pire à une opposition, qui n’a pas trop su le supporter, ni le porter dans son cœur, deux mandats de suite. Et par-delà, serait-elle, pourquoi pas, selon lui, encline à lui offrir une sortie sans risque. Doublée d’une impunité irrévocable. Possible. Il y a beaucoup d’intérêt en jeu, qu’il est difficile de ressortir avec une lisibilité nette de la situation.
En tout cas, avec tant de scénarii envisageables, on ne saurait prédire de l’issue d’un tel dialogue. Il aurait bien de longues journées devant lui. On n’est qu’au début d’une période qui en dirait bien long sur les lendemains. On ne sait si la conjoncture est favorable aux jeux de hautes voltiges. Il y a bien risque de dérapage. C’est d’autant plus évident dans un scénario où la Constitution du pays serait remise en cause.
Puisque toute remise en cause, même au niveau du débat, dit serein et apaisé, ne prémunirait pas contre une autre plus musclée. On serait là parti dans des appréciations toutes subjectives, les unes, les autres.
De toutes les façons, on n’en pas connu vraiment, ou très peu en tout cas, hélas, de président africain issu de l’univers militaire intelligible dans son exercice du pouvoir. C’est comme si on perd la raison de fait, une fois installé à la plus haute hiérarchie du pouvoir. On pense même mieux l’être. Si bien installé qu’on prétend avoir tout l’appareil militaire sous sa botte.
Mohamed Ould Abdel Aziz serait-il dans cette psychologie, là ? On ne sait pas. Pas encore. Même si en ce moment même, où se boucle ce papier, il est en train d’effectuer une visite à l’Etat-major militaire. Une réunion ! Oui, mais pour dire ou ne pas dire quoi ? On dirait bien que les choses bougent dans sa tête. Se bousculent. C’est tant mieux, si elles ne bougent encore que dans sa tête !
AVT
RMI Biladi