Le 25 janvier est entré dans le registre des jours inoubliables de l'histoire politique nationale moderne, après la tenue inédite de l’une des premières sessions de l'un des procès les plus passionnants de l'histoire du pays.
✔️ Le premier procès se tient sur la base d'une enquête parlementaire dont les résultats ont été recommandés par une écrasante majorité des forces représentées au Parlement.
✔️ C'est aussi un procès pour un président qui vient en troisième position en termes de durée passée au pouvoir après les deux présidents, Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya (20 ans) et Mokhtar Ould Daddah (18 ans).
✔️ En termes de contenu, le procès est lié à une question dont on s'accorde largement à dire qu’elle constitue l'un des dossiers les plus importants de l'histoire et du présent du pays (le président jugé aujourd'hui considérait - paradoxalement – cette question comme sa priorité absolue et son principal acquis) à savoir la lutte contre la corruption.
Démarrage houleux …
Le procès a été houleux hier aux premières heures de son lancement, avec de fortes bousculades entre les dizaines d’avocats qui ont envahi la salle d'audience, partagés entre défenseur du président accusé et du prévenu principal dans le dossier de la décennie et les avocats de l’Etats, engagées pour dans ce qu’ils appellent les biens pillés.
Si les séances de la première journée se sont achevées par une victoire réalisée par la défense des personnes impliquées dans le dossier dans la bataille judiciaire, lorsque le tribunal a rejeté la demande de certaines associations de bénéficier du statut de partie civile représentant les victimes de la corruption, cela n’apporte toutefois pas nécessairement de preuve sur le cœur du procès à l’avenir
☑️ Les faits se trouvent dans le dossier, qui, selon des sources proches de l'enquête, renferme des milliers de pages lourdes et d’autres présentant des pièges auxquels il est difficile d’ échapper.
☑️ Certains parmi ceux que l'ancien président qualifiait de proches collaborateurs, ont été officiellement retenus par le tribunal dans les listes de témoins à charge contre lui, ce qui va compliquer sa mission à bénéficier d’un non-lieu face aux accusations retenues contre lui.
☑️ Même en évoquant l'implication de certains piliers du pouvoir dans des affaires de corruption dans les dossiers publiés devant la justice et qu’il parvienne à semer la confusion dans l'opinion publique, cela n’affecte pas généralement le déroulement du procès.
Quelle perspective… ?
Les perspectives du présent procès portant sur un dossier constitué de milliers de pages et impliquant les plaidoiries de près d’une centaine d'avocats nationaux et étrangers de renom, eu égard à leur longue expérience dans cette profession, est nécessairement lié au procès qui vient de commencer
☑️ Cela prendra beaucoup de temps, quelque soit la volonté ou l’intérêt de certaines parties (dans l'espace proche, des procès dans des dossiers similaires dans lesquels d'anciens présidents sont impliqués ont duré plusieurs mois, dont le dernier était peut-être le procès de Moussa Dadis Camara, également arrivé au pouvoir en Guinée Conakry à la fin de la première décennie de l’actuel millénaire. Il est actuellement jugé pour des affaires de répression et de meurtre dans un procès dont les audiences durent depuis des mois.
L’actuel président, Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, avait fait précédemment allusion, dans une précédente interview à la durée prise par la poursuite de Nicolas Sarkozy dans des dossiers de corruption liés principalement à la relation avec le colonel Kadhafi.
Si les considérations techniques laissent présager que le procès va se prolonger dans le temps, le contexte politique et l'approche de la date des élections constituent tous les deux un facteur nécessairement influent, même si les parties concernées confirment le contraire.
☑️ le procès sera marqué par une forte affluence entre deux stratégies, dont l'une (défenses des prévenus) défend la théorie du procès politique, et la seconde (le parquet et les avocats de l'État) pousse dans le sens démontrant qu’il s’agit d’un procès de corruption et de mauvaise gouvernance.
Les deux inconnues les plus marquantes jusqu'à présent dans cette perspective ouverte sur de nombreuses possibilités demeurent:
✔️ Qu’apportera l'ancien président et principal prévenu du dossier en brisant un silence, auquel il n'a cessé de recourir, en se protégeant par l'article 93.. ?
☑️ Quant à la perspective, au sens de la tendance du jugement primaire attendue, il est quasiment fermé, en dépit de l’ampleur du risque judiciaire qu'il comporte, aux options de condamnation, du moins pour le principal accusé, même si la règle de présomption d’innocence, la conscience du juge et la force de l'équipe de défense sont des facteurs qui peuvent rendre toutes les options possibles, en vue de la conception d’un prononcé de verdict, n’excluant pas l'acquittement
Puisque la fin de la discussion sur les perspectives ne peut se targuer de crédibilité, sans confirmer que quels que soient le temps que prennent les séances et le verdict prononcé dans les délibérations, on peut dire que l'horizon de l'impact du procès dans le débat politique et médiatique au cours du prochain stade sera grand, que les deux partis seront en mesure de fournir des supports interactifs qui insufflent de la chaleur à une scène dont les aiguilles de la montre électorale courent rapidement à leur date anticipée fixée au 13 mai prochain