Investir en Mauritanie : Un défi au cœur des préoccupations nationales

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dim, 2015-05-17 16:45

Malgré des décennies de réforme, la problématique de l’investissement enMauritanie continue de se poser malgré les substantielles améliorations consenties ces dernières années. L’adoption d’un Code des investissements incitatif, la qualité du climat des affaires qui progresse et la réalisation de plusieurs infrastructures de base nécessaires à l’attractivité capitaliste ont boosté le secteur de l’investissement privé et étranger. 

Seulement, des défis subsistent, tels que l’insécurité régionale, l’étendue du territoire national et les écarts géographiques entre les villes, mais aussi l’étroitesse du marché national, le climat politique instable, les remous sociaux et la faible qualité des services de justice, entre autres.

La Mauritanie n’a cesse, depuis plusieurs années, d’améliorer ces outils économiques, politiques et sociaux pour améliorer son climat des affaires et encourager l’investissement privé national, mais surtout le flux desinvestissements étrangers directs (IDE) dont elle ne capte encore qu’une faible partie.

En 2012, le pays se situait au 90ème rang mondial en termes de flux entrants d’IDE, à la 131ème place mondiale en termes de stocks et occupe la 18ème place en Afrique Subsaharien. C’est surtout le secteur minier et pétrolier qui a véritablement boosté le niveau d’entrée des capitaux étrangers, entrainant une croissance de 349,6% en 2011. 

De 589 Millions de dollars U.S en 2011, le flux des IDE a plus que doublé en 2012, avec 1204 Millions de dollars U.S. Parallèlement, le niveau des stocks des investissements a cru d’une manière exponentielle, passant de 784 Millions de dollars US en 2004 à 4155 Millions de dollars en 2012.

Avec la France comme premier investisseur hors industries extractives, laMauritanie a attiré de grandes entreprises internationales, avec la montée dans son économie de la contribution de l’Espagne et de la Turquie.

Dans les industries extractives, qui concentrent l’écrasante majorité des IDE, les pays les plus présents sont le Canada, le Royaume-Uni, l’Australie et la Suisse. Mais sur les 26 nationalités présentes en Mauritanie, 14 proviennent des pays du Sud, notamment la Chine, l’Inde, l’Indonésie, l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Marocet la Tunisie.

Seulement, les Mauritaniens se plaignent de la faible incidence dans leur niveau de vie et de travail de toute cette manne financière qui s’est abattue ces dernières années dans le pays. Ce qui fait dire à un expert que l’investissement en soi n’est pas une fin, et que sa finalité première est d’impacter positivement sur la vie des populations, que cela soit en termes d’emplois, de salaires ou d’amélioration de la qualité de l’existence.

Les atouts de la Mauritanie

Le capital étant frileux, la paix civile, la sécurité et la stabilité politique constituent des facteurs déterminants pour toute politique de promotion de l’investissement. Si les partisans du pouvoir en place aiment vendre l’image d’une Mauritanie où règnent une stabilité politique, une sécurité intérieure et aux frontières, leurs détracteurs tiennent un discours différent et pensent qu’aucun de ces facteurs incitatifs n’existent encore. 

Certains parlent ainsi d’une crise politique qui perdure depuis 2008, ce qui augure d’une instabilité politique largement relayée par la presse et qui découragerait plus d’un investisseur privé. Cette problématique serait d’ailleurs aujourd’hui au cœur du dialogue politique que le pouvoir de Mohamed Abdel Aziz, certainement sous la pression de ses partenaires internationaux, cherche coûte que coûte à arracher à ses opposants les plus radicaux.

Ainsi, toute la politique incitative mise en place pour encourager l’investissement étranger serait tributaire du climat politique qui sera issu des négociations actuellement en cours entre le pouvoir et l’opposition.

Sur un plan plus technique, la Mauritanie dispose d’un Code des investissements, Loi 052-2012 du 31 juillet 2012, jugé d’incitative dans la mesure où il accorde à l’investisseur étranger des garanties de protection optimum de ses capitaux, tout en lui reconnaissant les mêmes droits que l’investisseur national, ainsi que d’autres privilèges, comme la latitude de transfert libre et sans plafonnement de ses devises, le transfert de capital, l’exonération des droits de douane à l’entrée, garantie de propriété, etc.

L’Etat mauritanien a également procédé à plusieurs importantes réalisations dans le domaine des infrastructures, étant entendu que l’investissement public est l’élément moteur de toute politique visant à promouvoir l’IDE.

C’est lui qui booste l’investissement privé. Des progrès réels ont été ainsi relevés dans le domaine routier, dans le domaine de la distribution électrique, de l’eau potable, de l’infrastructure hôtelière, mais surtout, dans la mise en place d’un guichet unique qui permet l’ouverture d’une entreprise en 48 heures seulement.

La Mauritanie dispose également d’’importants potentiels d’investissements, dans le domaine minier, gazier, pétrolier, agricole, touristique, mais aussi dans le domaine de la formation, de l’éducation, de la santé, entre autres. C’est un chantier neuf où l’investisseur étranger n’a que l’embarras du choix pour prospecter.

La situation macroéconomique satisfaisante de la Mauritanie aux yeux des institutions de Brettons Wood, FMI et Banque Mondiale, avec un taux de croissance de 6%, une inflation maîtrisée à 5%, des réserves de devises en nette augmentation de 7% (1 Milliard de dollars US) sont assez incitatifs et renseignent sur le degré de développement de l’économie nationale. 

Ainsi, une véritable offensive médiatique et de communication de proximité a-t-elle été menée ces dernières années pour encourager l’arrivée des capitaux étrangers. C’est dans ce cadre que se situerait le Forum des investisseurs arabes qui a eu lieu en 2014 et auquel avaient participé 700 invités venus du Golfe. Plusieurs conventions de financement ont été ainsi signées au cours de ce forum à hauteur global de 250 Milliards d’UM, notamment dans les secteurs de la pêche et de l’agriculture.

La Mauritanie est en voie également d’élaborer une stratégie nationale pour la promotion de l’investissement dont l’un des objectifs est de recadrer l’investissement pour le diriger vers les secteurs jugés prioritaires, comme l’agriculture, le tourisme, etc. Une première rencontre a été initiée avec la diaspora. 

La Mauritanie jouit aussi d’une position géostratégique importante. Elle est une charnière entre le Maghreb et l’Afrique Noire. Elle est proche de l’Europe et des Amériques. Elle dispose aussi de potentialités réelles sur le plan des énergies renouvelables avec un soleil en abondance et des vents en quantités considérables, sans compter des potentialités en pétrole et en gaz naturel. LaMauritanie dispose également de vastes étendues de terres agricoles et des quantités importantes de cours d’eau, sans compter les centaines d’hectares de terres arables tout au long du Fleuve Sénégal.

Enfin, la Mauritanie est lancée dans une politique de créations de zones franches sur plusieurs parties de son territoire, avec l’expérience en cours de la Zone franche de Nouadhibou dont les perspectives s’annoncent prometteuses, selon les autorités.

Les défis à l’investissement

Malgré ses richesse minières, énergétiques et agricoles, malgré son cadre institutionnel encourageant et sa position avantageuse, au carrefour du Maghreb arabe, de l’Afrique Noire, de l’Europe et des Amériques, la Mauritanie fait face à plusieurs défis qui empêchent l’afflux massif de l’investissement direct étranger. Parmi ces défis, son triste record de coups d’Etat. Six coups d’Etat depuis 1978, dont les plus récents sont ceux de 2005 et de 2008.

Des coups d’Etat qui freinent les efforts de développement, car chaque renversement du pouvoir s’accompagne de gel sur le plan international et un recommencement à zéro des nouveaux dirigeants qui font table-rase du passé sous leurs prédécesseurs. La Mauritanie sur ce plan, s’est plusieurs fois recréée ex-nihilo, ce qui a sapé tous les efforts de développement et rendu le pays peu sûr pout l’IDE, car personne n’est sûr de la survenue du prochain coup d’Etat. 

A cela s’ajoute une crise politique qui perdure depuis le dernier coup d’Etat en 2008, et que la nature du régime actuel aux yeux de l’opposition ne tend pas à rendre facile à gérer. Cette instabilité politique persistante en Mauritanie, aux yeux de l’opposition et par ricochet aux yeux de plusieurs investisseurs potentiels, fait que l’opinion ne sera convaincue du retour du pays à la normale que si les clauses constitutionnelles qui dictent le départ de l’actuel président en 2019, seront respectées. 

La première alternance pacifique et démocratique qui surviendra à cette date marquera, selon les observateurs, les prémisses d’une autre Mauritanie différente de toutes celles qui se sont succédé. 

L’insécurité urbaine au niveau des grandes villes et l’insécurité régionales, notamment au Nord et à l’Est, avec la menace terroriste qui subsiste sur les frontières avec l’Algérie et le Maroc ainsi que la guerre au Nord Mali, rendent également la situation peu apaisante pour les IDE, surtout qu’une bonne partie du pays est dans le rouge, selon la classification du Quai d’Orsay en France. 

Parmi les défis posés à l’investissement en Mauritanie, la qualité de la ressource humaine, peu formée, et la qualité de la justice, peu indépendante et peu crédible aux yeux des opérateurs. 

Dans le premier cas, des efforts seraient en cours, avec la création de plusieurs hautes écoles spécialisées, telles que l’Ecole des Mines de Zouerate, l’Ecole des Travaux Publics d’Aleg, l’Ecole Supérieure des Sciences de Rosso, les collèges et lycées techniques d’excellence, l’Ecole Polytechnique de Nouakchott, l’Ecole de vulgarisation agricole (ENFVA) de Kaédi, l’ouverture de la nouvelle université et celle d’une fac de médecine, etc. 

Mais le plus grand défi auquel fait face la Mauritanie, c’est celui de la distribution équitable des fruits de la croissance générée par les IDE. D’où la mise en place d’une cartographie de l’investissement et l’encouragement accordé à l’investissement dans les villes. Une telle vision est le résultat de ceux qui voient dans le faible apport dont bénéfice les cités de l’intérieur, les mauvais choix pris dans la répartition géographique des investissements en Mauritanie

Ceux-là pensent que l’agriculture, qui occupe plus de 60% de la population doit figurer dans les priorités des IDE, trouvant paradoxal qu’un tel secteur dont dépend l’autosuffisance alimentaire du pays et sa sécurité alimentaire bénéficient peu des retombées de l’investissement privé. 

Tout cela se discute cependant à l’heure où dans la Vallée, l’attribution des terres paysannes aux investisseurs arabes soulèvent la fronde des populations qui, sans solutions de rechange pour leur devenir et sans communication efficiente à leur intention, ne voient dans ses opérations qu’une politique sordide destinée à les chasser de leurs terroirs.

Dans une économie mauritanienne traditionnellement figée dans l’informel, le passage à une économie de transformation et de substitution, de plus en plus orientée vers l’intérieur du pays, semble ainsi avoir scandé les différentes révisions qui ont marqué le code des investissements depuis 1989.

L’apport de l’investissement public

Consciente que l’investissement privé, et notamment étranger, a besoin d’un dense réseau d’infrastructures dans le domaine de la communication, de la construction routière, de la disponibilité d’un service d’eau et d’électricité efficiente et d’infrastructures immobilières dignes, l’Etat mauritanien a lancé depuis quelques années une véritable révolution dans ces secteurs. 

Ainsi, plusieurs routes ont été crées à l’intérieur des villes, mais aussi entre les différentes cités du pays. Aujourd’hui pratiquement, les 53 départements mauritaniens sont accessibles par le bitume.

Des efforts considérables ont également été déployés dans le domaine de l’énergie, avec des perspectives prometteuses dans la distribution électrique, grâce au renforcement des centrales existantes et la création de nouvelles qui fonctionnent à l’énergie gazière, à l’énergie solaire et éolienne, tant et si bien que la Mauritanie prévoit d’exporter son surplus dans les pays voisins, notamment auSénégal et au Mali.

L’Etat mauritanien s’est lancé également depuis quelques années dans la réalisation de méga projets, tels le Projet EDH HAR qui devra alimenter en eau potable toutes les régions orientales du pays, les deux Hodhs et une partie de l’Assaba, l’autre partie devant s’alimenter avec le Projet de l’Aftout Cherghi

Celui-ci devra alimenter l’ancien triangle de la pauvreté, rebaptisé Triangle de l’Espoir, qui borde les régions de l’Assaba et du Brakna, au cœur du Gorgol et à partir du barrage de Foum Gleïta. Ces investissements devront améliorer sensiblement les conditions de vie et d’existences de milliers de citoyens ruraux et contribuer largement à la lutte contre la pauvreté et le chômage.

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