Après avoir visité le centre de recherche et de formation agricole de Dabbé, quelques minutes après son atterrissage àM’Bagne, Ould Abdel Aziz s’est rendu àThiéguelel, quelques kilomètre à l’ouest de la capitale départementale.
C’est un site de rapatriés et dispose, à cet effet, d’un périmètre rizicole. Les populations des sites et villages d’accueil – Thiodji Ngouly Ali Baidy – ainsi que de M’Botto et de Sorimalé, proches voisins, se sont réunies pour former une haie d’honneur au Président, arrivé au crépuscule à Thiéguelel.
Un des sites agricoles destinés aux rapatriés est aménagé, l’autre en attente depuis bientôt deux ans. Ils sont mis en œuvre par l’Agence Tadamoun, en collaboration, semble-t-il, avec le projet PRSA/CSA dont le siège se trouve àGaralol, chef-lieu de la commune.
Un projet dont le budget se chiffrerait à deux milliards d’ouguiyas et dont l’impact aurait pu être très significatif, pour les populations de la commune deNiabina/Garalol, dans sa lutte contre la pauvreté et le désenclavement, notamment.
Les populations, qui attendaient la visite du Président avec intérêt, ont recensé les doléances qui leur tiennent à cœur : sécurisation du périmètre qui a entamé, depuis quelques mois, une campagne… sans clôture. Du coup, les exploitants sont contraints de couper les arbres pour protéger leurs parcelles des animaux en divagation. Et, comme il n’y pas de pâturages, il faut livrer chaque jour bataille, pour espérer récolter. Pourquoi le périmètre n’est-il pas sécurisé ? Le coordinateur au Brakna s’est contenté de nous renvoyer à la direction technique de l’Agence, pour éclairer notre lanterne…
Quarante hectares d’exploitation étaient prévus. Seuls vingt-six ont été aménagés, au profit de cinquante-six familles, alors que le site en héberge environ une centaine. L’extension du périmètre est donc une des doléances prioritaires de ces populations : toutes les familles doivent disposer d’un lopin à cultiver. L’une des motopompes destinées à l’irrigation du périmètre est en panne depuis bien longtemps.
Et, qu’à Dieu ne plaise, si celle qui arrose le périmètre y tombe également, la campagne en cours sera compromise. Or, si ce périmètre est mis en valeur, c’est, à tout le moins, que son objectif soit dévoué à la lutte contre l’insécurité alimentaire des populations bénéficiaires. Enfin, il faut mentionner que c’est à l’occasion du passage du Président qu’une décortiqueuse a été placée, bien en vue, sur le terrain, avec deux tracteurs qui ont rebroussé chemin… juste après le départ du cortège présidentiel.
Les populations de Thiéguelel continuent à s’abreuver au fleuve Sénégal dont on connaît, aujourd’hui, la qualité des eaux… Son école, d’un effectif de plus d’une centaine d’élèves, répartis sur trois sections, ne dispose que d’un enseignant titulaire et d'un contractuel. Une situation que les techniciens de Tadamoun n’ont pas su expliquer au président de la République. L’autre partie du périmètre, destinées aux populations dites d’accueil, traîne depuis bientôt deux ans.
Motopompes, semences et intrants y ont été amenés, avant qu’il ne soit emblavé, avant même la répartition des parcelles entre les populations bénéficiaires. Aujourd’hui, elles attendent le démarrage d’une première campagne, pour faire face aux conséquences du déficit pluviométrique et à la d’autant plus rude période de soudure.
Autre doléance : l’extension du périmètre de Sorimalé, non loin de Thiéguelel.
Quarante-quatre hectares réhabilités, par le projet PRSA/CSA, au profit des populations de ce village et de celles de M’Botto. Mais ce périmètre vient de voir avorter sa campagne de soudure consacrée au maïs. Pour cause, un problème d’emblavement et, donc, d’encadrement. Comment planter directement sans défricher les parcelles ? Ici aussi, les populations ont demandé l’extension du périmètre au profit des familles ne disposant pas de lopins. Les rendements en riz sont, il faut le reconnaître, relativement appréciés par les populations bénéficiaires.
Signalons enfin que les cadres des localités précitées ont marqué l’étape de leur présence : Anne Abderrahmane Yéro, cadre au ministère de Santé, Sow Mamoudou Samba, délégué régional du MEDD au Brakna, Aliou Sarr, membre de Sursaut ; Anne Mamoudou, ingénieur agronome à la retraite ;Sy Alassane Youba, 1e adjoint au maire, Dia Oumar et Ly Mamadou Samba, respectivement directeurs d’école de M’Botto et de Koudel ; et, bien entendu, le chef de village deThiéguelel.
M’Botto décline ses doléances : priorité au désenclavement
Les populations du village de M’Botto, quatre mille âmes, ont accueilli, avec leurs maigres moyens, le président de la République, dans deux sites différents. Les jeunes n’ont ménagé aucun effort pour réussir leur accueil. D’abord, le samedi, àThiéguelel, où quelques familles disposent d’un périmètre rizicole en attente d’exploitation, puis sur la route Kaédi-Boghé, à sept kilomètres du village où calèches et véhicules ont transporté les gens, tôt le matin.
C’est vers 10 heures que le Président s’est arrêté pour saluer les populations et recevoir leurs doléances : tout d’abord, la construction d’une piste, pour désenclaver les villages de Garalol, Thilla, M’Botto, Sorimalé, Liliya, Ali Baidi etThiéguelel. Une priorité pour ces villages isolés pendant les trois mois de l’hivernage. Ils avaient nourri l’espoir de voir cette piste sortir de terre après l’adoption, en 2011, par le conseil municipal, d’une délibération portant sur une série de réalisations (forages, piste de 10 kilomètres, périmètres irrigués et maraîchers…) par le projet PRSA/CSA.
M’Botto, Thilla, Sorimaklé et Garalol réclament également l’extension des périmètres irrigués de Sorimalé et de Thiguelel, au profit de l’ensemble des populations des villages précités, et souhaitent la réalisation de barrages àLedawol et à Sawa Essoum, ainsi que la construction d’un pont sur la rivière deLougué, ce qui permettra de désenclaver Sorimalé, situé sur la rive droite du fleuve Sénégal. M’Botto espère profiter, d’ici peu, d’un réseau d’adduction d’eau, pour notamment permettre, aux femmes, de consacrer leur énergie à des activités génératrices de revenus, comme le maraîchage, et voir se construire un collège, pour limiter la déperdition scolaire.
Confrontés au problème d’hébergement hors de leur foyer, les enfants, particulièrement, les filles finissent par abandonner les bancs.
Le Calame