Les ménages nouakchottois sont soumis à un cycle diabolique tout au long de l'année. « Face à cette situation l'Aïd nous attend dans les marchés », hâblent des citoyens à propos de la flambée des prix qui s'empare des marchés d'une manière récurrente à chaque rendez-vous de fête religieuse en particulier.
A peine sorti de la spirale des prix du ramadhan, les citoyens sont heurtés par l'arrivée de l'Aïd El-Adha, « déjà là pour nous faire passer à la caisse », peut-on entendre les gémissements d'une clientèle compacte qui se bouscule depuis deux jours dans les marchés.
La pression est énorme. « C'est le consommateur qui participe à la flambée des prix », reconnaît-on d'une voix presque unanime, mais personne ne semble en mesure de freiner ses ardeurs pour un moment. Les coupures d’électricité sur les marchés des légumes et fruits a provoqué une rupture de stock chez les marchands dont les étalages étaient peu fournis.
Est-ce un message pour une autre flambée durant les deux derniers jours avant l'Aïd ? Tout fait le jeu d'une ultime envolée des prix, les consommateurs qui raflent tout sur leur passage, et les commerçants qui diminuent sciemment l'approvisionnement des marchés pour provoquer une rareté, synonyme pour eux de cherté.
Un phénomène approuvé par toutes les parties agissant dans le domaine, selon un fournisseur, qui explique la hausse par « l'augmentation de la demande d'une part, et la baisse des approvisionnements d'autres part en plus des coupures répétitives d’électricité ».
D'ailleurs, les acteurs principaux du circuit commercial, y compris les pouvoirs publics, s'en lavent les mains face à cette augmentation furieuse des prix de produits de large consommation.
Pour des responsables de la protection des clients, l'explication est d'une simplicité abasourdissante, « l'augmentation de la demande de ces produits induit automatiquement celle de leurs prix », relèvera-t-il à notre reporter, non sans souligner que les prix ne sont pas fixés par l'Etat et qu'ils « sont libres, compte tenu de la loi de l'offre et de la demande ».
Pour les spéculateurs, ils n'éprouvent aucune pitié pour le consommateur en désarroi, prisonnier d'un cercle vicieux. Hier, le prix de la pomme de terre a atteint les 200um le kilo sur les marchés de légumes de la capitale, et l'on ne serait nullement étonné de voir ce prix grimper aujourd’hui.
Les oignons, aussi, se sont fait des ailes, atteignant les 270 um le kilo. Un prix rarement vu ! La salade verte, qui n'est pas vraiment nécessaire, est écoulée à 180 um le kilo, la tomate à 175 um , les concombres à 130 um autant dire que la hausse des prix n'a pratiquement épargnée aucune marchandise.
Et les prix des fruits n'ont pas échappé à la règle. La banane est vendue entre 450 et 500um, selon la qualité. Le prix des raisins est passé de 800 UM, ainsi que les poires et les pêches qui affichent 500 um le kilo. Des prix qui datent déjà d'hier, « car tout peut changer d'un jour à un autre », comme le relève un marchand de fruits et légumes. « On nous fait vraiment notre fête », halète-t-on dans les marchés de Nouakchott à la veille de l'Aïd El-Adha.
Alors que faire dans son pays si le pouvoir cède sa place aux commerçants et surtout dans des moments de fête ?
N.S
Rimweb