Maltraité par les téléspectateurs au cours d'une émission télévisée, le Premier ministre libyen Abdallah al-Theni a déclaré qu'il allait présenter sa démission. Une annonce aussitôt démentie par son porte-parole.
Le Premier ministre libyen reconnu par la communauté internationale, Abdallah al-Theni, a créé la surprise en annonçant sa démission mardi 11 août, lors d’une interview télévisée.
Après s’être montré agacé par une série de critiques de téléspectateurs sur l'incapacité de son gouvernement à assurer des services de base comme l'électricité, ou à mettre fin à l'insécurité dans les zones sous son contrôle, il a fait cette déclaration fracassante : "Je démissionne officiellement et soumettrai ma démission dimanche à la Chambre des représentants".
"Les gens n'ont pas besoin de protester contre moi car je démissionne officiellement de mon poste", a-t-il ajouté. "Ils n'ont qu'à prendre un nouveau Premier ministre magicien pour résoudre tous leurs problèmes."
Un démenti ?
Selon Reuters, cette démission a toutefois été démentie par le porte-parole du Premier ministre, qui a expliqué qu'Abdallah al-Theni démissionnerait si le peuple le demandait. "Il a dit dans l'émission qu'il démissionnerait si la rue le réclamait. Une démission doit être remise par écrit à la Chambre des représentants qui peut l'accepter ou la rejeter", a ainsi expliqué Hatem al-Arabi.
Le chef du gouvernement avait échappé à une tentative d'assassinat en mai dernier à Tobrouk, dans l’est du pays. Il avait déjà annoncé sa démission, un mois après son accession à la tête du gouvernement en mars 2014. Il s'était alors plaint d'attaques contre sa famille, mais il avait ensuite changé d'avis.
Cette annonce intervient alors qu'une nouvelle session de pourparlers de paix interlibyens s'est tenue mardi aux Nations unies à Genève, sous la direction de l'émissaire de l'ONU en Libye Bernardino Leon, qui tente d'arracher aux protagonistes un accord pour un gouvernement d'union nationale.
Plus de trois ans après la chute du régime de Kadhafi, le pays, en proie au chaos, compte deux Parlements - et deux gouvernements - rivaux, l'un basé à Tripoli sous la coupe de la coalition de milices Fajr Libya, et l'autre dans l'est du pays, le seul reconnu par la communauté internationale. Le 11 juillet, des parties libyennes ont paraphé au Maroc un accord "de paix et de réconciliation" au terme de plusieurs mois de négociations sous l'égide de l'ONU. Mais cela s'est fait en l'absence des représentants du Congrès général national, le Parlement siégeant à Tripoli et non reconnu.
À ces tensions politiques s'ajoute une crise des finances publiques avec la perte d'une grande partie des recettes pétrolières. Membre de l'Opep, la Libye ne produit plus qu'un quart de ce qu'elle produisait comme pétrole avant la chute deMouammar Kadhafi en 2011. Dans ce contexte très tendu, les décisions du gouvernement paraissent totalement déconnectées de la réalité aux yeux de nombreux Libyens.
France 24 -Avec AFP et Reuters