Face à la montée du terrorisme au Sahel, la Mauritaniede Mohamed Ould Abdel Aziz a su déployer une stratégie transversale fructueuse. Aucun acte terroriste n'est à déplorer depuis 2011 dans le pays
Fléau international frappant l'Afrique sans relâche, le terrorisme pose des questions existentielles à des Etats souvent démunis face à la radicalisation d'une partie de leur population et à la montée d'actes violents. L'Afrique centrale est confrontée à ce problème épineux par le biais de Boko Haram notamment.
Après le désarroi des premiers instants, l’heure est à la lutte, et les résultats de plus en plus souvent au rendez-vous dans certains pays. Ainsi en va-t-il de laMauritanie, qui est parvenu à endiguer le phénomène terroriste grâce à une politique volontariste.
Comment enrayer la machine infernale du terrorisme ? Tous les pays du monde se posent cette question simple, mais à la solution subtile et nuancée. Une réponse militaire s’impose, à laquelle doit s'ajouter un travail de longue haleine aux niveaux économique, social et idéologique.
La bonne équation est difficile à trouver et pour le moment, rare sont les pays africains dont la stratégie a permis de solutionner durablement le problème. LaMauritanie est de ceux-là. Ce pays sahélien, bordé au Nord par le Sahara occidental et l'Algérie et par le Mali à l'Est et au Sud, est particulièrement exposé à l'incursion de groupes armés radicaux. Pourtant, aucun attentat n'est à déplorer depuis 2011. Une réussite prise en exemple.
Le 19 octobre dernier était organisé un colloque à l'Assemblée nationale française sur la question du terrorisme au Sahel et la réponse apportée par laMauritanie. Présidée par l'ex-colonel Peer de Jong et l'ancien juge anti-terroristeJean-Louis Bruguière, le colloque a été l'occasion pour les parlementaires français et le public de toucher du doigt les raisons qui ont permis à la Mauritanied'éradiquer le terrorisme sur son territoire, même s’il semble bien évidemment difficile de prétendre avoir neutralisé une bonne fois pour toutes la menace. Touchée de plein fouet en 2005 par un attentat qui a visé l'armée, la Mauritanie a su rapidement mettre en place les outils adéquats pour lutter efficacement contre le terrorisme.
Mohamed Ould Abdel Aziz à la manœuvre
Si les premières années ont certes connu un certain flottement en raison de la nouveauté de la menace et la mobilisation chaotique de l'appareil étatique, le président Mohamed Ould Abdel Aziz, élu en 2009 après quelques mois de grande incertitude politique, a permis de redresser une situation compliquée, alors que dans le même temps le voisin malien prenait l'eau face à la montée des groupes armées.
Ancien général, Abdel Aziz a su mettre en œuvre une réponse militaire appropriée en coordonnant l'ensemble des forces de sécurité de l'Etat et en leur donnant l'équipement nécessaire pour lutter efficacement contre des groupes très mobiles, et profitant de la relative porosité des frontières du désert pour s’évanouir dans la nature.
Mais la réponse n'a pas été que militaire, elle s'est aussi jouée sur le plan régional par la mise en place d’une coopération étroite avec les pays voisins. La coopération avec le Mali a d'ailleurs été renforcée comme l'a annoncé, le 23 octobre dernier, le Premier ministre mauritanien Yahya Ould Hademine.
La lutte contre les trafics en tout genre a permis de saper les bases économiques des groupes armés et un effort important a été fait auprès de la population (100 % du pays est musulman) afin d'assurer que l'Islam dévoyé des djihadistes n'a pas sa place dans une République qui laisse à la religion une place de choix dans le respect de chacun.
Les prêcheurs de haine ne sont pas les bienvenus dans les mosquées et les jeunes qui sortent des écoles coraniques ont fait l'objet depuis des années d'un suivi de l'Etat qui veille à ce qu'ils trouvent un travail, afin que l’oisiveté, creuset de tous les vices, ne les concerne pas.
Et cela marche. Depuis 4 ans, aucun acte terroriste n'est à déplorer alors que le contexte régional est plus que tendu. La guerre contre le djihadisme n'est pas gagnée, mais la bataille menée par la Mauritanie sert aujourd'hui d'exemple à de nombreux pays confrontés à ce même fléau. Si la situation au Mali continue de s'améliorer, un grand pas sera fait pour que cette partie du Sahel puisse penser à se développer sans la crainte omniprésente d'être désarticulée par des actes terroristes.
Maghrebnaute