Le Forum national pour la démocratie et l’unité(FNDU) se prépare à faire son entrée politique à travers le renouvellement de ses instances et la mise sur pieds d’une stratégie qui définit les grandes lignes et la forme de son combat contre le régime du président Aziz.
Né en début d’année 2014, le FNDU paraissait répondre à une urgence politique : assécher les candidatures crédibles de l’opposition à la présidentielle de 2014. Un objectif largement atteint dans la mesure où toutes les personnalités politiques en vue, même celles qui ne sont pas affiliées à cette structure, se sont abstenues de se présenter à cette échéance, laissant le président sortant croiser le fer avec des candidats moins connus qui ne pèsent pas très lourd sur la scène politique.
Ce qui a aboutit à la réalisation par celui-ci d’un score franchement soviétique : plus de 80% des suffrages exprimés. Même si cela n’allait pas empêcher les grands pays occidentaux de reconnaitre le résultat du scrutin et de féliciter le président ainsi réélu, au sein du FNDU on semblait plutôt content d’avoir atteint l’objectif politique arrêté : “dénuder le système du président Aziz”.
Cette victoire, supposée ou réelle, a plus ou moins dopé le FNDU, l’a poussé à viser plus loin, regarder vers l’avenir et, surtout, songer à établir une véritable stratégie d’action politique rationnelle accompagnée de son plan de réalisation.
Dans ce cadre, le Conseil de Suivi et de Concertation, une structure organisationnelle du FNDU a mis en place, mi--‐août, une Commission qu’il a chargée “d’élaborer un plan de redémarrage des activités du Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU) pour l’année politique 2014--‐2015”.
Cette commission est présidée par le secrétaire exécutif du FNDU, Moussa Fall. Ce dernier et les autres membres des structures du FNDU doivent laisser leurs postes pour d’autres. Déjà à leur choix, leur mandat ne devrait pas dépasser quatre mois.
On ne sait pas aujourd’hui si la commission ad hoc allait présenter son rapport et ses propositions aux structures dont le mandat expire ou si plutôt elle va attendre la mise en place d’une nouvelle direction du Forum.
Là, on sait tout juste que la présidence du FNDU doit désormais revenir au pôle politique. Ce dernier choisirait un de trois hommes : Ahmed Ould Daddah (RFD),Mohamed Ould Mouloud (UFP), Jamil Ould Mansour (Tawassoul).
En attendant de savoir celui qui sera désigné par le pole politique pour présider le FNDU, il semble bien que la commission a déjà achevé son boulot. Un travail qui ressemble plus à une étude sans complaisance de la situation politique, économique et sociale et des moyens d’action offertes à l’opposition plutôt qu’à un simple document politique.
Dans ce document encore sous embargo, on revient sur les conditions de lancement du FNDU, ses réussites et ses échecs ; tout comme on y aborde, avec une certaine objectivité, l’action du pouvoir, ses points de faiblesse et ses points forts.
Mais au-delà du diagnostic de la situation, le document en préparation du FNDUessaie de faire du nouveau : proposer l’ébauche d’une stratégie globale pour l’opposition et un plan d’action pour sa mise en œuvre.
D’abord, une vision et une stratégie…
Dans le chapitre réservé à la stratégie, le document du FNDU note que “l’absence d’une vision qui oriente l’action et celle d’une stratégie qui en définit les objectifs”parait handicaper l’action de l’opposition qui jusqu’ici s’est limité à agir ou plutôt réagir sans placer cela dans un cadre déjà pré conçu.
Celle-ci, signalent les rédacteurs du document, doit se fonder sur “un diagnostic et une évaluation préalable”. Cela, poursuivent-ils, nécessite “la définition de l’objectif principal et des objectifs secondaires”.
Pour ce qui est de l’objectif principal, “il consiste en la réalisation d’un changement réel qui permet l’instauration d’une démocratie véritable et d’un Etat de justice et de droit où les mauritaniens préservent leur unité nationale sur la base de la liberté, de la citoyenneté et de l’égalité”. Pour atteindre cela, un plan de mise en œuvre est détaillé dans le document du FNDU.
Il faut noter toutefois que le FNDU opte clairement pour l’action politique, pacifique et démocratique afin de pouvoir changer la situation du pays et met en garde contre les scénarios d’évolution prévisibles que peut provoquer le pourrissement de la situation tel que l’explosion sociale, la disparition ou l’incapacité civique ou le coup d’état…
Pour parer à toutes ces menaces, le FNDU préconise l’ouverture d’un vrai dialogue entre le pouvoir et l’opposition. Comment va-t-il parvenir à cet objectif, c’est là la question qui demeure encore sans réponse.
Mohamed Mahmoud Ould Targui
RMI Biladi