Au moins vingt soldats ont été tués samedi dans une embuscade tendue par des combattants d'Al-Qaïda dans le sud duYémen, où le réseau jihadiste est très actif, a-t-on appris de source militaire.
Des membres armés d'Al-Qaïda ont tendu une embuscade à un groupe de jeunes soldats circulant à bord de trois véhicules civils dans la province d'Abyane, tuant au moins 20 d'entre eux, a déclaré la source militaire, qui a requis l'anonymat.
Les jihadistes ont fait descendre les soldats pour les abattre collectivement tôt le matin à Ahwar, une ville côtière, a ajouté la même source. Selon elle, les soldats faisaient route vers un camp militaire au Hadramout, la province voisine dont le chef-lieu, Moukalla, est contrôlé depuis un an par les jihadistes d'Al-Qaïda.
La source militaire a indiqué que les hommes abattus étaient de nouvelles recrues de la jeune armée, que le gouvernement reconnu internationalement tente de mettre sur place pour rétablir la sécurité dans les zones sous son contrôle.
Le Yémen est en proie au chaos depuis l'entrée en septembre 2014 dans la capitale Sanaa de rebelles chiites Houthis, accusés par l'Arabie sunnite de liens avec l'Iran chiite. Ces insurgés ont ensuite pris le contrôle d'autres régions, dont certaines ont été reprises par l'armée.
Le conflit s'est aggravé avec l'intervention en mars 2015 d'une coalition militaire arabe, conduite par Ryad, en soutien au gouvernement internationalement reconnu.
Les jihadistes d'Al-Qaïda et ceux du groupe Etat islamique (EI) en ont profité pour renforcer leur emprise sur le sud et le sud-est du Yémen.
Les attaques, revendiquées ou attribuées à des groupes jihadistes, contre des symboles de l'Etat, dont les jeunes militaires se sont multipliées ces derniers mois dans le Sud, dans une apparente tentative d'entraver les efforts du gouvernement de remettre sur pied l'armée et les forces de sécurité.
Après avoir longuement ignoré cette présence, les forces régulières et la coalition arabe ont commencé récemment des opérations militaires contre les groupes jihadistes.
A la mi-février, un attentat revendiqué par l'EI avait fait au moins 14 morts dans un camp militaire à Aden, la grande ville du Sud, où de jeunes recrues suivaient un cycle de formation, selon des sources militaires.
Dans la province de Marib, à l'est de Sanaa, de violents combats opposaient samedi, pour le deuxième jour consécutif, forces loyalistes et rebelles Houthis, selon des sources militaires.
Ces combats dans la région de Sarwah ont fait en deux jours 21 morts, dont 13 combattants loyalistes et 8 rebelles, ont ajouté ces sources.
Selon elles, l'aviation de la coalition a lancé deux raids pour empêcher les Houthis d'avancer dans le secteur où ils cherchaient à reprendre une base militaire, reconquise fin 2015 par les forces progouvernementales.
Ces violences interviennent alors qu'un cessez-le-feu devrait entrer en vigueur dimanche à minuit, en prévision de pourparlers de paix convoqués par l'ONU pour le 18 avril au Koweït.
Un combattant loyaliste, Ahmed al-Chalafi, s'est montré sceptique sur un réel engagement des rebelles à respecter cette trêve.
Comment vont-ils observer un cessez-le-feu alors qu'ils continuent de nous agresser, a-t-il confié à l'AFP, ajoutant que les deux parties avaient acheminé samedi de nouveaux renforts militaires sur le front à Sarwah, un jour avant la trêve.
Dans la région de Nahm, au nord-est de Sanaa, trois combattants loyalistes et quatre rebelles ont été tués dans de nouveaux affrontements samedi, selon une autre source militaire.
Selon l'ONU, les hostilités au Yémen ont coûté la vie à près de 6.300 personnes depuis un an, pour moitié des civils.
AFP