La France a affirmé avoir fait en sorte que l’ancien président burkinabè soit évacué du pays vers la Côte d'Ivoire"sans drame". François Hollande a par ailleurs appelé à un transfert du pouvoir aux civils "dans les prochaines heures".
La France est sortie de son silence à propos de la crise au Burkina Faso. Dans la nuit de lundi à mardi, François Hollande a affirmé que la France avait joué un rôle indirect dans le départ de son vieil allié Blaise Compaoré, réfugié en Côte d'Ivoire depuis vendredi.
Sans apporter de détails, le président français a fait savoir, en marge d'un déplacement au Canada, que la France avait fait en sorte que "l'évacuation deBlaise Compaoré puisse se faire sans drame", mais "sans y participer" elle-même.
"Dès le début de cette crise, la France a joué son rôle et mis en garde" Blaise Compaoré, a déclaré M. Hollande, en soulignant lui avoir conseillé par écrit "de ne pas engager [...] la révision de la Constitution" pour se maintenir au pouvoir après 27 ans de règne.
Après les premières manifestations populaires et la dégradation de la situation la semaine dernière, "j'ai fait une déclaration [vendredi] demandant à Blaise Compaoré de prendre les bonnes décisions, c'est-à-dire de partir. C'est ce qu'il a fait dans les heures qui ont suivi", a encore déclaré M. Hollande.
Transfert du pouvoir aux civils
Paris a également exigé un transfert du pouvoir aux civils "dans les prochaines heures", emboîtant le pas à Washington et à l’Union africaine (UA). Paris souhaitait laisser d'abord s'exprimer l’UA.
Le nouvel homme fort du Burkina Faso, Isaac Zida, avait promis, quelques heures auparavant, une transition "dans un cadre constitutionnel", laissant entrevoir un passage de flambeau aux autorités civiles.
Blaise Compaoré, chassé par un mouvement populaire massif contre ses tentatives de rester au pouvoir après 27 ans de règne, était l'un des piliers de la Françafrique.
Quelque 3 500 Français résident au Burkina Faso - la plus importante communauté étrangère dans ce pays -, une quarantaine de filiales d'entreprises françaises y sont présentes dans la plupart des secteurs de l'économie, et Paris est son principal bailleur de fonds.
Par ailleurs, le Burkina Faso est une pièce importante dans le dispositif Barkhane de lutte antiterroriste au Sahel. La France dispose d'une centaine d'hommes des forces spéciales, dotés d'hélicoptères, sur le sol burkinabè.
AFP