Cinq jeunes, membres d'un mouvement d'opposition de Mauritanie, ont été condamnés aujourd’hui àNouakchott pour"violences" et "agression"en raison de leur protestation véhémente contre la peine de prison infligée à l'un des leurs mi-juillet, a appris l'AFP auprès de leur avocat.
Deux autres jugés en même temps qu'eux ont été acquittés par la Chambre correctionnelle du tribunal de Nouakchott, devant laquelle ils ont comparu en procédure de flagrant délit, a affirmé l'avocat, Me Brahim Ould Ebetty. La défense fera appel dans le courant de la semaine, a-t-il précisé, dénonçant un procès "très politisé".
Les sept jeunes sont tous membres du "Mouvement du 25 février", né dans le sillage du printemps arabe et opposé au président Mohamed Ould Abdel Aziz. Ils avaient été arrêtés pour avoir manifesté leur colère, en des occasions différentes, contre la condamnation d'un des leurs, Cheikh Baye Ould Mohamed, par ailleurs journaliste.
Ce dernier avait été appréhendé pour avoir lancé le 30 juin sa chaussure sur le ministre porte-parole du gouvernement, Mohamed Lemine Ould Cheikh - sans l'atteindre - le qualifiant de "ministre du mensonge" lors d'une conférence de presse. Il a été jugé et condamné le 14 juillet à trois ans de prison ferme, jugement ayant suscité de vives protestations parmi les membres du Mouvement du 25 février.
Cinq d'entre eux ont été arrêtés après l'annonce du jugement contre Cheikh Baye Ould Mohamed, ayant notamment jeté leurs chaussures par terre et hué le juge, puis inculpés de "violences en salle d'audience", d'après une source judiciaire. Deux autres avaient été appréhendés pour avoir fait irruption trois jours plus tard sur le plateau d'une émission diffusée en direct par la télévision publique en criant leur soutien à leurs camarades arrêtés et en réclamant leur libération.
Ils ont été inculpés d'"agression". Sur les sept prévenus ayant comparu mardi, a expliqué Me Ould Ebetty, trois "ont été condamnés à deux ans de prison ferme pour violences en salle d'audience". Deux "ont écopé de deux ans de prison avec sursis" pour agression, et les deux autres ont été acquittés par le tribunal.
Durant le procès, la défense a "plaidé la relaxe mais le procureur a demandé le maximum des peines prévues", a-t-il ajouté, dénonçant un dossier "dans lequel l'exécutif a été très présent", sans donner de détails. "Nous assistons à un recul regrettable des libertés d'expression et des libertés collectives" en Mauritanie, a-t-il regretté.
lefigaro.fr avec AFP