A Bamako, l'exaspération de la population face à la propagation du virus Ebola

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ven, 2014-11-14 23:39

Au Mali, le chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keita a ordonné l’ouverture d’une enquête après la mort d’un patient guinéen et de l’infirmier Malien qui l’assistait à la clinique Pasteur de Bamako. Ces événements alimentent un climat de psychose dans la capitale malienne.

Par Alhoudourou Maiga - Dakana.org, correspondant à Bamako

Pour le président malien, Ibrahim Boubacar Keita, l’heure est grave. Le chef de l’Etat a promis d’identifier la «chaîne de négligences coupables» ayant conduit à la propagation du virus Ebola au Mali. Dernière victime en date: un infirmier malien de 25 ans, testé positif après avoir soigné un imam de 66 ans venu de Guinée, décédé le 27 octobre à la clinique Pasteur de Bamako, très probablement des suites d’une contamination au virus. La clinique avait dans un premier temps diagnostiqué à l’imam un «palu», ce qui ne manque pas d’alimenter la polémique à Bamako où l’on s’interroge sur les failles dans la chaîne de commandement des autorités sanitaires maliennes.

«Nous sommes tous inquiets»

De nombreux fidèles ont assisté aux cérémonies religieuses en hommage à l’imam à Bamako avant le rapatriement de sa dépouille, dans son pays natal, sans précautions particulières, alors que les corps des victimes du virus Ebola restent contagieux jusqu’à trois jours après le décès. Un ami Guinéen, venu veiller à son chevet, est lui aussi décédé peu après. A Bamako, Mamadou Keita, habitant du quartier Baco-Djicoroni, où l’imam a séjourné, ne cache pas son inquiétude: «Nous sommes tous inquiets. Toute la famille est sur le qui-vive. La panique ne cesse daugmenter», témoigne ce commerçant au journaliste du Courrier du Sahara venu à sa rencontre.

Au total, le virus a déjà causé la mort de quatre personnes au Mali. Le premier cas avait été détecté en octobre sur une fillette qui n’a pas survécu au virus. Selon la presse malienne, une autre filette, décédée jeudi à l'hopital Gabriel Touré de Bamako, pourrait avoir succombée au virus mais ce cas n'a pas été confirmé par les autorités. De nombreuses zones d’ombre subsistent dans le traitement sanitaire de cette crise, alimentant les questionnements de la population. Adama, ne sait plus où donner de la tête. Ce père de famille redoute la propagation des rumeurs: «Que devons nous croire. Tantôt on nous dit quil y a un cas suspect, tantôt on nous dit que c'est faux. La rumeur nous rend fou. Mes enfants niront pas à l’école ces prochains jours, je peux vous le garantir».

Les autorités tentent de rassurer la population

Une trentaine de personnes, malades et soignants compris, ont été placées en quarantaine dans la clinique Pasteur de Bamako. Selon le secrétaire général du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, Ousmane Doumbia, des membres de la famille de l’infirmier décédé ont également été placés en observation. Par ailleurs, seize malades ayant été en contact avec le défunt ont été répertoriés. Le ministère affirme avoir pris les dispositions pour identifier les personnes entrées en contact avec les malades. Le représentant de l’OMS au Mali, Ibrahima Socé Fall, a souhaité une bonne collaboration des journalistes dans la lutte contre Ebola. «Il convient d’éviter les informations sensationnelles», a-t-il déclaré à des représentants de la presse à Bamako.

De son côté, la mission de l’ONU au Mali (Minusma) a fait savoir, dans un communiqué, qu’une vingtaine de ses employés militaires avaient été admis à la Clinique Pasteur durant le mois d’octobre «pour des blessures subies dans l’exécution de leur mission dans le nord du Mali». Selon la Minusma, à ce stade, ces personnes «ne présentent pas de symptômes de la maladie.» Les éléments concernés seront maintenus en observation durant toute la durée prescrite pour la détection du virus, assure la mission.

Lors d'un point de presse, le coordinateur du Centre National d’Appui à la lutte contre la Maladie (CNAM), Samba Ousmane Sow, s’est voulu rassurant: «Tout est sous contrôle. La Clinique Pasteur est totalement désinfectée.» De son côté, le secrétaire général du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, Ousmane Doumbia, a assuré que toute la lumière serait faite sur ces événements: «Nous allons pousser plus loin nos investigations et au regard des dispositions règlementaires, si faute il y a, des mesures s’imposeront», a-t-il fait savoir.

«Les autorités ne contrôlent pas la situation»

«Je nen crois pas un mot, s’emporte Ali, un agent commercial de Bamako. Les autorités ne contrôlent pas la situation. Elles ne maitrisent pas le nombre de personnes qui sont entrées en contact avec les personnes victimes du virus. Et elles n’évoquent pratiquement pas le cas de lami de limam guinéen décédé à Baco-Djicoroni (ndlr: un quartier de la commune IV de Bamako). Qui sait avec qui cet individu est entré en contact?», s’interroge le jeune homme.

Les autorités sanitaires sont pointées du doigt par de nombreux habitants.«Le premier cas avéré au Mali na pas servi de leçons aux autorités. Elles nont pas ordonnées la fermeture de la frontière avec la Guinée. Et voici les conséquences. On a vraiment peur et rien ne vient nous rassurer pour le moment», se désole Moussa, un étudiant de Bamako.

 

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