Lorsque l’étape de Termesse fut inscrite en 2011, au programme de la visite du Président au Hodh El Gharbi, on assista, à un impressionnant déploiement des divers services de l’Etat, pour redonner vie à ce groupement de localités dont les habitants iront jusqu’aux portes du palais présidentiel, à Nouakchott, pour clamer leur soif.
Quatre ans plus tard, le Président est à nouveau attendu à Termesse. Vers le 23 Mars. Mais le regroupement a toujours soif. Les premiers balisages tendent à indiquer que l’avion présidentiel ne se posera pas, cette fois, au nord du site, mais à son sud. Les efforts déployés sur le terrain n’ont toujours pu fournir que de l’eau salée, à la partie nord.
Ceci explique-t-il cela ? Sinon, les racoleurs y parviendront-ils avant le jour J ? Probablement car nous vivons dans un pays qui bat tous les records en matière de remèdes-express de cheval et de toilettages bidouillés, à l’annonce de la visite du Chef.
Aziz va-t-il classifier Termesse en nouvelle circonscription administrative ; électorale, donc ? Le regroupement a abrité, lors des élections de 2013, quatre bureaux de vote qui ont totalisé plus de mille cinq cents votants, soit à peu près le même nombre qu’à Kobenni, chef-lieu du département du même nom. Alléchant pour les uns, repoussant pour les autres qui ne demandent qu’à boire, depuis cinq ans.
Retour succinct sur une situation qui perdure. Pour cause, l’appétit, démesuré, d’une race d’administrateurs qui courent derrière les promotions, reléguant, loin en arrière-plan, les préalables techniques à la mise en œuvre d’un projet de sédentarisation, au seul profit des considérations politiques.
En 2010, l’ex-wali Cheikh ould Abdellahi Ould Ewah, surfant sur la fibre du regroupement des villages – une approche très chère au président Aziz et qui avait déjà fait son chemin à Nebkett Lahwach – met sur les rails un projet de regroupement de vingt-deux villages, relevant tous de la commune rurale de Timzine Kobenni, après avoir réussi à embarquer, sur la galère, le maire de la commune Dah ould Hachim.
Aussitôt, les travaux de vraies-fausses prospections d’eau furent entamés et dix-huit forages négatifs réalisés. Une unique implantation, dont le débit salée est estimé à 45 m3/h, fut exploitée, pour approvisionner les quelques familles installés sur le site.
Mais cette eau s’est révélée rapidement impropre à la consommation, à cause de sa trop haute teneur en sel. Des sit-in, rappelant, au Président, ses promesses, furent organisés à Kobenni puis à Aïoun et, récemment, à Nouakchott.
Les hydro-géologues ont fait savoir, à temps et à qui veut bien les entendre, que Termesse est situé sur un biseau sec. Mais l’administration locale, sous couvert voire protection du ministre de l’Intérieur de l’époque, ne répercute pas l’information au sommet, pour ne pas décevoir, ni mettre leur confiance en jeu ni surtout, plus grave pour eux, faire capoter le projet auquel ils se mesurent et dont ils tirent bénéfice politique.
On a donc fait fi de tout considération technique, comme si de rien n’était. C’est la fuite en avant. La charrue avant les bœufs. On convainc le Président de visiter le site.
En 2011, Aziz se pose sur les pâturages de Termesse où d’immenses moyens ont été mobilisés pour l’accueil et l’hébergement. Dans son discours, il promet d’offrir de l’eau au regroupement, de désenclaver Termesse, en la reliant à Kobenni ou à la Route de l’espoir, d’y réaliser des infrastructures pour la santé, l’éducation, l’élevage, l’administration, la sécurité…
Toujours en quête d’eau potable,les habitants virent pousser autour d’eux des édifices publics. Une vanne spéciale fut ouverte, avec appels d’offres-passations de marchés-Iskan-entreprenariat public-entreprenariat privé-suivi-en-amont-réception-en-aval et patati et patata, un circuit opaque où chacun – mais pas vraiment tous, loin de là –trouve son compte ou sa commission. Mais, à la fin des travaux, les bâtiments n’offrent aucun signe de vie. Car sans eau potable…
Moustapha Ould Béchir
Cp Hodhs
Le Calame