Après moult péripéties, le forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) s’est entendu, pour aller au dialogue, enfin sur des préalables et des questions fondamentales. Une délégation, en charge de prendre contact avec la majorité et donc amorcer le fameux dialogue, a été désignée. Les contacts avec la majorité, comme nous l’avions indiqué dans nos précédentes éditions, devraient se passer d’abord d’une manière informelle.
Parmi les préalables, actualité oblige, se trouve en priorité le problème de la société nationale industrielle et minière (SNIM). Il faut trouver une solution rapide avant l’amorce de tout dialogue avec le pouvoir à l’épineuse crise des travailleurs de cette entreprise. Jusqu’à présent, on essaie de maintenir un semblant d’unanimité au sein du FNDU sur la question du dialogue. Mais, le fait qu’aucun parti politique des plus en vues ne soit représenté au sein de la délégation des négociateurs n’augure pas vraiment d’un succès pour ce dialogue.
On observe même un nouveau désintérêt au sein du FNDU à ce dialogue. On préfère ne pas trop nourrir de grands espoirs sur son résultat. C’est un sentiment qui a été fortement nourri et alors assez prononcé après la fameuse rencontre du président de la République avec les parlementaires de la majorité. L’évocation de la question d’un amendement constitutionnel rendu possible pour le président, si un intérêt suprême de la Nation le commande, a engendré quelques esprits récalcitrants.
Cet état d’esprit se consolide par l’attitude même du pouvoir vis-à-vis de la situation sociale délétère qui prévaut au sein de la plus importante société industrielle nationale, la SNIM. La SNIM qui vit dans une escalade d’une grave crise qui risque bien de dégénérer, si une position sage de la part de l’autorité publique n’est pas prise rapidement.
On essaie de trouver et de s’interroger de plus en plus sur les véritables intentions de Mohamed Ould Abdel Aziz à courir et recourir à un dialogue auquel il ne concède aucune préparation. C’est comme si son intérêt n’a rien à voir, ni avec la République, ni l’Etat. C’est, tout simplement, avancent d’aucuns, aussi bien au sein de sa propre majorité qu’au niveau de l’opposition, la gestion d’après et dernier mandat présidentiel, qui l’obsède.
Amender la constitution…
A ce titre, on évoque la possibilité d’un amendement constitutionnel qui élargirait les pouvoirs du premier ministre, en faveur d’un régime parlementaire. Face à l’impossibilité de se refaire président, Mohamed Ould Abdel Aziz accepterait bien de se faire un premier ministre avec des pouvoirs élargis à côté d’un président constitutionnellement rendu de fait symbolique. C’est une manière de revenir à la charge.
De toutes les façons, on en saura davantage dans les semaines à venir. Où le président entamera un périple dans les deux hodhs. La question du dialogue serait bien l’un de ses sujets favoris. Ses intentions ultimes ne sauraient rester inavouées lors de ce marathon présidentiel. Ne serait-il pas, justement, une raison inventée pour jauger et donc recueillir l’adhésion du peuple à sa reconduction aux affaires.
En tout cas, l’homme ne semble pas prêt à lâcher prise. Son implication, réelle ou supposée, dans bien des affaires douteuses ne joue pas vraiment en faveur d’une retraite paisible ou d’un abandon digne des rênes du pouvoir. On est un peu loin de la fin de l’ultime mandat de l’actuel président. Cette année de 2015 semble porter en elle les prémices de grands changements.
Comme si on a anticipé sur 2019, la fin du dernier mandat. Avec une année particulièrement difficile, sécheresse, crise financière, mouvements sociaux et d’autres foyers de tension affectant tant de secteurs, il y a bien risque de dérapages.
Le dialogue ou le non dialogue qui s’annonce ne serait-il pas une voie dont l’issue serait plus qu’incertaine ? Et qui pourrait, au passage, réveiller des velléités qui conduiraient à des schémas porteurs de grands risques !
AVT