
La fin du weekend passé n'a pas été porteuse de bonnes nouvelles pour l'ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, après avoir appris à travers les médias, l'intention de la commission d'enquête parlementaire de le convoquer cette semaine pour se présenter devant elle, dans le but de l'écouter sur des questions liées à la gestion de dossiers sensibles et controversés se rapportant à ses deux mandats présidentiels de dix ans.
Ould Abdel Aziz qui est resté l’homme fort de la Mauritanie depuis la fin de l'ère de l'ex Chef de l’Etat Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya jusqu'au petit matin du premier aout dernier, se trouve désormais devant des choix difficiles.
D'une part, il est contraint de comparaitre devant ladite commission, par la force de la loi, comme il est de l’ironie du destin qu’il sera face à face avec l’ancien Premier ministre et actuel député Yahya Ould Ahmed Waghef, le dernier Chef du gouvernement de l’ex président Sidi Ould Cheikh Abdallahi.
Ould Waghef avait été arrêté par Ould Abdel Aziz après son coup d'État mené contre Ould Cheikh Abdallahi en aout 2008 avant que Ould Abdel Aziz ne le charge d’accusations et lui adresse à l’époque des propos presque humiliants.
Ould Waghef pourrait retrouver un quelconque réconfort en voyant devant lui Ould Abdel Aziz désarmé de toutes ses forces, interrogé et répondant sur des dossiers très sensibles et controversés.
C’est vrai que la politique n'est pas le domaine de prédilection des sentiments de triomphe ou de défaite, mais l’audition de Ould Abdel Aziz constituera à ne pas en douter, un nouvel épisode du conflit opposant les deux présidents amis, Ghazouani et Aziz.
Ce dernier semble désormais plus vulnérable que jamais. En effet, après s’être vu confisqué son arme stratégique, qu’est le BASEP (Bataillon de Sécurité Présidentielle), qui a été refondé de A à Z par le président Ghazouani, puis du parti de l’Union Pour la République (UPR) au pouvoir par la force des délégués, , l’ex Chef de l’Etat parait comme un soldat sans fusil ni sabre engagé dans son dernier combat face à un ennemi surarmé.
C’est d’autant plus vrai que Ould Abdel Aziz, est un ancien officier, qui ne croit pas à la poésie ou au hasard, à propos duquel il est rapporté qu’il manipule bien les chiffres et les données tangibles.
Par conséquent, il sait plus que d'autres qu'il est dépourvu de toute force capable de résister quelque temps face à un président au sommet du pouvoir.
Du point de vue constitutionnel, les juristes du droit constitutionnel ne semblent pas s'accorder sur les moyens de traiter avec un ancien président de la République.
En effet, d'une part, on se trouve en présence du sens de la souveraineté, et d'autre part de celui de la loi.
Il n’est pas convenable dans le premier cas de trainer une personne qui était autrefois le Chef de l'État devant les commissions d'enquête, tandis que l’Etat de droit ne tolère pas la méprise des capacités de la Nation, dans le second cas. Tout cela donne une nouvelle complexité à une scène déjà alambiquée.
Les constitutionnalistes s'accordent à dire que la seule accusation qui pourrait être portée contre Ould Abdel-Aziz est la "haute trahison", laquelle n'est pas définie sur le plan procédurier dans les circonstances actuelles, puisqu’aucune loi statutaire définissant le travail de la Haute Cour de justice, habilitée à juger le Président de la République pour ses actes et propos, n’a été promulguée jusqu’à présent. C'est là aussi un autre dilemme, qui pourrait signifier que l’objectif véritable de toutes ses manœuvres est d'apprivoiser un ancien président, sur un "feu doux", afin qu'il "comprenne bien" que le temps de la présidence est révolu et qu'il n'y a aucun espoir de "sauver" une amitié gâchée par le mauvais calcul politique.

