Défilé militaire nord-coréen : Aziz le seul Président a avoir répondu présent

Lors du défilé du 70ème anniversaire du régime, la Corée du Nord a choisi, dans un souci d’apaisement diplomatique, de ne pas montrer ses missiles intercontinentaux

Des milliers de soldats suivis par l’artillerie et les chars ont défilé à Pyongyang dimanche pour célébrer le 70ème anniversaire de la Corée du Nord. Son dirigeant Kim Jong Un a témoigné à l’occasion son amitié avec la Chine, levant la main de l’émissaire du président Xi Jinping en saluant la foule après l’événement.

 

Les grands événements rythment traditionnellement le calendrier politique de la Corée du Nord, et sont l’occasion pour elle de faire la démonstration de ses progrès dans sa quête pour se doter d’un missile capable de transporter une tête nucléaire sur le territoire continental des Etats-Unis. Mais pas cette fois : trop montrer ses muscles aurait pu mettre en danger les efforts diplomatiques en cours, après la rencontre en juin à Singapour entre le président américain Donald Trump et Kim Jong Un, lequel tiendra son troisième sommet avec le président sud-coréen Moon Jae-in à Pyongyang mi-septembre.

 

Après une salve de 21 coups de canon, des dizaines d’unités d’infanterie ont défilé place Kim Il Sung, certaines équipées de lunettes de vision nocturne ou de lance-grenades RPG, sous le regard de M. Kim, petit-fils du fondateur de la Corée du Nord et troisième de la dynastie régnante.

 

Des transports de troupes blindés, des lance-roquettes multiples et les chars ont suivi, survolés par des biplans formant le chiffre «70». Des chasseurs expulsant des fumées rouges, blanches et bleues -- les couleurs du drapeau nord-coréen -- sont passés au dessus de la tour du Juche, monument à la gloire de la philosophie politique de Kim Il Sung.

 

«Minimiser le militaire»

Puis, sont venus les missiles, point d’orgue traditionnel des défilés. Mais seuls ont été montrés des engins de courte portée, le Kumsong-3, missile de croisière antinavire et le Pongae-5, un engin sol-air. Il n’y avait aucun signe des Hwasong-14 et 15, missiles capables d’atteindre le territoire continental des Etats-Unis et qui changèrent la donne stratégique lorsqu’ils furent testés l’année dernière.

 

«On dirait que les Nord-Coréens ont vraiment essayé de minimiser la nature militaire» de l’événement, a commenté Chad O’Carroll, directeur du Korea Risk Group.

 

Tout déploiement de missile de longue portée aurait semé le doute sur l’engagement nord-coréen en faveur de la dénucléarisation, a-t-il ajouté. Pyongyang n’a pas fait part publiquement de sa volonté de renoncer aux armes qu’il a passé des décennies à mettre au point, pour un coût financier et politique énorme. Mais il mène depuis plusieurs mois une remarquable offensive de charme.

 

En avril, M. Kim avait déclaré que le programme d’armements nucléaires de son pays était parachevé et fait de la «construction économique socialiste» la nouvelle priorité stratégique. Kim Yong Nam, le chef de l’Etat aux fonctions largement honorifiques, a salué dans un discours son pays et son armée, «les plus forts du monde», sans mentionner l’arme nucléaire. Immédiatement après le défilé militaire, des milliers de civils ont paradé, accompagnés de chars dépeignant des thèmes économiques et des appels à la réunification de la péninsule dont la guerre (1950-1953) avait consacré la division. Les gens agitaient des drapeaux et des bouquets de fleurs, souhaitant «longue vie» au leader.

 

Depardieu de la partie

Des invitations avaient été envoyées aux quatre coins de la planète mais seul le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz avait répondu présent. De manière plus anecdotique, l’acteur français Gérard Depardieu était également de la fête, assis en dessous de la tribune principale.

 

À l’issue de la parade civile, MM. Kim et Li, émissaire chinois ont salué la foule, le Nord-Coréen soulevant la main de son invité. Pékin est le grand protecteur et partenaire commercial du Nord. Après des années de froid dues aux ambitions militaires nord-coréennes, les relations se sont nettement réchauffées cette année, permettant à M. Kim de rencontrer M. Xi trois fois en Chine.

 

Le processus de réchauffement des relations avec Washington patine

Washington veut «une dénucléarisation définitive et entièrement vérifiée» du Nord mais celui-ci ne s’est engagé qu’à travailler pour une péninsule dénucléarisée, un euphémisme sujet à toutes les interprétations.

 

Le processus patine depuis plusieurs semaines. Le Nord exige une déclaration qui mette fin officiellement à la guerre de Corée, laquelle a cessé sur un simple armistice, Séoul se retrouvant pris en étau entre son voisin et son allié américain. «Apparemment, Kim Jong Un a jugé que ce n’était pas le moment de provoquer inutilement M. Trump», a dit Kim Yong-hyun, enseignant d’études nord-coréennes à l’Université Dongguk de Séoul.

 

Mais certaines choses ne changent pas. «Détruisez les agresseurs impérialistes américains, l’ennemi juré du peuple de Corée du Nord!», proclamait le slogan figurant sur de nombreux chars au cours du défilé.

 

AFP

lun, 10/09/2018 - 12:14

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