Les travaux de la 12e assemblée générale du Groupe des Cinq pays du Sahel (G5 Sahel) se sont clôturés hier mardi dans la capitale mauritanienne Nouakchott, sur fond d’un engagement de la Mauritanie d'œuvrer pour rétablir ledit Groupe à son entente et cohésion d’antan ainsi qu’à préparer le terrain pour le retour du Mali, ce membre constitutif du G5 Sahel, qui s’est retiré mécontent dernièrement de cet ensemble régional.
Des assises sanctionnées par un communiqué formulé de sorte à donner l’impression de l’existence d’une dynamique de résurgence dans un état qualifié par un certain nombre d’observateurs de mort clinique stratégique depuis un certain temps.
Dans le Zoom Essahraa de cette semaine, on s'arrête avec le "souffle" que la réunion de Nouakchott a voulu donner au Groupe, tout en méditant ses contextes et explorant ses perspectives.
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Cinq ou trois
Le Groupe du G5 Sahel a été créé en Mauritanie en février 2014, soit depuis 10 ans, avec l'adhésion de cinq pays, la Mauritanie (le pays siège), le Mali, le pays qui représente l'arène la plus importante d'affrontement avec les groupes violents, en plus du Niger, du Burkina Faso et du Tchad.
Bien que de grands espoirs avaient été fondés sur cet ensemble régional depuis sa naissance, traduits par la suite en promesses faites par des pays européens et du Golfe, de nombreux problèmes ont cependant limité son efficacité et ont rendu sa présence presque circonscrite à des déclarations et des images à la fin de sommets organisés dans les capitales des cinq pays qui vivaient et vivent une situation de confrontation insoluble avec des groupes violents, sont en proie à des échecs de développement et à des trafics d’influence conflictuels des puissants.
L'évolution des événements au Mali et au Burkina Faso, et la détérioration de leurs relations avec les puissances occidentales et d’un certain nombre de puissances régionales au point de rompre les liens, ont amené l'organisation, qui n'était pas si efficace, à une situation où la simple convocation d'une réunion de celle-ci, même avec un nombre limité de membres, est devenue un acquis remarquable à célébrer.
Le Mali a quitté le Groupe et rien n'indique encore son retour, tandis que Ouagadougou conserve une adhésion que l'on peut qualifier de passive ; ce qui signifie un passage du Groupe des Cinq en un Groupe des Trois.
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Le moment critique
La 12e assemblée générale, abritée par Nouakchott a été couronnée par la déclaration d'une vision de développement du Groupe, la formation de mécanismes d'audit et d'examen qui se tiendra à un moment critique marqué par des rebondissements qui ont un impact sur la sécurité de la région classée parmi les régions sécuritaires les plus fragiles au monde :
✔️ Ces assises sont convoquées au moment où le Mali est témoin des dernières stades de sa "libération" de la présence militaire qui était sur ses terres, remplacée par de nouveaux déploiements, puisque le Conseil de sécurité a finalement approuvé un plan de retrait des forces de la "MINUSMA" du Mali à la demande du gouvernement de Bamako, qui a classé les forces internationales dans la même catégorie dans laquelle elles étaient classées par les forces françaises et les diverses formations militaires et même techniques occidentales qui lui assuraient des fonctions de soutien.
✔️ Le timing se caractérise également par l'adoption d'une nouvelle constitution pour le pays par le gouvernement militaire à Bamako, qui donne de larges pouvoirs au président, établit un modèle de gouvernance qui permet aux camarades d'Assimi Goïta de gouverner le pays avec une légitimité constitutionnelle pour un horizon temporel futur, leur permettant ainsi qu’à leurs alliés russes de mettre en œuvre leurs visions de gouverner la région.
✔️ Cette rencontre de Nouakchott se déroule également presque en concomitance avec la clôture d'un sommet de la "CEDEAO", la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, dont la présidence a été assumée par le plus grand pays d'Afrique de l'Ouest (le Nigeria), au milieu des discussions sur l'intérêt accru manifesté par Lagos à l'organisation après les années de règne de Muhammadu Buhari, dont les relations avec la CEDEAO étaient à leur niveau le plus bas.
✔️ L’assemblée générale a eu lieu au moment où des voix s’élèvent au Mali - quoique de parties non officielles – mettant en garde contre des indicateurs, selon lesquels, Nouakchott pourrait être prête à s'engager dans ce qui est considéré à Bamako comme une guerre par procuration au nom de l'OTAN, qui classe la Mauritanie parmi les alliés stratégiques et les responsables avaient tenu précédemment des déclarations d'importance stratégique, assimilant implicitement la sécurité de la Mauritanie à la sécurité stratégique de l'alliance.
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Quel horizon ?
Un retour au communiqué émis par la rencontre de Nouakchott, permet de cerner les traits d’un nouvel horizon pour le G5 Sahel, qui se précisent dans :
☑️ Mettre l'accent sur les aspects de développement, ce qui explicite un aspect des caractéristiques de l'approche mauritanienne, selon laquelle, développer les conditions de vie de la population est une étape nécessaire pour les immuniser face aux groupes violents.
☑️ Se concentrer sur la dimension « développement » est de nature à faciliter ce qui a été annoncé par le communiqué concernant l'engagement de Nouakchott à préparer le terrain pour le retour de Bamako à l'espace, dont l’importance stratégique sera selon les observateurs, considérablement affaibli, en cas de départ du Mali du G5 Sahel.
☑️ Le communiqué parle d'une formule souple de partenariat entre le Groupe et les partenaires, ce qui signifie que la relation avec le Mali pourra prendre une nouvelle forme dans laquelle il sera en position de partenaire distingué. Cela signifie également d’autres formes de partenariat avec des Etats extrêmement influents dans le Sahel et ses environs géostratégiques dont l’Algérie et peut être le Sénégal ou le Maroc
☑️ La présence allemande à la rencontre de Nouakchott et l’intérêt manifesté récemment par Berlin à la région appréciée est, selon le observateurs, un indicateur d'un rôle stratégique allemand croissant dans une région où le rôle traditionnel de la France est en déclin, exposant les intérêts stratégiques européens à de nombreux défis. Les observateurs estiment que les Allemands sont parmi les plus conscients des pays européens et ont la capacité de les affronter stratégiquement.
Avec des lettres dont certaines sont écrites et d’autres probablement discrètes, la 12e assemblée générale du G5 Sahel a été clôturée par un communiqué ayant tenu à donner l'impression d'une nouvelle vision d'une alliance sur laquelle plusieurs paris sont fondés, afin de contribuer à la consolidation de la sécurité, réaliser le développement dans une zone témoin d'une féroce bataille stratégique, entre les cavaliers de la «guerre stratégique relativement froide » entre Moscou et l'OTAN. Les rédacteurs de la déclaration réussiront-ils à donner suite à cet espoir par un travail de même niveau ??
