
La question n'est plus de savoir s'il y aura un dialogue entre les forces politiques, mais au contraire, de connaitre quand est-ce qu’il aura lieu, quel sera son ordre du jour, dans quelle mesure il sera différent des précédents et quels seront ses résultats, sachant qu'un consensus s'était dégagé avant son lancement sur le fait qu'il n'exclurait personne et qu’aucun sujet ne sera tabou.
Dans le Zoom "Essahraa" de cette semaine, nous avons cherché des réponses à ces interrogations, selon les données et les indicateurs du moment et les prévisions et attentes du futur.
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L’horizon du dialogue
L'annonce officielle du dialogue a été faite au cours d'une cérémonie d’Iftar présidentiel auquel avait participé un certain nombre de dirigeants des partis politiques au pouvoir et de l'opposition. Le leader du mouvement IRA et ancien candidat à la présidentielle, Biram Dah Abeid, était absent à cette rencontre de rupture de jeûne.
Dans le discours prononcé à cette occasion, le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a annoncé le dialogue, affirmant des principes qui semblent incarner les contours du dialogue attendu, tel qu’envisagé par les autorités :
- La situation du pays est bonne et se déroule généralement bien, ce qui revient à dire que le dialogue n’est pas un dialogue de crise.
- Il y a des forces politiques qui veulent le dialogue alors que les concertations sont toujours des faits positifs.
- Aucun sujet n’est tabou lors des pourparlers et la participation est ouverte à tous.
- Il y a un coordinateur du dialogue nommé comme il y a une conception initiale sur la manière de préparer le projet des conclusions (réception des propositions des participants et leur formulation puis leur restitution suivie de l'élaboration d'une conception finale).
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Iftar et contacts
Le président du dialogue désigné, l’homme politique chevronné Moussa Fall, s'est immédiatement lancé dans le programme de préparation dudit dialogue, une semaine après sa nomination et ses contacts ont jusqu'à présent inclus :
- Le leader du mouvement IRA, Biram Dah Abeid, qui lui a offert un iftar, qui semble être un rattrapage de son absence à la rupture de jeûne au palais présidentiel.
- le parti Insaf qui est le parti le plus représenté au parlement
- Le Parti Tawassoul, qui est le parti le plus représenté de l’opposition au parlement
- Le chef du projet du Parti des Forces Progressistes pour le Changement (FPC), Samba Thiam, du fait peut-être qu’il constitue l'une des forces politiques les plus importantes qui n'a pas obtenu de récépissé autorisant son activisme politique, en dépit de sa soumission de demande d’autorisatione depuis un certain temps.
Tant que le slogan du dialogue est qu’il n’exclut personne, il est clair que le programme de communication prendra du temps ; Tout parti politique ou entité de la société civile qui n’aura pas été contacté sera considérée comme ayant été contourné.
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Dialoguer sur quoi ?
Selon les sources "Essahraa", le dialogue portera principalement sur trois questions :
- le dossier de l’unité nationale avec ses deux principaux titres : le passif humanitaire d’une part et l’'esclavage et ses séquelles d’autre part.
2- la démocratie et les améliorations qu’elle nécessite.
3- Le dossier de gouvernance avec la lutte contre la corruption comme objectif central.
Les sources "Essahraa"s’attendent à ce que les résultats des dialogues précédents serviraient de bases, en plus de documents rendus publics dont certains étaient restés circonscrits à des cercles restreints, notamment le dossier du passif humanitaire, pour lequel les commissions avaient déjà préparé des propositions durant le premier mandat de l’actuel président, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani et au cours de l’ère de l'ancien président Sidi Ould Cheikh Abdallahi.
On ne sait pas encore si des questions ayant fait partie de dialogues précédents et pour lesquels l’actuel pouvoir avait déjà adopté des approches et émis des lois, feront l’objet de concertations ou non. Il s’agit fondamentalement ici des deux dossiers de l'éducation et des lois sur les partis.
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Quand est-ce que le dialogue sera lancé ?
Bien que la voie pour le lancement du dialogue soit balisée et claire jusqu’à présent, rendant possible son coup d’envoi immédiatement après le Ramadan, les indiscrétions obtenues par "Essahraa" sur le dossier, révèlent des facteurs qui pourraient entraver son démarrage pendant des semaines et peut-être des mois ;
Les plus importants de ces facteurs sont :
- Aucune position n'a encore été émise par le candidat à la présidentielle arrivé second aux dernières élections, Biram Dah Abeid.
- la demande du parti qui dirige l’opposition Tawassoul de préalables du dialogue et d’une gestion participative.
- Annonce de plusieurs jeunes figures de l'opposition de leure boycott du dialogue. Il s'agit ici des députés Mohamed Lemine Sidi Mouloud, Khally Diallo, Yahya Ould Loud et Mohamed Bouya.
- Il existe de fortes réserves au sein des partis au pouvoir concernant certains dossiers inscrits à l’agenda pour discussion, notamment la question du passif humanitaire. Ces réserves avaient été clairement exprimées auparavant par le parti Islah, considéré comme le troisième parti le plus important soutenant le président Ghazouani.
Les expériences des dialogues précédents montrent que leur revendication était exprimée par tous et que leur annonce ne signifie pas nécessairement que cela se fera en douceur et sans complications.
Le présent dialogue constitue-t-il une exception à cette règle ou est-il au contraire une preuve de plus de leur ancrage et de leur mise en œuvre ?
Attendons et voyons qu’en sera-t-il ?