Le troisième gouvernement du président Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani a été enfin annoncé, après des mois d'attente et de spéculation, contredisant des perspectives supposées par certains observateurs et renforçant des prévisions faites par d’autres analystes.
Toutefois et c’est le plus important, le gouvernement déclaré était porteur de messages explicitant fortement les enjeux et l'avenir du pouvoir politique à l'approche de sa troisième année et par conséquent, le début du compte à rebours des échéances politiques et électorales les plus importants depuis 2019.
Nous tenterons dans le “Zoom Essahraa de cette semaine", de nous focaliser sur l'image afin de percevoir les dimensions de ces messages et leurs impacts visibles et probables sur la scène nationale, y compris celles qui ont des chevauchements avec les scènes régionales et internationales.
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Du et vers le Cabinet
La sortie de l'administrateur, Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lemine, de la direction du Cabinet de la Présidence est incontestablement, la nouveauté la plus marquante du troisième gouvernement, voire, le fait le plus important depuis l’arrivée au pouvoir du Ghazouani à l'automne 2019, selon l’observateur averti de la scène politique nationale.
✅ L'homme, l’unique à apparaitre avec le président après l’annonce de sa candidature et qui l’avait accompagné dans sa tournée d’information préparatoire de la campagne, est perçu, tant par les partisans du pouvoir que par ses opposants, comme l’homme puissant du pouvoir et l’homme de confiance.
✅ Sa sortie intervient dans une conjoncture caractérisée par une concurrence forte qui fait rage dans les couloirs du pouvoir sur plus d'un front et sur plus d'une question ; ce qui lui donne plus d'importance et suscite des interrogations sur ces rivalités intestines.
Est-il sorti, suivant un choix du président lié à d'autres développements nationaux et régionaux dans ses nouvelles fonctions (nous reviendrons ultérieurement sur sujet), ou s’agit-il d’une contrainte imposée par la stridence des tiraillements, le sentiment du président du prix exorbitant à consentir, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, du maintien d’un homme loyal près de lui. Pour cela, "prendre de la distance" pour dissiper les ondes de mécontentement et de tension, était inévitable.
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Du parti vers le palais
Le deuxième message le plus important sur la nouvelle scène gouvernementale est peut-être celui qui a porté Dr Yahya Ould Ahmed Waghef, largement considéré comme l'un des éléments les plus importants de la direction du parti au pouvoir,au poste de Ministre Secrétariat Général de la Présidence. Une étape venue couronner le rôle principal de l'homme issu du camp de l'opposition, qui jouit désormais d’un poste confortant sa place dans la planification du projet politique du régime du Président Ghazouani. Une fonction pour laquelle il est, tant pour les opposants que pour les partisans de l'homme, le mieux habilité.
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Confiance restreinte
Le sentiment d’insatisfaction régulièrement manifesté par le président Ghazouani au cours de ses nombreuses sorties, quant aux contreperformances du gouvernement et clairement explicité au cours de son discours prononcé au palais des congrès, à la veille de la démission du gouvernement, signifiait, selon la lecture de la plupart des impressions faites ici et là par l’opinion publique, le remplacement du Premier ministre Mohamed Ould Bilal.
Mais, ces calculs politiques se sont avérés erronés, après le renouvellement du Président de sa confiance à l’ingénieur silencieux, originaire de la wilaya du Trarza. Toutefois, il semble qu’il s’agit, compte-tenu des facteurs suivants, d’une confiance restreinte :
✔️ Les changements ont touché plus de la moitié du staff gouvernemental et tous les ministères de souveraineté et de services.
✔️ Un certain nombre de ses adversaires farouches ont été reconduits dans la nouvelle équipe ; ce qui écarte la jouissance de Ould Bilal d’une confiance globale et à fortiori d’une confiance exclusive.
La photo de famille prise par le président et les membres de son troisième gouvernement peut être perçue aussi comme un message, selon lequel, les défis de l’heure requièrent l'apparition de tous et la conjugaison des efforts de tous.
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Grosso modo
Sans se lancer dans la lecture des biographies des nouveaux responsables des portefeuilles ministériels du troisième gouvernement du Président Ould Ghazouani, de leurs parcours politiques et de leurs singularités communautaires, on peut dire que c'est un gouvernement qui reflète les caractéristiques d'une future scène nationale tridimensionnelle :
- Il rappelle les élections et veut commencer à les préparer. Confier le ministère de l’intérieur au Directeur du Cabinet en est l'expression la plus claire.
- Concerné par le renforcement plus poussé du partenariat avec d'importants alliés extérieurs; Ce qui se traduit par le départ du ministre des Affaires étrangères vers la direction du cabinet,
- Poursuit le changement de l'image extérieure de la Mauritanie en chargeant l’ex ministre de l'intérieur de diriger le ministère des affaires étrangères.
Ce sont donc ces facteurs conjugués en autres, qui avaient retardé longuement le remaniement ministériel. Comme c’est de règle et comme prévu, les positions sur le nouveau gouvernement ont été divergentes.
Mais force est de constater que pour les décideurs politiques du pouvoir, il s'agit peut-être du remaniement le plus important de l'histoire de l’actuel mandat du président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Les impacts qui en résulteront feront-ils à la hauteur de ses attentes et de ses prévisions... ? ? It s the question
زوم الصحراء (13).. رسائل الحكومة الثالثة