Considéré comme crucial pour l'accord de paix de 2015, le vote a été marqué dimanche 29 juillet dans plusieurs zones du nord et du centre par des attaques jihadistes présumées et une faible affluence. Des attaques armées et d'autres actes violents ont perturbé les opérations de vote dans 4.632 bureaux, dont 644 n'ont pu ouvrir leurs portes, selon les chiffres du ministère.
Au même moment, à moins de 200 m de distance, l'équipe du président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta, et celle du candidat de l'opposition le plus en vue, Soumaïla Cissé, s'adressaient à la presse à ACI 2000, le quartier d'affaires de Bamako. Près 8,5 millions de Maliens sont appelés aux urnes pour départager les 24 candidats.
La communauté internationale, présente militairement avec la force française Barkhane, qui a pris le relais de l'opération Serval déclenchée en 2013 contre les jihadistes, et avec les Casques bleus de l'ONU, attend du vainqueur une relance de l'accord de paix signé en 2015 par le camp gouvernemental et l'ex-rébellion à dominante touareg, dont l'application accumule les retards. Les quelque 23.000 bureaux de vote sont ouverts de 08H00 à 18H00 (locales et GMT), les premiers résultats étant attendus dans les 48 heures, les résultats officiels provisoires le 3 août au plus tard, avant un éventuel second tour le 12 août. Si les élections de 2013 ont permis de "rétablir l'ordre constitutionnel", celles de 2018 représentent pour les Maliens le "défi" de prouver que "le processus démocratique est irréversible", avait auparavant affirmé le chef de la mission de l'ONU au Mali (Minusma), Mahamat Saleh Annadif, en soulignant que la situation du pays restait "fragile".
Dans le Nord, où l'État est peu ou pas présent, notamment à Kidal (nord-est), bastion de l'ex-rébellion, les groupes armés signataires de l'accord participent également à la sécurisation du vote. Dans 3% des bureaux, aucun vote n'a pu être enregistré, a précisé le ministère de l'Administration territoriale. Hémorragie de clients pour les forfaits bon marché — Iliad (Free) Dans cette région, "les forces de sécurité sont plutôt concentrées dans les centres urbains qu'en milieu rural", a expliqué un responsable de la société civile de Tombouctou, Yehia Tandina.
"Dans la soirée, la chef de la mission d'observation électorale européenne, Cécile Kyenge, a réitéré l'exigence aux autorités maliennes de " publier la liste des bureaux où le vote n'a pas pu avoir lieu", insistant sur l'importance de la " transparence " et de " l'intégrité " du scrutin.
L'opposition malienne, qui dénonçait un risque de fraude, a fini par s'entendre samedi avec le gouvernement au sujet du fichier électoral, levant l'une des hypothèques pesant sur le scrutin. Les djihadistes s'invitent dans la campagne. Le président malien, Ibrahim Boubacar Kéïta dit IBK, candidat à sa propre succession, "arrive largement en tête" des suffrages exprimés lors de la présidentielle de dimanche, a annoncé lundi sa coalition, Ensemble pour le Mali (EPM), évoquant "les premiers résultats" de son "système de centralisation". Le gouverneur de Mopti, dans le centre du pays, le général Sidi Alassane Touré, s'est dit " très optimiste " sur la participation dans cette région, au regard du taux de retrait des cartes d'électeurs qu'elle affiche, légèrement supérieur à la moyenne nationale de 74,5 %.