Les délais de révision des listes de candidats aux élections du 13 mai ont expiré. Du coup, la carte de la course prendra sa forme définitive, laissant la scène s’engager inéluctablement dans la phase du dernier quart d'heure avant le coup de sifflet de lancement de la campagne électorale dans la semaine suivant l'Aïd Al-Fitr.
Et comme nous l'avons observé et prévu dans un précédent épisode de Zoom Essahraa, il est devenu plus certain que le phénomène du mécontentement sera l’une des caractéristiques les plus marquantes et les plus influentes de la saison électorale en cours.
Les limites de cette influence et ses répercussions sont l’objet de notre présent Zoom, avec la mise en exergue de voix partisanes qui insistent sur la discipline, tandis que d'autres mettent en garde contre les conséquences et vont même jusqu’à exiger le report des élections.
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Peur sur la majorité
L'essentiel du phénomène de colère se trouve du côté de la Majorité. Un fait qui tient sur le constat selon lequel, ces partis réussiront mieux en se fondant sur leur parti qu’en misant sur d’autres. C'est ce qui fait que la discussion au sujet de cette Majorité fait rage principalement dans l'allégeance, même si elle est présente dans les rangs des partis d'opposition (nous en parlons dans un prochain épisode).
La discussion tourne alors autour des probables effets du phénomène sur le parti au pouvoir à plusieurs niveaux :
✔️ Ses résultats au niveau national à travers des listes nationales à cause, disent les mécontents, de la domination d'un parti sur un autre et la suprématie accordée à des nouveaux venus sur d’anciens partisans.
✔️ l’éventualité que le Parti d’Insaf n'obtienne pas à lui seul la majorité parlementaire nécessaire pour valider le programme du gouvernement ; Ce qui le rendra à la merci des exigences et des aspirations des autres partis qui étaient dans la majorité ou désireux peut-être de la rejoindre après les élections.
✔️ Augmentation des tensions aux plans national et local, dans les rangs des blocs soutenant le président Ghazouani, à un an des élections présidentielles, où il est supposé que lui et ses partisans veulent qu'il y soit plébiscité dès le premier tour
Contrairement à cette vision pessimiste émanant des dépités, ceux qui contrôlent le processus politique au niveau du pouvoir, qui brandissent le mot d'ordre de la discipline et le défendent strictement, voient que le résultat final sera positif, car ;
✔️ Le Parti Insaf maintiendra sa majorité confortable dans les listes nationales ; Et dans les circonscriptions locales et par conséquent n’aura besoin, d'aucun autre parti pour donner au prochain gouvernement la confiance parlementaire.
✔️ La démocratie prendra un nouveau visage, plus pluraliste ; Que ce soit au sein des partisans ou de l'opposition, c'est ce que le pouvoir peut considérer comme l'une des distinctions apportées à la vie politique.
✔️ l'opportunité sera donnée au terrain pour montrer les poids réels des concurrents avant les élections présidentielles, permettant à ceux qui le souhaitent de participer à la course présidentielle de se fonder sur des données actualisées des cartes nationales et locales.
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Peur dans l'opposition
Si le débat au sein des partisans portait sur la peur sur la majorité de perdre et de se fragmenter, la psychose dans les rangs de l'opposition serait de reculer de manière à perdre sa capacité d'influence et que le niveau d'équilibre minimal face défaut à la scène politique nationale en général.
Le phénomène de colère dans les rangs de l'opposition peut être observé clairement dans les partis Tawassoul et le RFD, et dans une moindre mesure dans d'autres partis :
✔️ Au Parti du courant islamique, son président fondateur, le professeur Muhammad Jemil Ould Mansour, a annoncé qu'il prendra ses distances avec Tawassoul dès l'annonce de ses listes nationales, évoquant de profonds disfonctionnements dans la prise en considération de la diversité sociétale et régionale. D’anciens députés du parti avaient également annoncé leur départ de Tawassoul, décidant de participer actuellement à ces consultations, sous la houlette d'autres partis.
✔️ Le même constat s’applique presque sur le parti du RFD, dans lequel l'ancienne leader, Mouna Mint Deye, a accusé des parties au sein de cette formation de détourner et même de falsifier la décision.
En général, les mécontents au sein de l’opposition voient que le phénomène augure :
✔️ Plus de faiblesse dans les rangs de l'opposition, déjà épuisée par des décennies de marginalisation de l'influence politique alors que certains mettent en garde contre une situation qui pourrait conduire à la sortie définitive du "service" politique.
✔️ baisse de la capacité des forces de l'opposition à convaincre de l’investiture d’un candidat pour concourir à la présidentielle de 2024.
Mais un autre point de vue dans l'arène de l'opposition estime que :
✔️ Les résultats des prochaines élections renforceront la voie de la transition au sein de l'opposition et cette mutation très tardive servira l'opposition en particulier et le pays et sa démocratie en général.
✔️ les résultats aideront l'opposition à connaître son existence réelle, pour ouvrir la voix de la participation ou non, un an avant le scrutin présidentiel sur la base de preuves, afin que ceux qui veulent participer puissent y aller en connaissance de cause, et ceux qui se rétractent le fassent pour des raisons objectives.
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Peu importe..?
Il est devenu probable que le "phénomène de la colère" aura des effets profonds sur la scène à venir à travers :
☑️ Les députés que nous avons connus partisans dans le Parlement passé, que nous verrons tous ou leur moitié en opposition et des députés que nous avons connus comme étant des opposants, se trouvant désormais aux premières loges des partisans.
☑️ Des partis qui étaient à l'extérieur de la houlette du parlement que nous verrons présents avec un nombre important, bénéficiant principalement des affluents des mécontents
☑️ Des partis qui sont restés depuis des décennies à l’avant-garde de la scène politique, que nous verrons se retirer définitivement du service ou battre en retraite, laissant place à des forces montantes en raison de plusieurs facteurs, dont le mécontentement n’est pas le moindre.