Tournée présidentielle au Guidimagha: Aziz boxe une opposition KO assise

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mar, 2015-06-16 19:44

Le président Aziz signe une énième sortie virulente contre l’opposition, qualifiant ses leaders de«pêcheurs en eau trouble, tout juste bons à comploter contre la Nation et l’unité de son peuple». 

C’était lors de sa première visite auGuidimagha, entamée mardi 9 juin dernier et qu’il sillonne ces jours-ci dans la même ferveur, avec des populations menées en moutons de Panurge par une armée de cadres locaux, d’élus et de notabilités bien inspirés dans leurs courses vers les faveurs d’une République désormais bradée au rabais. Et certains de se demander «à qui parle Aziz, puisqu’il n’y a plus d’opposition dans ce pays ?»
Le président Mohamed Abdel Aziz est arrivé mardi 9 juin 2015 à Sélibaby, capitale du Guidimagha, un jour après avoir bouclé un large circuit qui l’a mené une semaine durant dans les différentes villes et contrées du Trarza. Même engouement populaire, même débordement de foules criant à l’hystérie derrière le cortège présidentiel, mêmes figures de cadres, d’élus et de notables, suant sous la chaleur torride de l’été pour une poignée de mains. 

Enfin, ce sont les mêmes demandes pour un troisième mandat, pour une présidence à vie. De plus en plus, Mohamed Abdel Aziz semble se plaire à ce vague d’enthousiasme qui fait de lui, l’homme indispensable dont la Mauritanie a besoin pour l’éternité. 

Ici, comme au Trarza et partout dans les autres régions qu’il a visitées, cette insistance des laudateurs à le porter au Panthéon du pouvoir absolu, semble lui plaire. Il sourit de plus en plus à l’idée. Pourquoi pas ? Car, il n’y a pas de concurrence.

En effet, le champ est libre, dégagé et balisé pour qu’il meurt sur le fauteuil présidentiel. Un éminent cadre, Ould Iyahi, disait dans une sortie que «la Constitution n’est pas le Coran». Donc, elle peut être tripatouillée et remodelée pour permettre à Mohamed Abdel Aziz de se renouveler ad aeternam. Qui peut l’en empêcher ? 

L’opposition ? N’a-t-elle pas été chassée du champ politique, rapetissée et réduite à un simple secrétariat public tout juste bon à égrener des communiqués entre deux ronflements, douillettement calfeutrée dans ses doux manoirs ? La communauté internationale ? Elle applaudira des deux mains si Aziz se proclame Roi de la Mauritanie, pourvu que les intérêts géostratégiques et économiques des puissances qui la composent soient préservés.

Le président gambien, Yahya Jammeh, entre autres exemples, exécute à la chaîne ses opposants, et s’est même payé le luxe de renvoyer un haut fonctionnaire de l’Union Européenne de son pays. L’Europe a-t-elle bougé ? La communauté internationale a-t-elle crié au scandale ? Que nenni.

Les occidentaux ne protègent que leurs dividendes et s’en foutent que des défenseurs des droits de l’homme se fassent écrouer impunément ou qu’un Chef d’Etat africain zigouille ses citoyens.

Ainsi, le président Aziz peut se pavaner en toute tranquillité à travers laMauritanie et prendre des bains de foule. Car, hormis quelques mouvements peu structurés, acculés et diabolisés qui lui tiennent tête, l’opposition professionnelle a longtemps rendu le tablier et démissionné de ses missions historiques. Elle a déserté le champ politique, se contentant de compter les années qui restent àMohamed Abdel Aziz, sans se rendre compte que ce n’est pas demain la veille, car Aziz compte rester au pouvoir. Ce sentiment est aujourd’hui largement partagé par la rue mauritanienne, déçue par la couardise d’un «FNDU tigre en papier» qui a livré le pays et ses institutions à un régime qui peut désormais régner à titre absolu.

La dernière sortie de l’opposition date en effet d’il y a un an. Après avoir raté toutes ses intrigues, «Printemps arabes», balle de Tweïla, balle du fils Bedr, Ghanagate, affaire Noël Mamère, scandales politico-financiers supposés de la famille régnante, l’opposition perdra toutes ses batailles politiques, une à une, les législatives et municipales de 2013, la présidentielle de 2014, des Sénateurs à vie…

L’opposition se fera même ridiculiser, au détour de deux mini dialogues vite écourtés par le pouvoir, à la veille des législatives de 2013 et à la veille de la présidentielle de 2014. Le régime y a mis fin après s’être bien marré de la tête de turc de leaders sans imagination et sans courage, qui croyaient pouvoir imposer leurs points de vue. La même rigolade est aujourd’hui reprise avec un dialogue que le pouvoir prend comme une sorte de récréation. Un théâtre populaire pour rire de l’opposition et de ses leaders que l’on mène en bateau et qu’on laisse ensuite en rade, haletant derrière une éventuelle porte d’entrée à ouvrir.

Des cadavres, rien que des cadavres ! C’est ce que le FNDU sort en perpétuité de ces placards putrides, ne réussissant que la prouesse d’inscrire ses actions dans le Guiness de la plus nulle opposition dans l’histoire politique au monde. Ainsi,Mohamed Abdel Aziz a réussi là où tous ces prédécesseurs avaient échoué, en muselant une opposition radicale qui ne vit plus que sur les vestiges de combats dont il ne reste que de sordides reliques, que la postérité à d’ailleurs vite oubliées.

Si Mohamed Abdel Aziz est peu instruit et compte moins de background en matière politique, il a cependant fermé le caquet à ceux qui se croyaient professionnels dans cet art. Aujourd’hui, les Ahmed Daddah et les Mohamed Mawloud, semblent avoir épuisé tout leur répertoire professionnel. Assagis, vaincus, molestés et décrédibilisés sur le plan populaire et international, ils ont baissé les bras et se sont fait oubliés.

Tant mieux, s’ils ont perdu leur verve des années de plomb, aux plus chauds moments de l’ère Taya où ils avaient bravé les matraques, les emprisonnements, les procès politiques…En refusant de se sacrifier pour la postérité, le peuple les a oubliés, leurs militants s’effeuillent dans un sauve-qui peut pathétique, pour rejoindre les prairies moins tristes et plus luxuriantes de la majorité au pouvoir.

Cheikh Aïdara 

 

L'Authentique